Une nouvelle attaque de l’État islamique fait au moins neuf tués dans le sud de la Libye

Alors que l’attention se porte sur l’offensive lancée par l’Armée nationale libyenne [ANL] du maréchal Khalifa Haftar contre les milices qui disent soutenir le gouvernement d’entente nationale [GNA] dirigé par Fayez al-Sarraj, la branche libyenne de l’État islamique [EI] en profite pour passer à l’attaque.

Ainis, le 9 avril, l’organisation jihadiste, qui a pendant un temps, contrôlé la ville de Syrte avant d’en être chassée en décembre 2016, s’en est pris à la localité de Fuqaha, contrôlée par les forces du maréchal Haftar. Un chef de la garde municipale et un responsable local ont été assassinés et une troisième personne a été enlevée. Et plusieurs bâtiments ont été incendiés.

Puis, à l’aube de ce 4 mai, et selon un mode opératoire qui rappelle celui de Boko Haram, au Nigéria, des hommes armés ont lancé un assaut contre une caserne abritant le 160e bataillon de l’ANL et située à Sebha, une ville du sud de la Libye. A priori, l’un de leurs objectifs était de libérer des prisonniers retenus dans cette enceinte militaire. Le bilan de cette attaque est d’au moins 9 morts.

« Le siège du centre de formation [militaire] à Sebha a été la cible d’une attaque terroriste à l’aube de la part d’éléments de l’EI, soutenus par des groupes criminels et des mercenaires », a en effet indiqué Hamed al-Khayali, le maire de la ville, à l’AFP. « L’attaque a fait neuf morts, […] dont certains ont été égorgés et d’autres tués par balles. Ce bilan a été confirmé par Oussama al-Wafi, le porte-parole du Centre médical de Sebha (CMS).

Plus tard, Amaq, l’agence de propagande de l’EI, a revendiqué l’attaque contre la caserne de l’ANL, via la messagerie Telegram.

« Les soldats du califat ont attaqué à l’aube le siège du commandement de la région militaire de Sebha sous le contrôle des milices hérétiques de Haftar connu sous le nom de Katibat Jibril al-Baba », a ainsi assuré l’EI, qui affirme avoir « tué et blessé » 16 personnes. Et d’ajouter que « tous les prisonniers séquestrés sur la base ont été libérés. »

Pour appuyer sa revendication, l’EI a publié des photographies de l’attaque. Sur l’une d’elles, on voit des jihadistes sur un char, dont on ignore l’état de fonctionnement.

L’ANL avait pris le contrôle de Sebha, située à 650 km au sud de Tripoli, après avoir obtenu le ralliement des tribus locales.

« Les extrémistes islamistes, en particulier ceux qui sont liés à l’EI, ont continué de profiter de la fragmentation du pays, de la porosité des frontières terrestres et de la faiblesse persistante des institutions de l’État. L’organisation utilise les régions reculées du centre et du sud de Libye pour former et recruter des membres et préparer des attentats », avait relevé un rapport des Nations unies, publié en janvier dernier.

Dans l’entretien qu’il a donné au Figaro, le 3 mai, Jean-Yves Le Drian, le ministre français des Affaires étrangères, a affirmé que la branche libyenne de l’EI avait été renforcée par des combattants venus de Syrie.

Lors de son point presse quotidien, le Quai d’Orsay a été interrogé sur cette affirmation de M. Le Drian. « Outre le renseignement à notre disposition, que nous ne pouvons pas dévoiler pour des raisons évidentes, la circulation de jihadistes entre les théâtres libyen et syrien est largement documentée par la presse », a-t-il répondu.

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