La furtivité ne sera pas le principal atout du futur avion de combat du programme européen SCAF

Plusieurs images, diffusées subrepticement par Dassault Aviation et ouvertement par le ministère des Armées, donnent une idée de ce que pourrait être le « New Generation Fighter » [NGF], c’est à dire l’avion de combat que sera au centre du Système de combat aérien du futur [SCAF], un programme dirigé par la France, en partenariat avec l’Allemagne et l’Espagne.

Le conditionnel est en effet de mise dans la mesure où, pour le moment, on en est à la phase d’étude. Et beaucoup de choses seront susceptibles de changer d’ici 2040, quand ce futur appareil entrera en service. Ainsi, par exemple, l’absence de dérive est « peu probable ». C’est en effet ce qu’explique un aérodynamicien dans le hors-série publié par Science & Vie à l’occasion du prochain salon de l’aéronautique et de l’espace du Bourget.

« Enlever la ou les dérives, c’est bon pour la furtivité. Mais cela se paie cher en termes de manoeuvrabilité », estime cet expert. En effet, un drone de combat peut être piloté au-delà de 12 ou 15° d’incidence alors qu’un chasseur-bombardier doit pouvoir monter à plus de 45°, souligne Science & Vie. Et la poussée vectorielle sera insuffisante [le Su-35 qui en est doté a deux dérives…] de même que le contrôle via des gouvernes dites « crocodiles », qui serait insuffisant pour un tel appareil.

Quoi qu’il en soit, il n’est pas question de « tout miser sur la furtivité », assure le général Philippe Lavigne, le chef d’état-major de l’armée de l’Air [CEMAA], dans un entretien donné au magazine Air & Cosmos.

« Il est important de comprendre que nous devons être forts dans tous les domaines. Il est nécessaire de développer la haute furtivité. Cela ne veut pas dire que nous miserons tout sur la furtivité. Si nous sommes meilleurs à la fois en brouillage, en saturation et en transmission, nous serons meilleurs au final que nos adversaires. Personne ne peut dire aujoud’hui quel sera l’état de l’art en matière de technologies en 2040 ou en 2060. Les études réalisées ces dernières années nous permettront de progresser dans ce domaine. Et nous devrons continuer à le faire », a expliqué le général Lavigne.

Ce qui vaut, par ailleurs, aussi pour le planeur hypersonique V-MAX [pour Véhicule Manoeuvrant Expérimental], dont le développement a été annoncé par la ministre des Armées, Florence Parly, en janvier. Comme pour la furtivité, les travaux qui seront effectués permettront « d’identifier l’intérêt que nous pourrions avoir à détenir ce type d’effecteur, mais également pour comprendre quelles défenses nous devons mettre en place pour contrer cette menace », a précisé le CEMAA.

Quant au NGF, il sera un « vecteur capable de recevoir une grande quantité d’informations […] utiles pour gagner la ‘guerre des opportunités’, c’est à dire engager les moyens les plus adaptés lorsqu’il y a une faille dans le dispositif ennemi : un avion, un missile, un drone ou autre chose », souligne le général Lavigne.

Et, plus généralement, le SCAF, qui mettra donc en réseau plusieurs types d’appareils, devra surtout être en mesure de détecter les menaces adverses [notamment furtives, grâce à l’infrarouge] et de « brouiller et saturer les défenses aériennes adverses », ce qui pourrait passer, dit le CEMAA, par des « essaims de drones. »

Lors d’une récente audition à l’Assemblée nationale, le général Lavigne avait aussi souligné l’importance de « pouvoir saisir la moindre opportunité, de lutter contre la furtivité de certains équipements et de lutter contre l’allonge de certains missiles ennemis. » Pour cela, avait-il continué, « des équipements de type drones qui pourront voler dans les lignes ennemies et récupérer de l’information » pourraient ainsi être mis en oeuvre.

En outre, s’agissant de la furtivité, le CEMAA avait rappelé qu’un avion « est furtif quand on est en face à face mais quand on arrive à passer à l’arrière de celui-ci, on est capable de récupérer sa chaleur et donc sa signature infrarouge. »

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]