Camerone 2019 : La Légion étrangère met le colonel Loïc Corbel et « l’esprit de sacrifice » à l’honneur
Le chef d’état-major de l’armée de Terre, le général Jean-Pierre Bosser, ne cesse de mettre en avant « l’esprit guerrier », c’est à dire ce « supplément d’âme » qui fait que l’on gagne des batailles. Et pour cela, il faut, explique-t-il, « développer chez chacun l’intelligence de situation, l’audace, la rusticité, la détermination nécessaire pour comprendre plus vite, agir plus fort et durer plus longtemps. »
La Légion étrangère va encore plus loin. En effet, à l’occasion du 156e anniversaire du combat de Camerone, son commandant [COMLE], le général Denis Mistral, a souhaité mettre à l’honneur « l’esprit de sacrifice », lequel a deux dimensions.
Il y a d’abord, explique-t-il, le « sacrifice au quotidien », qui est une « privation que l’on s’impose volontairement ou que l’on est forcé de subir, soit en vue d’un bien ou d’un intérêt supérieur, soit par amour pour quelque chose ou quelqu’un ». Et puis il y a le « sacrifice suprême », qui consiste à donner sa vie pour les autres et/ou une « idée ».
« L’homme est quelque chose qui vaut la peine d’être dépassé et le dépassement suprême, c’est de risquer sa vie pour quelque chose que l’on croit supérieur à soi-même, et c’est là où l’on trouve le mystère de la guerre et de ces hommes qui font de leur mort l’accomplissement de toute une vie », a ainsi résumé le commandant Hélie Denoix de Saint-Marc, cité par le général Mistral.
Pour ce dernier, « la Légion étrangère, par ses valeurs, ses traditions, son histoire, l’hommage qu’elle rend à ses morts et l’assurance qu’elle donne de ne jamais les oublier, offre un cadre exceptionnel à cet esprit de sacrifice. Magnifié ainsi, il s’impose à tous et sans jamais éluder la terrible question de la mort, rassure, exalte l’engagement et permet d’espérer. »
Mais pour les chefs, cet esprit de sacrifice oblige. « Au combat, le le chef, qui commande à des hommes animés de l’esprit de sacrifice, a l’impérieux devoir d’honorer ce don de soi en mettant tout en oeuvre pour concevoir une manœuvre épargnant leur vie autant que faire se peut. Au don de soi absolu de ses hommes, qui autorise tous les courages et tous les héroïsmes, le chef doit répondre par le don absolu de sollicitude, qui noue toute confiance », fait valoir le général Mistral.
Sans doute que le colonel Loïc Corbel illustre cet esprit de sacrifice que le COMLE veut mettre en avant. Désigné pour porter la main du capitaine Danjou, qui commandait les légionnaires lors du combat de Camerone, cet officier aura eu parcours exemplaire.
Né le 4 juillet 1928 à Rennes, Loïc Corbel a juste 20 ans quand il s’engage au titre de l’École spéciale militaire interarmes. Ayant choisi de servir dans l’infanterie, il est nommé sous-lieutenant en octobre 1950, puis affecté au 27e Régiment d’Infanterie, alors implanté à Dijon. Il n’y restera pas longtemps car, quelques mois plus tard, il se déclare volontaire pour rejoindre la Légion étrangère, qu’il rejoint à Sidi Bel-Abbès, en août 1952. Puis il part au Tonkin, où il est affecté au 1er bataillon du 2e Régiment étranger d’infanterie [REI].
Le jeune officier ne tarde pas à s’illustrer. Le 2 novembre 1952, à la tête d’un détachement de premier échelon, il contraint le Vietminh à un retrait précipité, libérant ainsi un important point de passage pour le reste des troupes française à Ninh Gieng. Cela lui vaut une citation à l’ordre de l’armée avec attribution de la croix de Guerre des Théâtres d’opérations extérieures avec palme.
Le mois suivant, à Hung-My, avec ses légionnaires, il met en échec une violente attaque en infligeant de lourdes pertes à l’ennemi, qui laissera derrière lui l’armement complet d’une section. Puis, en 1953, le lieutenant Corbel sera blessé à deux reprises, la première fois lors de la prise du village de Dao Xa, la seconde au cours d’un assaut près de Dong Xa. « Modèle de courage et d’abnégation, il est de nouveau cité avec palme » et la Légion d’Honneur lui sera attribuée le 19 avril 1954.
Bien qu’inapte temporairement à servir en raison des blessures qu’il a reçues, l’officier se porte volontaire pour « sauter » sur Dien Bien Phu alors qu’il n’a pas le brevet de parachutiste. La raison l’emporte finalement et il est alors désigné pour être l’aide camp du général commandant la 2e Division militaire du Tonkin. Il se distingue à nouvean en juillet 1954, lors des des opérations de désengagements du saillant de Luc-Nam.
L’affaire indochinoise terminée après les accords de Genève, le lieutenant Corbel prend le commandement de la 6e compagnie de 2e REI. En 1956, son régiment envoyé en Algérie, il va de nouveau s’illustrer lors d’une série d’actions contre les rebelles, à l’image de celles conduites en avril 1957. Lors combats de Krouadi et du djebel Bes Seba, les légionnaires du lieutenant Corbel infligent des pertes sévères aux fellaghas, lesquels laissent sur le terrain 24 tués, 6 prisonniers, 33 armes de guerres et d’importants documents.
Promu capitaine le 1er octobre 1957, Loïc Corbel est alors décrit comme étant un officier ayant « un sens tactique développé et un courage exemplaire. » Jusqu’en juillet 1959, il enchaîne les opérations contre les fellaghas, ce qui lui vaut d’être blessé une nouvelle fois au combat… mais aussi plusieurs citations.
Puis, le capitaine Corbel quitte l’Algérie pour rejoindre le Bataillon de Légion étrangère, alors installé à Madagascar, en qualité d’officier sécurité et de chef du bureau opération. Et, en octobre 1961, à Djibouti, il prend le commandement de la 2e compagnie de la Bataillon de marche de la 13e Demi-brigade de Légion étrangère. Unité qu’il retrouvera en 1970 pour en devenir le commandant en second, après plusieurs affectations en métropole.
Nommé en lieutenant-colonel en avril 1972, il est affecté à la Direction du personnel militaire de l’armée de Terre [DPMAT]. Homme d’action dans l’âme ne pouvant qu’espérer des postes en état-major, Loïc Corbet quitte le service actif en octobre 1974 pour entamer une carrière dans le civil, où s’impliquera dans la commercialisation d’équipements militaires pour le compte de grandes entreprises françaises, dont Berlin et Renault véhicules industriels [« ancêtre » d’Arquus, ndlr]. Humble, il estime qu’il n’a fait que servir son pays « au mieux, souvent à grands risques ».
Commandeur de l’ordre national de la Légion d’honneur, le colonel Corbel est titulaire de huit citations et compte trois blessures de guerre.
Pour la cérémonie marquant l’anniversaire du combat de Camerone, le colonel Corbel sera accompagné par le major William Istre, l’adjudant-chef Viktor Brabec, l’adjudant Sébastien Raynard et le brigadier-chef Nassufou Abdallah. Tous ont des états de service éloquents.
Selon une règle non-écrite, le porteur de la main du capitaine Danjou et ses accompagnateurs doivent avoir quitté le service actif. « Le grade n’a aucune importance. Il n’est pas rare que le porteur soit un légionnaire ou bien un général. Seuls comptent les états de service », explique la Légion étrangère. Où quand l’esprit de corps rejoint l’esprit guerrier et l’esprit de sacrifice…
Photos : Légion étrangère
SUPERBE CORPS que j’ai eu l’honneur de cotoyer en Guyane ,du moins une de ses prestigieuses unités le 3 REI
Sacré carrière ce colonel! Et il est bien de célébrer les morts mais les vivants aussi….
La Légion c’est le Graal ultime des troupes combattantes!
Immense Respect pour ces surhommes valeureux et sans peur!
« Homme d’action dans l’âme ne pouvant qu’espérer des postes en état-major, etc… »
N’est-ce pas antinomique « homme d’action » et « postes en état-major » ????
C’est effectivement mal tourné. Il les a fui. L’auteur voulait vraisemblablement dire qu’à son grade, il ne pouvait plus que s’attendre à des postes d’état-major.
espérer ici dans le sens de attendre. Comme il ne peut qu’attendre des postes en état-major, il quitte le service actif.
» et ne pouvant qu’ esperer.. »
Je suppose
Ah bon…. Foch, castelnau, juin, Bigeard, ont servi en état major. Il ne vous est pas apparu qu’une action doit être pensée pour avoir plus de chance de réussir ? Si vous êtes militaire, vous connaissez certainement des officiers de qualité qui ont agi et pensé.
Formé à « l’Ecole Spéciale Militaire Inter-Armes » et oui, car de 1947 à 1961 les deux recrutements étaient fusionnés, sous l’influence de De Lattre, nous apprends Wikipédia…
Quitter l’activité alors que l’on a été affecté à la DPMAT, c’est effectivement montrer que l’on est totalement désintéressé de son propre avancement, et de « faire carrière »…
Honneur à cet officier de légion, et à la Légion de savoir ainsi se souvenir le jour de Camerone des anciens ayant choisi une deuxième carrière civile, après des états de services glorieux !
Haaa la légion que dire de la légion, un corps, un esprit a tout épreuve, un corps dont la renommé connu du monde entier n’est plus a faire. J’ai eu l’honneur de rencontrer un des leur, du 2 REI, un ancien d’indo, (au sud Anam)un sacré bonhomme.
Joyeuse Camerone a tous les légionnaires, comme ceux du présent comme a ceux du passé.
Un esprit de corps, une solidarité dont pourraient s’inspirer nos jeunes dans les collèges et les lycée, vu la situation actuel de notre jeunesse hélas.
Alors pour moi, gendarme, la légion, c’est un total respect. Ce sont des militaires exemplaires, des combattants hors normes et d’une loyauté indéfectible. Au niveau de l’engagement et de la tradition, c’est ce que la société civile et les militaires en général, devrait regarder et suivre l’exemple, je parle pour les jeunes générations. La légion, c’est « je donne sans compter, pour mon chef, pour le drapeau, pour le pays ».
Bonjour.
Merci pour ces mots. Il m’est arrivé dans le passé de s’entrainer avec les gendarmes au maintien de l’ordre avant une opération extérieure. On s’était bien « amusé »: les boucliers cassés, les visières des casques arrachées, une ou deux arcades ouvertes et un nombre incalculable de cannettes de bière bue le soir au foyer. Et même en dehors du travail le respect mutuel entre nous les légionnaires et les gendarmes se traduit par les échanges chaleureuses lors des contrôles routier. Il est encore le temps de venir ce soir, le 30 avril, pour le bal de Miss Képi Blanc au régiment de la Légion le plus proche de chez-vous, venez nombreux.
@ Jean la Gaillarde,
Hihihi !!! Ca m’a toujours fait rigoler…………jaune, ce genre de discours digne d’une pouffiasse du café de la gare !!!
Mais bien sûr, chacun pense ce qu’il veut ! 😉
Je ne comprend pas !!!
Jean la Gaillarde,
Attention toutefois, si ces hommes sont d une grande exemplarité sous le drapeau français,ils n en restent pas moins des êtres humains avec des failles redoutables.Les faits tragiques qui se sont déroulés à Lourdes ( mardi 23 avril):prise d otages, tirs sur la police et tir sur ex compagne sont le fait d un ex légionnaire.
https://www.lasemainedespyrenees.fr/2019/04/25/lourdes-le-preneur-dotages-ecroue-et-mis-en-examen-sequestration-tentatives-de-meurtres-sur
Je vous parle de l’engagement, de la loyauté au combat, de la loyauté au chef, de l’esprit de sacrifice ….. il n’y a pas besoin d’être légionnaire pour faire des conneries ….. il n’y a qu’à voir ce que font certains gilets jaunes !!!!!!!
En plus, le gars serait militant CGT, on n’évoquerait pas son passé. Mais quand il a été para ou légionnaire, l’info remonte systématiquement…
Bizarre, bizarre, vous avez dit bizarre…
PK,.
Sans rire, vous n’ avez jamais vu un article traitant d un fait divers commençant par:
Un agriculteur à la retraite…
Un retraité de la SNCF…
un ancien….etc.
Jean la Gaillarde,
Je ne vous contredis pas sur l exemplarité des légionnaires sous les drapeaux par rapport à d autres corps d armée, voire même à une grande partie de la société civile.Mon commentaire n est pas non plus un réquisitoire contre la légion.
Je ramenais juste à l humain et à ses failles,pour apporter un peu de modération à votre enthousiasme.Parce que je pense qu une partie de la société civile,même sans les rigueurs du règlement militaire ,ne démérite pas.Pour ceux qui ne rament pas dans le bon sens, la faute à qui?
J ai la réponse et j ai aussi le remède….Cordialement.
Légion Patria Nostra
A cette époque, au sortir de la 2ème Guerre mondiale il fallait faire ses preuves avant de gagner ses gallons ; au feu , blessures, LH, un temps certain , avant de passer au grade supérieur. Sept années , deux théâtres de guerre pour accéder au grade de Cne ! maintenant l’avancement est fulgurant , je regarde le service de Santé où les médecins se retrouvent avec cinq gallons sur les épaules en moins de temps qu’il ne le faut pour le dire ou bien la gendarmerie qui s’est alignée sur les grades des policiers avec la facilité de la parité…
Chapeau bas à ce Colonel de Légion, il a amplement mérité les honneurs de son corps !
A l’époque, l’armée était de conscription.
A la légion encore aujourd’hui, l’avancement ne se fait pas si facilement quand on commence en bas.
Les médecins des armées sont formés par les armées et s’ils progressent rapidement en grade, c’est pour la rémunération, car ne croyez pas pouvoir garder grand monde avec un salaire de lieutenant quand dans le civil vous pouvez avoir le double.
D’ailleurs il faut avoir conscience que dans une armée professionnelle comme aujourd’hui, le grade n’est pas simplement un « permis » de commander qui se fait en fonction d’une masse de conscrits ou effectivement, le mérité est déterminant, c’est avant tout une avancée professionnelle et salariale permettant de garder des compétences. Oui bien entendu on pourrait recruter des EVAT comme pilote d’avions ou d’hélicoptères, sur les tableaux, ça donnerait un sentiment d’avoir moins d’officiers (qu’on estime souvent à tort avoir une fonction au nombre de subalternes à commander), mais cela serait-il sérieux vis à vis de leur rôle et de la nécessité de maintenir ces personnels qualifiés?
En réalité, nous avons certes professionnaliser l’armée, mais on a oublier de transformer la hiérarchie des grades et des rémunérations qui ne sont pas adaptés à une vraie armée pro, mais c’est aussi la prise de conscience qui n’a pas été faîte.
La Légion est une armée professionnelle depuis toujours, Le corps expéditionnaire Français envoyé en Indochine était composé exclusivement d’engagés volontaires.Quant aux médecins militaires, certes ils veulent des rémunérations à la hauteur de leurs études difficiles mais il ne faudrait pas qu’ils oublient que c’est l’état c’est à dire les contribuables qui ont payé leurs chères scolarités.J’ai connu l’époque des sous-officiers pilotes, pour s’aligner sur les américains(encore eux) tous les cochers sont passés officiers. Sauf dans la Gendarmerie sauf erreur de ma part il reste encore des sous-officiers pilotes. le standing, les soldes …
@ Polymères
Votre constat est réaliste.
Je ne sais pas si nous verrons une évolution qui le fera appartenir au passé.
Et pourtant c’est un problème majeur pour la fidélisation et la transmission des compétences.
Indochine, Algérie, belle carrière de « winner ».
Bon à la fin on se rattrape dans le deal d’armement.
Fais en donc la moitié, courageux combattant du clavier. Pour info Camerone c’est une défaite mais on célèbre le courage des legios y ayant participé.
Bonne direction mais vraiment trop court !
Me concernant il n’y a aucun risque que j’en fasse même le centième.
Prenant au premier degré la devise de mon pays: Liberté Egalité Fraternité.
Donc vraiment aucune chance que je me transforme en suppôt
du colonialisme.
« 24 tués »
Il faut dire neutralisés aujourd’hui 🙂