Plus imposant bâtiment de la marine italienne, le navire d’assaut amphibie « Trieste » a été mis à l’eau

En 2015, le Mouvement Cinq Étoiles [M5S], qui partage actuellement le pouvoir avec la Ligue en Italie, s’était opposé à la « Loi navale » alors proposée par le gouvernement conduit par Matteo Renzi. Or, ce texte prévoyait la construction du « Trieste », un « porte-hélicoptères d’assaut amphibie », pour plus d’un milliard d’euros.

Mais comme Don Camillo avec Peppone, il suffisait de faire jouer l’orgueil national… Car quand Fincantieri a procédé à la mise à l’eau du Trieste, le 25 mai, à Castellammare di Stabia, près de Naples, aucun des ministres du M5S concernés n’aurait manqué pour rien au monde l’évènement. Il faut dire que les « éléments de langage » ont été bien choisis pour leur éviter de se dédire : ce nouveau navire serait aussi conçu pour un usage civil. « Une sorte de masque pour atténuer le potentiel militaire stratégique » que ce bâtiment « possède réellement », a raillé un journaliste transalpin.

Quoi qu’il en soit, avec ses 33.000 tonnes de déplacement à pleine charge, ses 245 mètres de longueur et ses 36 mètres de largeurs, le Trieste, avec ses 460 marins, sera le navire le plus imposant mis en oeuvre par la Marina Militare [marine italienne, ndlr] depuis la Seconde Guerre Mondiale. Il surclasse en effet les porte-aéronefs Garibaldi [qu’il remplacera] et Cavour, mis en service en 2008.

Équipé d’un système de propulsion de type CODLOG [combined diesel-electric or gas] ainsi d’un système de propulsion électrique supplémentaire destiné à la navigation à basse vitesse, le Trieste pourra naviguer à la vitesse maximale de 25 noeuds et sera en mesure de parcourir 7.000 milles à la vitesse de croisière de 16 noeuds.

Mais avant tout, le Trieste est décrit par Fincantieri comme un porte-hélicoptère d’assaut amphibie pouvant être engagé, en « temps de paix », dans des opérations humanitaires ou de secours en cas de catastrophes en permettant à la Protection civile transalpine de « fournir une assistance aux pays et aux populations […] grâce à sa capacité à fournir de l’eau potable, de l’alimentation en électricité, des soins de santé et un soutien médical. »

Cela étant, le Trieste sera surtout en mesure d’embarquer l’équivalent d’un bataillon [600 soldats] avec ses véhicules. Pour cela, il est doté d’un radier de 50 mètres de long [pour 15 mètres de large], ce qui lui permettra d’accueillir quatre chalands de débarquement de type LC23.

Enfin, il est prévu d’armer le Trieste avec 3 canons de 76 mm, de trois autres de 25 mm, de mitrailleuses 12,7 mm et de missiles surface-air [Aster 15/30 de MBDA].

Mais le plus intéressant concerne les capacités aériennes de ce navire. Ainsi, son pont d’envol compte jusqu’à 8 spots hélicoptéres tandis que ses hangars seront assez grands pour accueillir une quinzaine d’appareils de type AW-101 ou NH-90.

Cela étant, la fiche technique publiée par Fincantieri ne fait nullement mention de la possibilité pour le Trieste d’emporter des F-35B, c’est à dire la version à décollage court et à atterrissage vertical de l’avion développé par Lockheed-Martin. Sans doute pour ne pas fâcher le M5S, qui a toujours été hostile à cet appareil.

En tout cas, et pour le moment, le Trieste n’est pas pouvu d’un tremplin qui lui permettrait de mettre en oeuvre des F-35B… Mais le vice-amiral Valter Girardelli, cité par l’European Defence Review, a confirmé que ce bâtiment en serait équipé à l’avenir. Sans doute d’ici 2022, quand il entrera en service.

« Il est probable que le navire a déjà les prédispositions au niveau logiciel ALIS [Autonomic Logistics Information System, indispensable au fonctionnement du F-35, ndlr] ce qui lui permettra d’opérer en tant que porte-avions aux côtés ou en remplacement du Cavour » », estime le site spécialisé italien portaledifesa.it.

Photo : Marina Militare

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