Milan Ratislav Štefánik, un général tchécoslovaque au service de la France

Le 4 mai, lors d’un déplacement en Slovaquie, la ministre des Armées, Florence Parly, a rendu un hommage au général Milan Ratislav Štefánik, à l’occasion du centenaire de sa disparition. Et trois Mirage 2000-5 de l’Escadron de chasse 1/2 Cigognes devaient survoler le mausolée où repose cet officier qui fut au service de la France durant la Première Guerre Mondiale.

Le parcours de Milan Ratislav Štefánik aura effectivement été pour le moins singulier. Né le 21 juillet 1880 à Košariská [Empire austro-hongrois], il entame des études d’ingénieur en génie civil, conformément à la volonté de son père, un pasteur de l’église luthérienne. Mais, finalement, il change de voie pour étudier les mathématiques et l’astronomie à l’Université Charles de Prague.

Fervent patriote slovaque, il s’oppose à la « magyarisation » de son pays et estime qu’une alliance slovaco-tchèque est nécessaire pour que la Slovaquie et la Tchèquie, qu’il voit comme étant les « deux particules d’une même nation » puissent accéder à l’indépendance.

En 1904, Štefánik arrive à Paris pour continuer ses études d’astronomie. Assistant du professeur Jules Janssen à l’observatoire de Meudon, il se consacre totalement à cette discipline, enchaînant et les publications d’ouvrages scientifiques et les expéditions d’observation astronomique dans le monde pour le compte du gouvernement français.

C’est ainsi que, par exemple, il sera envoyé à Tahiti par le bureau des longitudes, pour y observer le passage de la comète de Halley en 1910 et l’éclipse solaire du 28 avril 1911 à Vavau [Tonga]. Il y gagnera le surnom de « Taatahio fetia » [« l’homme qui regarde les étoiles » en tahitien]. Ses travaux lui valent la Légion d’Honneur.

Initialement, Štefánik n’avait pas l’intention de s’établir durablement en France… Mais finalement, il changera d’avis… au point d’obtenir la nationalité française en 1912 et de s’engager dans l’armée lors de la Première Guerre Mondiale. Et cela, malgré une maladie d’estomac, pour laquelle il subira – sans succès – deux opérations chirurgicales.

Le scientifique rejoint alors l’école d’aviation militaire de Chartres, où il obtient son brevet de pilote. Il est ensuite affecté à l’escadrille MF-54, alors déployés dans les environs d’Arras. Montant rapidement en grade, il est blessé en 1915. Puis, il s’active pour former une escadrille qui, formée de volontaires slovaques et tchèques, devait alors être envoyée en Serbie. Mais Štefánik n’ira pas au bout de cette mission : tombé gravement malade, il est finalement rapatrié.

Dès lors, Štefánik va s’employer à la création d’un État libre et indépendant pour les Tchèques et les Slovaques. Et il rencontre à Paris Edvard Beneš et Tomáš Masaryk et s’attache à plaider la cause tchéco-slovaque auprès du gouvernement français, qui lui prête une oreille attentive. Dans la foulée, il co-fonde le Conseil national tchécoslovaque et se charge d’organiser une armée tchéco-slovaque indépendante.

Ainsi, et après s’être rendu en Roumanie pour recruter des volontaires dans les camps de prisonniers et aux États-Unis pour y trouver des financements, Štefánik prend part à la rédaction du « Décret de constitution de l’armée tchécoslovaque en France », proclamé le 16 décembre 1917.

Puis, selon sa notice biographique publiée par l’ECPAD, il continue inlassablement à former des « légions tchécoslovaques en Italie [février 1918] et en Russie [mars 1918] ». Il est promu général en juin 1918 alors qu’il se trouve en Sibérie pour convaincre ses troupes de continuer le combat contre les « bolcheviks » afin que la future Tchécoslovaquie puisse gagner le soutien des grandes puissances mondiales.

Puis, en octobre, après les négociations de Genève, le général Štefánik est nommé ministre de la Guerre du nouveau gouvernement tchécoslovaque. En 1919, dans le cadre de ses nouvelles fonctions, il entreprend de faire acheminer les légions tchécoslovaques vers leur nouvelle patrie, désormais et indépendante.

Rappelé d’urgence à Bratislava pour contrer une offensive de l’armée de l’éphémère République soviétique hongroise, le général Štefánik perd la vie dans l’accident de son avion, un Caproni Ca.33, qui s’était envolé d’Italie. Si officiellement, ce drame aurait été causé par une panne de moteur, s es circonstances n’ont jamais été totalement éclaircies.

« C’était un cœur rare, une âme noble, un esprit extraordinaire qui s’est entièrement dévoué pour notre cause dès que les circonstances l’exigeaient. Il mérite la reconnaissance de l’humanité entière. Sa présence va nous manquer. Son souvenir va vivre dans les cœurs de nous tous », dira, sur sa tombe, le maréchal Foch.

Considéré comme étant le « père » de la nation slovaque, le général Štefánik a donné son nom à un astéroïde orbitant dans la partie externe de la ceinture d’astéroïdes, entre Mars et Jupiter.

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