Selon Mme Parly, le budget des Armées ne servira pas à financer des mesures prises après le grand débat

Certains, notamment au sein des « gilets jaunes », se sont émus des 700 millions d’euros de dons annoncés par de grands groupes industriels pour financer la reconstruction de la cathédrale de Notre-Dame de Paris. Ainsi, Ingrid Levavasseur, une des « figures » du mouvement, a dénoncé « l’inertie des grands groupes face à la misère sociale alors qu’ils prouvent leur capacité à mobiliser en une seule nuit ‘un pognon de dingue’ pour Notre-Dame. »

Mais quand on fait un simple calcul, si l’on devait distribuer 700 millions d’euros ne serait-ce qu’aux 10 millions de Français les plus modestes, chacun d’entre-eux recevrait un peu moins de 6 euros par mois pendant un an. Autrement dit, cela reviendrait à disperser des moyens sans que la condition des bénéficiaires aient évolué significativement. Est-ce de la bonne politique? À chacun de se faire une opinion.

En tout cas, retirer des moyens aux armées pour financer des mesures sociales [ou équilibrer les finances publiques] est la tentation de beaucoup, comme l’a montré la restitution des contribution au grand débat national. Et tant pis si l’on envoie de jeunes soldats en opération avec des blindés vieux de 40 ans ou si la Marine nationale doit annuler des missions de police des pêches ou de lutte contre les trafics parce que l’une de ses frégates a une grosse avarie. D’ailleurs, c’est l’angle qu’a choisi le journaliste Jean-Pierre Elkabbach pour mettre sur le grill Florence Parly, la ministre des Armées, qu’il recevait ce 19 avril sur le plateau de CNEWS.

En effet, l’incendie de Notre-Dame ayant bousculé l’agenda de l’Élysée, le président Macron devait annoncer cette semaine des mesures décidées à l’issue du grand débat national. D’après des fuites dans la presse, il était notamment question de suspendre les fermetures d’écoles d’ici à 2022, de réduire l’impôt sur le revenu ou de réindexer les petites retraites sur l’inflation. Et cela ne sera pas sans conséquences sur les finances publiques, surtout après les 10 milliards déjà débloqués en décembre dernier pour répondre à certaines revendications exprimées lors du mouvement des « gilets jaunes ».

D’où la question posée par M. Elkabbach à la ministre des Armées. « Souvent, le budget de la Défense sert de variable d’ajustement. Quelles économies on vous a demandé de faire ou vous promettez de faire? », a-t-il demandé.

Visiblement, pour Mme Parly, ceux qui lorgnaient sur le budget des Armées en seront pour leurs frais. « On m’a permis de présenter une Loi de programmation militaire il y a moins d’un an au Parlement. […] Et le président de la République comme le Premier ministre ont récemment rappelé que, en un an, les menaces qui pèsent sur le monde […] n’ont pas diminué, ni faibli », a-t-elle souligné.

Par conséquent, et se fiant aux déclarations faites par le Premier ministre, Édouard Philippe, devant le Parlement, les « moyens qui étaient destinés au budget du ministère des Armées seront préservés », a assuré Mme Parly.

Effectivement, à l’Assemblée nationale, M. Philippe avait été très clair lors de la déclaration du Gouvernement relative au grand débat national, le 8 avril dernier.

L’un des grands absents « de ce grand débat, c’est la sécurité. Les sujets régaliens ne figuraient pas dans les questionnaires adressés aux Français. Ces thèmes auraient pu, comme d’autres, s’imposer. Cela n’a pas été le cas, et il faut relever que, lorsqu’on interroge les Français sur les économies à faire en matière de dépenses publiques, ceux qui ont répondu proposent d’abord de réduire notre effort de défense. Ce n’est pas, mesdames et messieurs les députés, le choix que nous avons fait, au contraire », avait déclaré le Premier ministre.

Et d’insister : « Le monde dans lequel nous vivons est dangereux, et il ne va pas l’être moins dans les années qui viennent. Ce danger peut être loin de nos frontières. Il peut aussi se manifester au plus près de chacun d’entre nous. Nous en avons été témoins très douloureusement ces dernières années. Nos intérêts doivent pouvoir être défendus. Nous n’allons donc pas changer d’orientation sur ces sujets. Mettre plus de policiers et de magistrats sur le terrain, donner à nos armées les moyens dont elles ont besoin, c’est plus que jamais notre engagement pour notre pays. »

Cela étant, en décembre dernier, Mme Parly avait été beaucoup moins affirmative sur l’impact éventuel sur le budget des armées des mesures sociales et fiscale qu’allait alors annoncer le président Macron. « Tous les ministres sont solidaires au sein d’un gouvernement et nous déciderons de la manière dont ces mesures auront vocation à être financées. Je n’exclus rien et, évidemment, je suis parfaitement solidaire des décisions que le gouvernement prendra », avait-elle affirmé sur les ondes d’Europe1.

Photo : ministère des Armées

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