M. Macron : « Une vie donnée n’est pas une vie perdue »

Invité à s’exprimer sur les ondes de RTL, ce 14 mai, le chef d’état-major des armées [CEMA], le général François Lecointre, ne se pose pas la question de savoir si les deux otages français libérés au prix de la mort de deux commandos marine lors d’une opération menée dans le nord du Burkina Faso, le 10 mai, ont fait preuve d’imprudence en se rendant dans une zone déconseillée aux touristes. « Je ne veux pas porter de jugement », a-t-il dit. « La question, c’était de combattre les terroristes, comme nous le faisons depuis des années au Sahel », a-t-il ajouté.

« La mission de ces militaires d’élite, c’est de combattre l’ennemi terroriste. Ce n’est pas spécifiquement d’aller libérer des otages de manière générale », avait d’abord affirmé le CEMA. « En l’occurrence, il se trouve que la meilleure façon de l’atteindre c’est de le priver des otages. C’est bien cela qu’il faut voir, c’est la finalité militaire de notre action. Elle est bien d’atteindre les terroristes », avait-il souligné. Et d’estimer que « nos soldats sont tous les jours héroïques, ils exposent leur vie tous les jours pour défendre notre société et nos valeurs. »

Aux Invalides, lors de l’hommage national rendus aux premiers maîtres Cédric de Pierrepont et Alain Bertoncello, les deux opérateurs du commando Hubert tués lors de cette opération ayant permis la libération des deux touristes françaias ainsi que celle de deux autres otages [une Américaine et une Sud-Coréenne, ndlr], le président Macron a rappelé que la « France est une nation qui n’abandonne jamais ses enfants, quelles que soient les circonstances et fût-ce à l’autre bout de la planète ». Et « ceux qui attaque un Français doivent savoir que jamais notre pays ne plie et que, toujours, ils trouveront notre armée […] sur leur chemin », a-t-il continué.

Quant aux premiers-maîtres de Pierrepont et Bertoncello, M. Macron a dit qu’ils sont « morts en héros pour la France », parce que « pour eux rien n’était plus important que la mission, rien de plus précieux que la vie des otages ». Ces « officiers mariniers étaient des soldats hors normes, comme peu d’armées dans le monde ont la chance d’en compter », a-t-il poursuivi, après les avoir qualifiés de « militaires d’expérience » et de « guerriers d’exception »

« Nous sommes là pour affirmer avec toute l’énergie que donne la rage de la tristesse que nous ne céderons rien des combats pour lesquels vous vous êtes engagés et avez donné votre vie », a continué M. Macron, devant les cercueils des deux commandos marine. « La mort ne vous faisait pas peur parce que vous aviez, ancré en vous, dans le mystère insondable de vos âmes, la volonté de servir les autres, y compris au prix de votre vie », a-t-il ajouté.

« Une vie arrêtée n’est pas une vie perdue. Une vie arrêtée, en pleine jeunesse, en pleine conscience aussi, n’est pas une vie perdue. Une vie donnée n’est pas une vie perdue. Celui qui meurt au combat […] n’a pas seulement accompli son devoir : il a rempli sa destinée. Ce n’est pas un sacrifice, c’est le sens même de l’engagement, la partie tragique de la mission », a enchaîné M. Macron.

« Que votre exemple nous sauve tous car il nous maintient à la hauteur de nous-mêmes, de ce que nous avons à être. […] Une nation n’est libre et forte que par la fraternité et la solidarité qui l’unit. Une nation n’est libre et forte que d’avoir des héros dont elle doit se montrer digne en s’élevant à leur hauteur et en restant soudée. Tel est le sens profond de votre combat » et « aujourd’hui, par votre mort, vous entrez dans la lumière éclatante de l’histoire de notre pays », a insisté le président Macron, avant d’estimer que les premiers maîtres de Pierrepont et Bertoncello ont rejoint « tous ceux qui ont fait don de leur jeunesse pour le pays, pour la liberté », c’est à dire « ceux dont ont dit qu’ils sont tombés mais qui chaque fois ont élevé la France. »

« C’est la cohorte de cette grande histoire. Cette histoire de Français qui se sont battus pour d’autres Français, cette histoire de Français qui se sont battus pour les valeurs de la France, pour la part d’universel qui tient notre pays que vous rejoingnez aujourd’hui », a dit M. Macron.

Et de conclure son allocution par ces mots : « La Nation toute entière qui en ce jour, vous rend hommage, se souviendra. […] La Nation saura que vous avez fait votre devoir car pour les peuples libres, pour les grandes nations, les noms des héros ne s’effacent jamais. »

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