Les équipements des militaires français contre les risques NRBC seront bientôt tous remplacés

Depuis janvier, l’armée de Terre communique régulièrement au sujet de son projet de « combattant 2020 », en insistant sur les nouveaux équipements individuels du combattant [EIC], lesquels arriveront progressivement au sein de la Force opérationnelle terrestre [FOT]. Cela étant, aussi modernes, ergonomiques et efficaces soient-ils, ces articles n’offrent aucune protection contre le risque NRBC [Nucléaire, Radiologique, Biologique, Chimique]. Or, dans ce domaine, la menace évolue aussi. Ou, du moins, elle s’étend…

En effet, ces dernières années, des organisations terroristes ont cherché à mettre au point des « bombes sales », c’est à dire à mener des attaques en faisant exploser un mélange radioactif afin de contaminer une aire donnée. Tel a été le projet d’al-Qaïda [affaire José Padilla, alias Abdullah al-Mujahir, arrêté à Chicago en 2002] ou encore celui des Farc, la rébellion marxiste colombienne.

D’autres terroristes ont eu l’intention de commettre des attentats avec de la ricine, une substance mortelle. En 2018, un tel complot a été déjoué par la police française. Et, selon Europol, des projets de cette nature reviennent régulièrement dans la propagande jihadiste.

En outre, sur les théatres d’opération, l’État islamique [EI ou Daesh] n’a pas hésité à tirer des obus chargés d’ypérite [gaz moutarde] et de chlore. En juillet 2014, il fut même avancé que l’organisation jihadiste avait mis la main sur du « matériel nucléaire » en Irak.

Par conséquent, la protection des militaires français face à ces risques est une priorité, d’autant plus que les équipements actuellement en dotation ont été mis en service dans les années 1990. D’où les recherches menées [ou soutenues] allant dans ce sens par la Direction générale de l’armement [DGA], laquelle a d’ailleurs récemment lancé un « cluster d’innovation » contre les menaces NRBC sur son site de Vert-le-Petit.

Ces recherches devraient bénéficier au programme EPIA, pour « Ensemble de protection individuel des armées » et dont lequel le développement a fait l’objet d’un marché notifié par la DGA au groupement d’industriels NBC-Sys, Ouvry, Paul Boyé Technologies et SP Défense. En raison du caractère sensible de ce projet, seules des entreprises françaises avaient été autorisées à participer à ce processus.

Comme l’explique la DGA, EPIA vise « à remplacer la quasi-totalité des tenues et masques de protection des armées contre les risques NRBC rencontrés sur les théâtres d’opérations. » Il s’agira de mettre au point un système complet et modulaire, pouvant s’intégrer aux différents matériels [véhicules, aéronefs, etc] en service/

Ces équipements de nouvelle génération devront prendre en compte un « nombre de menaces plus important que celles couvertes » actuellement. « Des études approfondies d’ergonomie sont prévues pour mieux s’adapter à la morphologie des combattants et apporter un plus grand confort », précise la DGA. En outre, la logistique, comme pour le système FELIN [Fantassin à équipements et liaisons intégrés] reposera sur la technologie RFId.

Le programme EPIA devrait durer cinq ans, soit le temps nécessaires pour leur développement, leurs essais et leur industrialisation. Une des difficultés sera de mettre au point des articles pouvant répondre aux besoins opérationnels des trois armées ainsi que ceux du Service de Santé des Armées [SSA] et du Service des Essences des Armées [SEA]. Ce qui impliquera plusieurs centres d’expertises de la DGA [Maîtrise NRBC pour les tenues, Essais en vol, Techniques terrestres et Techniques aéronautiques].

« À l’issue de la phase de conception les cotraitants du marché s’appuieront sur une production 100% française pour offrir au ministère des Armées une sécurité d’approvisionnement et une capacité à s’adapter aux évolutions du contexte international », précise encore la DGA.

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