Selon la ministre de la Justice, 254 individus condamnés pour des affaires de terrorisme seront libérés d’ici 2022

Ressortissant américain converti à l’islam et passé par les camps d’entraînement d’al-Qaïda en Afghanistan où il fut capturé en novembre 2001, John Walker Lindh sera libéré après avoir passé 17 ans dans une prison aux États-Unis. Condamné à 20 ans de détention en octobre 2002, il bénéficiera d’une remise en liberté anticipée pour bonne conduite.

Cependant, ses activités sur Internet seront surveillées de près pendant trois ans, c’est à dire qu’il ne sera pas autorisé à utiliser une autre langue que l’anglais pour ses communications et, évidemment à consulter des sites « extrémisme ou opinions terroristes. » En outre, il ne pourra pas voyager à l’étranger sans y être autorisé par un juge.

Lors de son procès, il avait dit avoir « commis une erreur » et condamné « sans ambiguïté » le terrorisme. Mais les années passées en détention, pendant lesquels il a obtenu la nationalité irlandaise, ne l’ont visiblement pas détourné de ses sympathies jihadistes… S’étant consacré à l’étude des textes islamiques, il aurait même affirmé, selon NBC, que l’État islamique [EI ou Daesh] faisait un « travail incroyable ».

Aussi, certains s’inquiètent, outre-Atlantique, de la libération de « taleb américain », d’autant plus qu’il n’existe pas de programme fédéral pour surveiller les individus dans son cas.

La France est confrontée à un problème similaire. Selon la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, sur les 510 détenus condamnés pour leur implication dans la mouvance jihadiste, notamment dans les filières de recrutement irako-syrienne, 107 seront libérés d’ici la fin 2021. Et 147 autres le seront en 2022. En outre, a-t-elle indiqué dans les colonnes du quotidien Le Monde, il faut également considérer les 943 prisonniers de droit commun « identifiés comme radicalisés ».

Étant donné que les affaires liées ont au phénomène jihadiste au Levant ont été jugées en 2014 et que la moyenne des peines prononcées était de 6 ans et 6 mois, les chiffres avancées par la garde des Sceaux ne sont donc pas surprenant.

« On court un risque majeur qui est celui de voir sortir de prison à l’issue de leur peine des gens qui ne seront pas du tout repentis, qui risquent même d’être encore plus endurcis compte tenu de leur séjour en prison », avait prévenu, alors procureur de Paris, en mai 2018.

Aussi, Mme Belloubet a assuré que ces détenus feront l’objet d’un suivi « extrêmement sérieux par les services de renseignement » une fois qu’ils auront été libérés. Qui plus est, le nouveau Parquet national antiterroriste [PNAT], qui sera opérationnel, avec 27 magistrats, à partir du 1er juillet prochain, aura à « réfléchir aux modalités de sortie de prison. »

Si l’on ajoute la question des jihadistes de nationalité française encore présents au Levant et dont on ne sait quoi en faire, les 19.745 personnes inscrites dans le Fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste [FSPRT] ou encore les fichés S, le renseignement intérieur aura du pain sur la planche…

D’autant plus que, selon le Journal du Dimanche, 850 personnes sont actuellement suivies hors de prison, dont 250 ont été impliquées dans une affaire de terrorisme islamiste et 600 « droits communs suspectés de radicalisation ».

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