La Corée du Nord affirme avoir testé une « nouvelle arme tactique » dotée d’une « puissante ogive »

Très attendu, le sommet entre les États-Unis et la Corée du Nord, organisé en février à Hanoï, s’est soldé par un échec, les deux parties n’ayant pas réussi à s’entendre sur la levée des sanctions visant l’économie nord-coréenne en échange du démantèlement complet du programme nucléaire conduit par Pyongyang.

En réalité, et d’après des rapports publiés par le groupe d’experts des Nations unies sur l’application des sanctions prises à l’égard de la Corée du Nord, l’Agence internationale de l’énergie atomique [AIEA] et le renseignement américain doutent de la volonté de Pyongyang d’oeuvrer à une dénucléarisation complète de la péninsule coréenne. Et plusieurs signaux suggèrent en effet que le programme nucléaire nord-coréen se poursuit, malgré les assurances données par Pyongyang.

Depuis l’échec du sommet de Hanoï, des travaux visant à remettre en état le site de lancement de Sohae, d’où furent lancées les fusées nord-coréennes, ont été constatées grâce à l’imagerie spatiale. Et, d’après le Centre d’études stratégiques et internationales [CSIS], basé à Washington, d’autres photographies, prises le 12 avril et fournies par DigitalGlobe, suggèrent que la Corée du Nord a repris ses activités d’enrichissement d’uranium à Yongbyon, où des « wagons spéciaux » ont été repéres.

Or, rappelle le CSIS dans un rapport publié le 16 avril, « dans le passé, ces wagons spéciaux semblent avoir été impliqués dans des mouvements de matières radioactives ou des campagnes de retraitement. » Aussi, estime-t-il que « les activité en cours, ainsi que leurs configurations, n’excluent pas qu’ils participent à de telles activités, avant ou après une campagne de retraitement. »

Dans le même temps, l’idée d’organiser un troisième sommet entre MM. Trump et Kim Jong-un est dans l’air. En tout cas, le chef du régime nord-coréen a dit être prêt à condition que les États-Unis fassent « preuve de plus de souplesse ». Et cela, après avoir évoqué, le mois dernier, une éventuelle reprise des essais de missiles…

Mais en attendant, ce n’est pas un missile que la Corée du Nord dit avoir testé, ce 18 avril… En effet, Pyongyang a indiqué que Kim Jong-un venait de « superviser » le tir d’essai d’une nouvelle « arme tactique », lequel a permis de valider le fonctionnement du « système particulier de guidage en vol et le chargement d’une puissante ogive. »

Aucune autre précision n’a été donnée sur la nature de cette arme, si ce n’est que Kim Jong-un a qualifié cet essai « d' »événement d’une très grande importance pour accroître la puissance de combat de l’Armée populaire » nord-coréenne. C’est quasiment au mot près la même déclaration servie en novembre dernier au sujet, aussi, d’une « nouvelle arme », pour laquelle aucun détail ne fut livré. A priori, il se serait agi d’un lance-roquettes multiples.

Est-ce la même qui a été testée ce 18 avril? En effet, selon l’agence officielle KCNA, Kim aurait lui-même « guidé le tir » sur « plusieurs cibles ». Et d’ajouter que l’essai a permis de valider le fonctionnement « système particulier de guidage en vol et le chargement d’une puissante ogive. »

Quoi qu’il en soit, un responsable militaire a confié à l’AFP depuis Séoul que rien n’a été détecté par les radars sud-coréens. « Quand la Corée du Nord lance un missile, nos radars le voient. Mais aucun missile n’a été détecté », a-t-il en effet assuré.

Ce test a été réalisé dans les mêmes conditions que celui effectué en novembre 2018, époque où la tenue d’un second sommet entre les États-Unis et la Corée du Nord était encore loin d’être acquise.

L’annonce de l’essai de cette nouvelle arme a été suivie par une déclaration de Kwon Jong Gun, le directeur général du département des Affaires américaines au ministère nord-coréen des Affaires étrangères. Selon KCNA, il a demandé le retrait pur et simple de Mike Pompeo, le chef de la diplomatie américaine, des discussions sur le nucléaire nord-coréen.

« Je crains que si M. Pompeo participe encore aux discussions, l’atmosphère sera mauvaise et les discussions vont à nouveau s’engluer. […] Par conséquent, dans le cas d’une possible reprise du dialogue avec les Etats-Unis, j’espère que notre homologue dans le dialogue ne sera pas M. Pompeo mais […] une personne qui sera plus attentive et mûre pour communiquer avec nous », a fait valoir le diplomate nord-coréen.

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