Le système français SCORPION peut-il devenir le standard européen pour le combat infovalorisé?
La semaine passée, et après le Sénat, l’Assemblée nationale a adopté l’accord de coopération avec la Belgique dans le domaine de la mobilité terrestre. En clair, il s’agissait d’approuver le contrat CaMo [Capacité Motorisée] qui, d’un montant de 1,6 milliard d’euros, vise à livrer 382 Véhicules blindés multi-rôles Griffon et 60 Engins blindés de reconnaissance et de combat Jaguar à la Défense belge.
Pour rappel, ce contrat va au-delà de la livraison de Griffon et de Jaguar puisque la Belgique et la France ont aussi convenu d’établir un partenariat stratégique dans le domaine des blindés médians, incluant un volet opérationnel ainsi que la maintenance. Ce qui veut dire que la composante terrestre belge et l’armée de Terre auront une même doctrine d’emploi ainsi qu’un système de formation commun. Et donc dans le cadre du programme français SCORPION [Synergie du contact renforcée par la polyvalence et l’infovalorisation] qui, plus que le renouvellement des blindés, établit un nouveau standard en matière de combat collobaratif, infocentré et infovalisé.
Ainsi, une compagnie française et une compagnie belge pourront être parfaitement interopérables et sans préparation spécifique dans un bataillon belge ou une brigade française. En matière d’interopérabilité, on n’a sans doute jamais été aussi loin puisque cela dépasse même les critères de l’Otan. Du moins dans le domaine terrestre.
Or, pour une fois qu’un accord intergouvernemental sur une vente d’équipements militaires était soumise à l’examen du Parlement, le débat sur le contrat CaMo a fait l’objet d’une « motion de rejet préalable » déposée par le groupe de La France Insoumise [LFI]. Et l’argumentation développée à cette occasion par le député Bastien Lachaud a surtout visé les avions américains F-35A choisis par la Belgique pour remplacer ses F-16. On était alors à quelques jours des élections européennes. Ceci expliquant cela…
Car le contrat CaMo peut être une chance, justement, pour faire avancer la défense européenne. C’est, en tout cas, ce que pense le député Jean-Charles Larsonneur, rapporteur pour avis sur le projet de loi concernant cet accord franco-belge au nom de la commission de la Défense.
« Le programme CaMo marquera un progrès dans l’interopérabilité des forces terrestres européennes. Certes, l’Otan a élaboré des normes d’interopérabilité, mais celles-ci ne concernent pas les niveaux hiérarchiques inférieurs à la brigade. Or l’interopérabilité à des niveaux moins élevés revêt un enjeu de plus en plus crucial sous l’effet de deux tendances », comme la « numérisation croissante des moyens de combat terrestre » et la « fréquence des opérations conduites en coalition avec agrégation de forces nationales de format réduit, particulièrement pour les missions de l’Union européenne, dont le volume dépasse rarement celui d’un GTIA [*] », écrit M. Larsonneur.
À ce titre, et selon le général Charles Beaudouin, chargé des plans et des programmes de l’état-major de l’armée de Terre, la France pousse en faveur d’une « norme d’interopérabilité qui prévoie des passerelles à des niveaux hiérarchiques inférieurs à celui de la brigade ». Aussi, estime le député, « l’accord franco-belge peut être vu comme créant un standard d’interopérabilité à un niveau inférieur au GTIA. »
D’autant plus que la France a un train d’avance dans le domaine de l’infovalorisation et que le système SCORPION a déjà obtenu un premier succès à l’exportation avant même d’être mis en oeuvre par l’armée de Terre. Pour M. Larsonneur, cela donne « toutes ses chances à ce système pour être retenu comme le standard du combat collaboratif parmi un nombre significatif d’Européens. »
Rapporteur pour avis au nom de la commission des Affaires étrangères, le député Jacques Maire fait le même constant que M. Larsonneur. En effet, estime-t-il, « l’acquisition d’équipements identiques peut être un puissant intégrateur pour l’Europe de la défense, dans le sillage du programme CaMo. » Toutefois, tempère-t-il, « cette perspective est néanmoins compliquée par le morcellement des industries de défense européennes, et par la place de premier plan qu’occupe l’industrie de défense américaine chez nombre de nos partenaires. »
Si cela est vrai pour les perspectives d’exportation des véhicules de la gamme SCORPION, les avancées du programme français en matière de combat collaboratif « peuvent intéresser nombre d’États, particulièrement ceux dont les armées ne disposent pas nécessairement d’un grand nombre d’engins, mais souhaitent en tirer le plus d’effet opérationnel possible », répond M. Larsonneur.
« L’intérêt de SCORPION tient à l’interconnexion de tous les armements au sein d’une ‘bulle’ qui exploite l’infovalorisation pour permettre le combat collaboratif. Dès lors, un État qui se dote de certains matériels SCORPION ne peut en tirer pleinement parti qu’en intégrant l’ensemble de ses blindés et autres équipements terrestres dans cette ‘bulle’ qu’a développée notre BITD [**]. À tout le moins doit-il y connecter ses autres équipements, via le système d’information de SCORPION et la radio CONTACT, exportée sous le nom de Synapse », a en outre expliqué le député, lors de l’examen de son rapport par la commission de la Défense.
[*] GTIA : Groupement tactique interarmes, soit un bataillon
[**] Base industrielle et technologique de défense
CaMo [Capacité Motorisée] c’est tout de même mieux que CaMé [Capacité Mécanisée].
Quoique, étant donné l’usage germanique de la Pervitine, pendant la 2ème GM…
OK, je sors.
La je dis bien joué !! C’est exactement ce qu’il faut faire : intégrer des pays un à un dans ce programme pour l’européaniser petit à petit et qu’il devienne un standard de fait et pas pas commencer par faire un standard et rebuter les partenaires potentiels qui pensent que l’on tire la couverture à soi.
Si l’on pouvait faire la même chose avec le SCAF ce serait génial…
la différence c’est qu’un seul pays à mis en place la tech et la norme, un autre achète et ensuite on partage.
La chronologie du SCAF est totalement différente, si on développe le SCAF+NGF seul et qu’ensuite on vend ca devient autre chose. quitte a partage la charge industrielle ou la maintenance derrière.
Sauf que cette technologie n’est sauf erreur pas détenue par l’Etat, mais un privé.
Je vois mal comment un privé va offrir quoi que ce soit…
Les standards partagés sont en général pour des développements faits en commun pour arriver au même standards opérationnels.
Ici, c’est la technologie qui pourrait s’imposer par elle même.
Pour le Scaf cela ne sera pas possible. En fait cette intégration a déjà lieu, mais avec le F-35 via les réseaux d’information de fusion des données dont les centres d’information sont basés aux USA. C’est d’ailleurs l’énorme plus-value du scaf que de pouvoir faire face à l’intégration du F-35 car il est soutenu par les 2 plus grandes puissances aériennes européennes.
C’est pas sur, les standards évoluent vites, et l’EU peut créer un standard si elle le souhaite qu’il soit connectable avec les Standards US sera sans doute un plus, mais je ne vois pas pourquoi nous ne pouvons pas créer de standard. Je doute que nos gouvernements soient contents d’avoir des données fusionnées stockées, détenues et disponibles en version brute uniquement que aux USA.
J’espère que si d’autres pays font le choix de Scorpion, ils prendront quand même des véhicules plus adaptés au combat de haute intensité. C’est ‘e problème principal que je vois dans Scorpion : si l’information ne passe pas, car on nous aurait détruit les satellites ou brouillé les communications, on sera dépassé par nos adversaires. Les véhicules de l’armée française sont peu blindés (pour de bonnes raisons cependant) mais également probablement sous armés : à part les canons de 120 des Leclerc et les 40 d’à peine 300 jaguar on n’a rien face aux blindés ennemis (le canon de 25mm des vbci me semble trop léger en particulier).
Le 25mm neutralise largement les véhicules de type BMP russo soviétiques. Quant aux char, les missiles milan, MMP ainsi que les roquettes d’AT4 peuvent s’en occuper.
Le problème que vous mentionnez n’est pas différent de ce qu’il se passe aujourd’hui.
Tant que la digitalisation et l’utilisation des données est un complément et ne remplace pas les compétences actuelles permettant d’opérer sans communication, alors pas de problème.
Il y a un risque de compter trop sur les communications, tant qu’il est pris en compte, je ne pense pas que ça puisse être un problème
Sans maitrise la puissance n’est rien. Ce n’est pas un concours de taille de canon.. Dans ce domaine je pense que la France sait ce qu’elle fait dans ce domaine, plus en cas tout que tous les autres européens réunis qui n’ont plus fait un déploiement de troupes au sol depuis des lustres.
Pour le coup, on a bien fait de se mettre avec les Belges. Ils ont toujours été nos alliés.. en 14 et en 39.
Des alliés bizarres en 1940 qui nous ont tiré dessus quand on est venu les aider…
A noter, qu’au delà de ce coup de maître CAMO, s’ouvre un champ de coopération franco-belge pour les tourelles/munitions, avec un rapprochement entre FN Herstal (charge des tourelleaux téléopérés) et Nexter, via sa filiale belge MECAR (qui produira une grosse partie des obus de 40 mm), qui proposeront une gamme complémentaire à celle proposée chez nous… Cela pourrait ainsi former contrepoids -certes modeste dans l’immédiat- intéressant par rapport aux gros groupes allemands, comme Rheinmetall …
Les Talibans ont utilisé des bombes artisanales, ont détruit beaucoup de ces cartons.
La France a perdu à 4 pattes par terre en Afghanistan.
Écoute camarade, quant ton pays cessera d’attaquer des pays sans ressources militaires pour les piller, on parlera du niveau de ton armée. Et à par construire des châteaux de sables qui ennuis tout le monde, elle fait quoi ton armée ?
Vous les talibans, vous les achetez, normal entre corrupteur vous allez bien ensemble.
Pour ma part, je suis sceptique !
Convaincre 2 etats supplémentaires ( luxembourg , suisse, espagne, irelande, portugal, grêce…) pourront me convaincre .
Le collage FRANCE- BELGIQUE n’est qu’industriel et financier !
La Suisse?
La Suisse produit ses propres blindés sur roues… Les CV90 qui sont un mix de l’EBRC et du VBMR (certes sur chenilles, malgré tout, puissance de feu transport de troupe).
Les autres blindés sont principalement des 8×8, et seront dans les futur remplacés par des Piranha fabriqués par Mowag.
Donc sur ce programme, la France n’a pas la moindre chance en Suisse… Sans compter que la neutralité suisse l’éloigne de ce type de partenariats.
Ceci étant je vois mal l’interoperabilite franco belge dans la mesure ou les bataillons d’infanterie belges (1/3 Lanciers,12/13 de ligne ,Chasseurs ardennais etc )comptent en moyenne 500 personnels soit une petite moitié des régiments français
Cette interoperabilite ne pourra se faire qu’au niveau compagnie au mieux et non au niveau de la brigade
Ceci étant c’est une bonne nouvelle car en matière de forces spéciales les belges malheureusement se sont tournés vers les hollandais et les danois
La brigade motorisée belge va tout de même atteindre un effectif de 6000 hommes et femmes, dont prêt de 2500 uniquement pour les 5 bataillons de manoeuvre, le reste étant fourni par les unités « combat support » et « combat service support » qui utiliseront également des véhicules et moyens scorpion (par exemple les 2 bataillons de génie) et tout cela (a part peut être pour les 700 hommes du bataillon ISTAR) sera donc parfaitement interopérable avec l’armée de terre.
Le scénario de mobilisation de la brigade entière reste évidemment extrêmement peu probable à moyen terme, même pour exercices, mais un « battle group » inter arme de la taille d’un régiment français sera tout à fait envisageable et réalisable.
Des articles suggère que la petite brigade luxembourgeoise et l’armée néerlandaise reviendrait la belge dans cette future intégration, mais j’ai des doutes concernant les Pays-Bas vu l’influence de l’Allemagne.
C’est surtout une question de langue… A la limite les Belges parlent au moins un peu français et donc la collaboration est possible.
Mais les Néerlandais apprennent l’allemand et l’anglais à l’école et pas le français.
Et le niveau d’anglais des français est largement insuffisant pour être pleinement interopérable.
Les choses changent quand même… En deux générations on est passé du tout français, à l’apprentissage de l’anglais en primaire. Tous les jeunes qui 20 ans aujourd’hui savent parler Anglais, peut être le meilleurs de Shakespeare, mais suffisamment pour converser.
D’autant que si Shakespire renaissait de ses cendres… même en Angleterre, il y perdrait son…. latin.
Scorpion à l ‘ air bien sur le papier , mais il doit suffisamment simple à apprendre pour les opérateurs , logique pour le commandement et sécurisé pour tout le monde et bien sur pas cher , il faut donc dépassé notre langue . Fort heureusement , nous savons rédiger la documentation