Le Tribunal maritime international exige la « libération immédiate » des 24 marins ukrainiens détenus en Russie

Depuis qu’elle a mis la main sur la Crimée, la Russie contrôle désormais les deux rives du détroit de Kertch, c’est à dire l’entrée de la mer d’Azov. Et elle y a construit un pont dont la hauteur est insuffisante pour laisser passer la plupart des navires de commerce devant se rendre à Marioupol, en Ukraine. En outre, elle y multiplie les contrôles, lesquels s’avèrent longs et donc coûteux [entre 15.000 et 20.000 dollars, ndlr] pour les armateurs.

Craignant un nouveau coup de force de la Russie [qui est aussi à la manoeuvre dans le Donbass] et voyant le trafic commercial du port de Marioupol chuter de 50% , l’Ukraine renforça, l’an passé, son dispositif militaire en mer d’Azov. Et la marine ukrainienne y déploya trois vedettes de type Gurza-M [54 tonnes], ce qui semblait dérisoire par rapport aux moyens mis en oeuvre dans la région par son homologue russe.

Jusqu’en 2014, la mer d’Azov avait le statut de « mer intérieure de l’Ukraine et de la Russie » et son accès ne devait faire l’objet d’aucune sorte de contrainte, y compris pour les navires militaires. L’annexion de la Crimée changea la donne. Et même si le droit maritime international prévoit, théoriquement un « droit de passage inoffensif » dans les détroits, en pratique, les autorités russes y font ce qu’elles veulent.

En novembre 2018, les gardes-côtes russes, qui relèvent du FSB [renseignement intérieur], ont arraisonné trois navires militaires ukrainiens [Berdyansk, Yani Kapu et Nikopol] à proximité du détroit de Kertch et capturé les 24 marins qui se trouvaient à leur bord. Motif : ils n’avaient pas respecté les nouvelles procédures en vigueur, un point contesté par Kiev.

Pour tenter d’obtenir la libération de ses marins, l’Ukraine a saisi le Tribunal maritime international qui, installé à Hambourg [Allemagne], veille à l’application de la convention des Nations Unies sur le droit de la mer de 1982, reconnue par 168 pays dont la Russie. Et ce dernier a rendu sa décision, ce 25 mai.

« La Fédération de Russie doit procéder immédiatement à la libération des 24 militaires ukrainiens détenus et les autoriser à rentrer en Ukraine », a ainsi déclaré Jin-Hyun Paik, le président sud-coréen de ce tribunal. « La privation continue de liberté que subissent les militaires ukrainiens est préoccupante d’un point de vue humanitaire », a-t-il ajouté.

En outre, le tribunal a aussi enjoint la Russie de remettre « immédiatement » à l’Ukraine les trois navires arraisonnés en novembre dernier.

C’est « un signal clair à la Russie qu’elle ne peut pas violer le droit international en toute impunité », s’est réjouie Olena Zerkal, la vice-ministre ukrainienne des Affaires étrangères.

Seulement, Moscou n’a pas l’intention, du moins pour le moment, de se conformer au jugement rendu par le tribunal maritime international. En effet, les autorités russes ont récusé la compétence de ce dernier, estimant que l’affaire sur laquelle il avait à se prononcer était « militaire » et qu’il ne pouvait pas « se substituer à la procédure criminelle en cours en Russie contre les marins » ukrainiens.

L’arraisonnement des navires ukrainiens aurait pu être évitée « si la loi russe concernant la navigation dans cette région avait été respectée », a réagi le ministère russe des Affaires étrangères.

Par ailleurs, l’Ukraine a aussi porté le différend « concernant les droits de l’état côtier dans la Mer Noire, la Mer d’Azov et le Détroit de Kertch » devant la Cour permanente d’arbitrage de La Haye. Les audiences relatives à cette affaires auront lieu en juin.

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