Les forces terrestres américaines envisagent de se doter de robots de près de 80 tonnes pour ouvrir les itinéraires

En avril 2018, lors d’un exercice d’aide à l’engagement organisé à Grafenwoehr [Allemagne], les sapeurs du sapeurs du 22nd Engineer Regiment de la British Army firent une démonstration du Terrier, un véhicule robotisé de 30 tonnes, conçus par BAE Systems et pouvant être télécommandé depuis un véhicule de commandement située à une distance de 1.000 mètres.

Cet exercice, conduit en collaboration avec l’US Army, fut le premier du genre à impliquer de tels véhicules robotisés pour ouvrir une brèche dans des défenses comprenant des terrains minés et un fossé anti-char.

Un an plus tard, l’US Army et l’US Marine Corps ont repris ce concept à l’occasion de l’édition 2019 de l’exercice JWA [Joint Warfighter Assessment], qui s’est tenu début mai à Yakima [État de Washington]. Il s’est agi d’évaluer les capacités de véhicules M1150 ABV [Assault Breacher Vehicle] robotisés, c’est à dire d’engins de 72 tonnes développés à partir du châssis d’un char Abrams et dotés d’une lame de 4,5 mètres de large, de ski métalliques et d’une mitrailleuse de calibre .50.

Habituellement, ces M1150 ABV sont mis en oeuvre par un équipage de deux sapeurs. Sauf que, pour cette occasion, ils ont été télécommandés depuis un véhicule de commandement M577.

Cet excercice a impliqué d’autres véhicules « robotisés ». Ainsi, un Polaris MRZR a été chargé de diffuser un écran de fumée pendant une trentaine de minutes pour masquer la manoeuvre à la force adverse. Manoeuvre sécurisée par un Humvee et un transport de troupe M113 chacun armé de mitrailleuses de 7,62 mm et contrôlé à distance respectivement par une second Humvee et un blindé Stryker.

La reconnaissance de l’obstacle a été faite grâce à deux mini-drones, dont un Puma, développé par AeroVironment, et un un Instant Eyes, dont la tâche consiste à détecter la présence éventuelle d’armes chimiques, radiologiques ou biologiques.

Pour franchir l’obstacle, deux M1150 ABV robotisés [et télécommandés par une unité des Marines] ont été nécessaires. Le premier a ouvert une brêche en balisant le chemin pour le second, dont le rôle était de combler le fossé pour permettre à une force d’assaut de s’engouffrer dans la ligne de défense adverse.

En tout, cette manoeuvre a duré 2 heures, soit autant qu’un exercice qui aurait été réalisé par des véhicules avec équipage. Pour autant, si ce concept séduit l’US Army et l’US Marine Corps, il n’est pas encore mûr pour être opérationnel dans un avenir proche.

En effet, ce type d’opération avec des robots présente quelques vulnérabilités, notamment au niveau de la guerre électronique car les liaisons étant susceptibles d’être brouillées par l’adversaire. Une perte de signal au moment ou un M1150 ABV télécommandé est en action ne ferait qu’ajouter un obstacle supplémentaire dans la mesure qu’il serait impossible de faire manoeuvrer le véhicule.

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