La mutualisation du soutien automobile est « néfaste » pour l’efficacité opérationnelle des gendarmes mobiles

La « mutualisation » des moyens est l’alpha et l’oméga des réformes visant à moderniser les ministères et les administrations, l’objectif étant de supprimer les doublons et de réduire les coûts, maîtrise des dépenses publiques oblige. Seulement, ce modèle ne peut pas s’appliquer à toutes les situations… Tel est le cas de la gendarmerie mobile.

Actuellement, la maintenance des voitures, des motos et des fourgons utilisés par les gendarmes est assurée par un « Centre de soutien automobile de la Gendarmerie » [CSAG], lequel peut aussi s’occuper des véhicules de la préfecture et de la police du département où il est implanté.

Seulement, d’après le général Richard Lizurey, le directeur de la Gendarmerie nationale [DGGN], cette organisation du soutien automobile est préjudiciable pour les Escadrons de gendarmerie mobile [EGM], lesquels sont par ailleurs sous pression depuis plusieurs mois. C’est en effet ce qu’il a indiqué lors d’une audition de la commission d’enquête sur les moyens des forces de sécurité, à l’Assemblée nationale, et dont le compte-rendu vient d’être publié.

« Lorsqu’on a supprimé les spécialistes de l’automobile dans les escadrons, on les a regroupés dans des ateliers au niveau départemental. Bien entendu, ces spécialistes ne sont pas déployés en opération. Par conséquent, quand on a une difficulté au cours d’une opération, aucun gendarme mobile, à moins qu’il ne possède cette compétence à titre personnel, n’est capable de réparer le véhicule, de sorte que l’on doit appeler le secrétariat général pour l’administration du ministère de l’intérieur [SGAMI] local pour faire dépanner le véhicule », a expliqué le général Lizurey.

« Nos camarades des CRS ont été plus avisés que nous puisqu’ils ont gardé dans les compagnies républicaines de sécurité cette capacité de soutien automobile », a ensuite relevé le DGGN. Et sa conclusion d’impose d’elle-même : « Le regroupement des mécaniciens dans les ateliers était une mesure de mutualisation et rationalisation sensée, mais elle s’est avérée néfaste à l’efficacité opérationnelle des EGM. »

Le cas du Groupement blindé de gendarmerie mobile illustre ce propos. Cette unité étant colocalisée avec le CSAG de Satory, l’entretien des anciens Véhicules blindés à roues de la gendarmerie [VBRG] n’en est que facilité.

En effet, a confié le général Lizurey, « début décembre, je craignais qu’ils [les VBRG] ne tombent en panne sur les Champs-Élysées ». Or, a-t-il poursuivi, « cela ne s’est pas produit, parce que nous disposons à Satory d’équipes de mécaniciens exceptionnels, qui fabriquent des pièces, puisque l’industriel qui produisait les VBRG ne les fabrique plus, et réparent les véhicules, y compris sur leur temps libre. »

Justement, au sujet des véhicules, qui sont « en fin de parcours », le général Lizurey a évoqué la question de leur avenir. « Nous avons donc engagé avec quelques industriels un principe de ‘rétrofitage’ des VBRG pour leur donner une seconde vie. Nous testons actuellement les prototypes, puis nous passerons un marché public, si tant est qu’on dispose des moyens budgétaires pluriannuels », a-t-il dit. « L’objectif serait de disposer de 80 véhicules blindés, dont 36 véhicules en outre-mer, où ils sont très utilisés », a-t-il précisé. Et de conclure : « Il me paraît important de rénover cette flotte de véhicule, plutôt sur le principe d’un rétrofitage que sur celui d’un achat neuf, qui serait beaucoup plus cher. »

Récemment, l’Inspecteur de la Gendarmerie nationale, le général Michel Labbé, interrogé par la même commission au sujet des VBRG, a non seulement évoqué la piste d’une « remotorisation » de ces véhicules mais aussi celle visant à modifier des VAB.

« On peut travailler avec les Véhicules de l’avant blindé […] qui ont le moteur à l’arrière et pourraient être modifiés pour accepter une lame à l’avant », a-t-il en effet affirmé.

Photo : Ministère de l’Intérieur

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