Industrie : Les géants américains United Technologies et Raytheon annoncent leur fusion

Dans les années 1990, et anticipant une baisse des dépenses militaires, l’industrie américaine de l’armement s’est consolidée, avec un vaste mouvement de rachats et de fusions [division « avions militaires » de General Dynamics rachetée par Lockheed-Martin en 1993, McDonnell Douglas absorbé par Boeing, fusion de Grumman avec Northrop, etc].

Encouragée par l’administration Clinton, cette consolidation, parfois douloureuse, donna lieu à une baisse de la concurrence [et donc à une hausse des prix] mais aussi à une diversification des groupes concernés.

Le contexte est actuellement tout autre, étant donné que les dépenses militaires américaines dépassent les 700 milliards de dollars. Et pourtant, d’autres mouvements ont eu lieu ces dernières années, comme par exemple avec le rachat, par Lockheed-Martin, de Sikorky qui appartenait alors au groupe United Technologies. Et ce dernier mit la main, deux ans plus tard, sur Rockwell Collins pour 30 milliards de dollars.

Mais ce n’est pas fini. En effet, le 9 juin, United Technology, qui a l’intention de se recentrer sur ses activités liées à la défense et au secteur aéropatial civil, et Raytheon ont annoncé leur intention de fusionner. Le nouvel ensemble pèsera plus de 85 milliards de dollars en Bourse, pour un chiffre d’affaires global de 74 milliards de dollars.

Cette opération « créera un fournisseur de systèmes de premier plan doté de technologies de pointe pour répondre à la croissance rapide des segments de l’aérospatiale et de la défense », ont fait valoir les deux groupes, via un communiqué conjoint.

Si, avec Pratt&Whitney, il est le fournisseur des moteurs F-135 qui équipent les F-35 de Lockheed-Martin, United Technologuies est surtout présent sur le marché de l’aéronautique civile tandis que l’activité de Raytheon [missiles Tomahawk, Patriot et AMRAAM] est tournée vers le secteur militaire.

« Cet accord avec United Technologies lui permettra ainsi à Raytheon de se diversifier dans le civil et d’être ainsi moins subordonné aux aléas de la commande publique. Inversement, United Technologies pourra réduire son exposition à l’aéronautique civile, qui pourrait pâtir des tensions commerciales internationales actuelles et de la montée du protectionnisme », expliquent les analystes boursiers.

Cette fusion se fera par échange d’actions, les actionnaires de Raytheon devant recevoir 2,3348 actions du nouvel ensemble pour chaque titre Raytheon qu’ils détiennent. À l’issue, les actionnaires de d’United Technologies auront 57% du nouveau groupe, qui s’appellera « Raytheon Technologies Corporation ». L’opération devrait être finalisée au cours du premier semestre 2020.

En 2018, Raytheon a réalisé un bénéfice net de 3 milliards de dollars pour un chiffre d’affaires de 27 milliards de dollars. Dans le même temps, United Technologies, en prenant en compte ses activités purement civiles [Otis et Carrier, deux filiales qui redeviendront indépendantes], a enregistré 66,5 milliards de dollars de recettes, pour un bénéfice net de 5,3 milliards. D’après les deux groupes, leur fusion pourrait générer un milliard de dollars d’économies… à partie de la quatrième année.

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