Mali : Des hommes armés ont quasiment rasé un village et tué au moins 95 personnes

Dans la nuit du 9 au 10 juin, des hommes armés ont encerclé le village dogon de Sobanekou, qui, situé dans le cercle de Bandiagara [région de Mopti, Mali], comptait environ 300 habitants. Ces derniers, ayant cru avoir affaire à des voleurs de bétails, se sont réfugiés dans leurs cases. Mais telle n’était pas l’intention des assaillants.

En effet, selon le témoignage fait par une source locale à l’AFP, ces hommes armés « sont venus tirer, piller et brûler ». Ils ont ainsi mis le feu aux habitations et abattu les malheureux qui tentaient de fuir les flammes. Le bilan est terrible : pour le moment, il est fait état de 95 tués et d’au moins un vingtaine de disparus. Et de nombreux corps calcinés sont difficilement identifiables.

« Tout est à moitié calciné dans ce village de 300 habitants. On a même des témoignages qui disent que ce sont les Peuls qui sont venus. Ils ont encerclé le village et ils ont commencé à tirer. Quand les gens sont arrivés dans leurs maisons, ils ont mis le feu », a raconté un élu local à RFI.

« On ne connaît pas encore les mécanismes qui ont conduit à ce drame, donc il faut être prudent », a confié un haut responsable malien. Cependant, cette attaque fait écho à celle qui, attribuée à la groupe d’autodéfense Dogon « Dan Na Ambassagou », fit plus de 160 tués parmi la communauté Peule à Ogossagou, le 23 mars dernier, dans la même région.

Depuis plusieurs mois, les tensions entre, d’un côté, les Dogons et les Bambaras, et, de l’autre, les Peuls, se sont intensifiées dans le centre du Mali. Et la Katiba Macina, l’organisation pe jihadiste affiliée au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM] dirigé par Amadoun Koufa, ne manque pas de souffler sur les braises, ce qui lui permet de recrutement plus facilement des combattants peuls, auxquels elle s’adresse principalement.

En mai 2018, deux groupes d’autodéfense ont vu le jour : Dan Na Ambassagou pour les Dogons et l’Alliance pour le salut du Sahel [ASS], qui s’est donné pour objectif de défendre les Peuls du Mali et du Burkina Faso. Le premier a été dissous par le gouvernement malien après le massacre d’Ogossagou.

Quoi qu’il en soit, les violences entre les deux communautés ont donné lieu, en 2018, à une soixantaine d’attaques qui ont fait plus de 500 tués. En outre, les Peuls étant volontiers assimilés aux groupes jihadistes qui sévissent dans la région, les autorités maliennes ont régulièrement été accusées de fermer les yeux sur les exactions commises par les Dogons.

Cependant, un rapport publié en décembre 2018 par l’ONG Human Rights Watch documente « le meurtre de 46 villageois dogons au cours de 16 attaques qui auraient été menées par des groupes islamistes armés avec le renfort de groupes d’autodéfense peuls » et cite, notamment, l’exécution d’un marabout, le meurtre de plusieurs villageois partis chercher du bois, et le meurtre d’autres villageois brûlés vifs lors de l’attaque de leur village. » Et de souligner qu’au moins 10 Dogons ont été tués, en 2018, par des « engins explosifs improvisés qui semblent avoir été mis en place par des islamistes armés. »

Photo : archive

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