Washington subventionne six pays européens pour qu’ils se débarrassent de leurs matériels militaires russes

Les forces armées de plusieurs pays européens, pour certains membres de l’Otan et/ou de l’Union européenne [UE] , mettent encore en oeuvre des équipements militaire hérités de la période soviétique. Ce qui n’est pas toujours simple pour ce qui concerne l’interopérabilité.

D’où l’initiative prise par l’administration Trump, qui consiste à accorder des subventions à quelques uns de ces pays afin de les inciter à se débarrasser de leurs équipements à la fois anciens et de facture russe. Appelée « European Recapitalization Incentive Program » [ERIP], elle est dotée d’une enveloppe de 190 millions de dollars.

Le magazine spécialisé Defense News précise que ce « nouvel outil » a été élaboré par le département d’État et le commandement militaire américain pour l’Europe [US EUCOM]. Pour le moment, six pays sont concernés : la Bosnie-Herzégovine [qui n’est membre ni de l’Otan, ni de l’UE], la Macédoine du Nord [processus d’adhésion à l’Otan en cours], l’Albanie [membre de l’Otan et processus d’adhésion à l’UE en cours], la Croatie, la Slovaquie et… la Grèce [membres de l’Otan et de l’UE].

Curieusement, l’Ukraine ne figure pas sur cette liste, pas plus que la Géorgie… Sans doute s’agit-il de ne pas froisser davantage Moscou. À moins que ces deux pays soient prochainement concernés étant donné que l’ERIP pourrait être étendu à d’autres alliés des États-Unis… La Hongrie, la Pologne, la République tchèque ainsi que les États baltes sont cités.

Pour Washington, le calcul est simple : grâce à cette initiative, les pays bénéficiaires sont donc incités à moderniser leurs forces armées tout en étant en quelque sorte encouragés à se tourner vers l’industrie américaine. Résultat : il n’y aura plus besoin de sous-traitants russes sur les bases de l’Otan pour soutenir leurs anciens équipements et l’interopérabilité ne pourra qu’être renforcée. En outre, les États-Unis gagnent en influence, comme dans les Balkans.

Évidemment, le montant de l’aide accordée à chacun de ces six pays est trop modeste pour envisager des achats importants. Mais l’idée est de leur mettre le pied à l’étrier… Par exemple, si l’un d’eux commande seulement 4 hélicoptères auprès d’un industriel américain avec la subvention qui lui a été accordée, il n’aura pas l’intention de se tourner vers une autre fournisseur quand il s’agira de passer à la vitesse supérieure.

Selon l’International Institute for Strategic Studies [IISS], cité par Defense News, les subventions allouées sont plus en moins importantes en fonction des priorités et des capacités de chaque pays. Ainsi, la Slovaquie aurait bénéficié de 50 millions de dollars pour remplacer ses hélicoptères multi-rôles Mi-17 tandis que la Grèce et la Croatie auraient reçu 25 millions chacune pour retirer du service leurs véhicules blindés BMP-1 et BVP M-80.

Reste que ce programme a un autre effet : celui d’écarter les industriels européens de marchés potentiels. D’où l’importance de Coopération structurée permanente [CSP/PESCO] et du Fonds européen de Défense [FEDef], ce dernier ne devant pas bénéficier aux groupes américains.

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