Plusieurs navires de commerce auraient été victimes d’actes de « sabotage » au large des Émirats arabes unis

Pour le moment, c’est une affaire qui garde d’autant plus ses mystères que les autorités émiraties sont avares en détails. Ainsi, le 12 mai, ces dernières ont indiqué que quatre cargos civils ont été victimes d’actes de « sabotage » alors qu’ils se trouvaient dans la zone économique exclusive [ZEE] des Émirats arabes unis, plus précisément dans le golfe d’Oman, à l’est de l’émirat de Fujairah, non loin du détroit d’Ormuz.

« Quatre cargos civils de différentes nationalités ont été la cible ce matin d’actes de sabotage […] dans la zone économique de l’État des Émirats », a en effet avancé le ministère émirati des Affaires étrangères via un communiqué.

Comment ces « actes de sabotage » ont-ils été commis? Et dans quelles circonstances exactes? Le ministère ne le précise pas. Si ce n’est qu’ils n’ont fait aucune victime à bord des navires visés et qu’aucune fuite de carburant ou de produits toxiques n’est à déplorer.

« Mener des actes de sabotage sur des navires commerciaux et civils et menacer la sécurité et les vies de ceux à bord est un événement grave », a ensuite fait valoir le minstère émirati, avant d’ajouter que « toutes les mesures nécessaires » ont été prises et d’annoncer l’ouverture d’une enquête « en coopération avec des organismes locaux et internationaux. » Et d’en appeler la communauté internationale à « prendre ses responsabilités pour empêcher que de telles actions soient commises par des parties cherchant à porter atteinte à la sécurité de la navigation. »

Quelques heures plus tard, l’Arabie Saoudite a fait état du « sabotage » de deux pétroliers battant pavillon saoudien en mer d’Oman, près du même secteur. La « structure » de l’un des deux navires aurait subi des dommages « importants ». Là encore, aucune victime n’est à déplorer et ces actes n’ont pas provoqué de déversement de pétrole.

Selon l’agence Reuters, les deux pétroliers visés appartiennent au groupe saoudien Bahri. L’un d’eux est l’Amjad, dont le dernier signal a été envoyé ce 13 mai à 9h38 [UTC] alors qu’il naviguait vers le port de Fujairah. Même chose pour l’Al Marzoqah, dont le dernier signal a été reçu à 9h42 [UTC].

L’annonce de ces sabotages a été faite alors que la chaîne de télévision libanaise Al Mayadeen, proche du Hezbollah et de l’Iran, ainsi que l’agence iranienne Mehr venaient d’indiquer que le port de Fujairah avait été le théâtre d’une « série d’explosions ». Ce qui a été démenti par le ministère émirati des Affaires étrangères.

Pour rappel, ayant rompu leurs relations avec le Qatar, les Émirats arabes unis et l’Arabie Saoudite sont de proches alliés. Ces deux pays conduisent actuellement une intervention militaire visant à soutenir le président yéménite, Abdrabbo Mansour Hadi, dont les troupes font face aux rebelles Houthis, appuyés par l’Iran. Cela étant, il est improbable qu’il puisse avoir un lien entre les sabotages et ce conflit.

Par ailleurs, cette affaire de sabotage survient au moment où les États-Unis renforcent leur posture militaire dans le Golfe arabo-persique [GAP] après avoir pris de nouvelles mesures contre Téhéran.

Le secrétaire général du Conseil de coopération du Golfe, Abdullatif bin Rashid Al Zayani, a dénoncé ces actes de sabotages en y voyant une « une grave escalade qui témoigne de mauvaises intentions de la part de ceux qui les ont planifiés et mis en œuvre » dans la mesure où ils « compromettent la sécurité du trafic maritime dans la région ».

Ces sabotages de navires ont eu lieu dans une zone proche du détroit d’Ormuz, par où transite un tiers du trafic pétrolier mondial. À plusieurs reprises, l’Iran a menacé d’y imposer un blocus afin de protester contre les sanctions visant son économie.

Justement, à Téhéran, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Abbas Moussavi, a qualifié d' »alarmants » et de « regrettables » les « incidents qui se sont produits en mer d’Oman. » Et d’en appeler également à une « enquête » tout en mettant en garde contre « l’aventurisme d’acteurs étrangers » susceptible de perturber les navigation maritime. Cependant, il a aussi estimé que des « clarifications sur la portée exacte » de ces attaques étaient nécessaires car elles auront « un impact négatif sur la sécurité de la navigation dans le Golfe. »

Photo : Groupe Bahri

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