Le ministre britannique de la Défense, Gavin Williamson, a été limogé

Kinver’s MP Gavin Williamson, the Government’s new Chief Whip. Pic – Phil Loach

Ce 1er mai, la cheffesse du gouvernement britannique, Theresa May, a fait preuve d’autorité en congédiant, sans autre forme de procès, son ministre de la Défense, Gavin Williamson, soupçonné d’avoir commis des indiscrétions au sujet de la décision de Londres d’autoriser l’équipementier chinois Huaweï à participer de manière limitée au déploiement de la 5G au Royaume-Uni.

« La Première ministre a ce soir demandé à Gavin Williamson de quitter le gouvernement, après avoir perdu confiance dans sa capacité à assumer les fonctions de ministre de la Défense et de membre de son cabinet », a en effet indiqué Downing Street.

Selon la même source, M. Williamson sera par conséquent remplacé par Penny Mordaunt [photo ci-dessous]. Jusqu’alors secrétaire d’État au Développement international, cette dernière connaît bien le ministère britannique de la Défense [MoD] pour avoir été ministre déléguée aux Forces armées du 14 juillet 2016 au 9 novembre 2017.

La semaine passée, le quotidien The Telegraph a révélé que le gouvernement britannique était prêt à donner son feu vert à la participation de Huawei au réseau 5G du Royaume-Uni, malgré les avertissements des États-Unis et les réticences de l’Otan. Cette décision avait été prise lors d’un onseil de sécurité nationale [National Security Council, NSC], présidé par Mme May et composé de ministres ainsi que de hauts responsables de la sécurité. Chaque participant est tenu à un devoir de confidentialité selon le « Official Secrets Act ».

Étant donné que la 5G permettra d’accélérer les échanges de flux de données toujours plus importants et aura des applications dans le domaine militaire, l’Otan a prévenu que l’implication du groupe chinois dans le déploiement de cette technologie allait augmenter le risque d’espionnage. Et cela d’autant plus que la loi chinoise impose aux entreprises ayant leur siège social en Chine de collaborer avec les services de renseignement.

Le 30 avril, un responsable de la diplomatie américaine, Robert Strayer, a affirmé que Huawei « n’est pas un fournisseur de confiance » et que l’utilisation de sa technologie dans les réseaux 5G constitue « un risque ». Et il a prévenu que les États-Unis auraient à « réévaluer leur capacité à partager des informations et à être interconnectés » avec les pays ayant recours à « fournisseur non fiable ».

Et cela serait d’autant plus problématique pour le Royaume-Uni, qui, en matière de renseignement, fait partie des « Five Eyes », c’est à dire l’alliance qui permet d’échanger des renseignements avec les États-Unis, le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande.

En outre, l’opérateur britannique Vodafone a indiqué avoir découvert, il y a quelques années, des « portes dérobées » dans des équipements founis par Huawei à sa filiale italienne. Comme d’habitude, le groupe chinois a assuré avoir fait le nécessaire pour remédier à ce problème. Mais il n’en reste pas moins qu’il a pu avoir un accès non autorisé au réseau fixe de l’opérateur en Italie.

Par ailleurs, le limogeage de M. Williamson survient à une période compliquée pour Mme May, en raison du Brexit. Ces dernières semaines, les « ténors » du parti conservateur ont soigné leur image dans l’espoir de lui ravir sa place… qu’elle laissera dès qu’un accord de divorce avec l’UE serait approuvé au Parlement. En outre, le désormais ancien ministre de la Défense avait défendu bec et ongles la nécessité d’augmenter le budget des forces armées britanniques, quitte à défier publiquement la Première ministre.

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