La Russie va participer à la Mission des Nations unies en Centrafrique avec une trentaine d’officiers

Depuis qu’elle a obtenu, auprès du Conseil de sécurité des Nations unies, l’autorisation de livrer des armes aux forces armées centrafricaines [FACa], la Russie n’a cessé d’étendre son influence en Centrafrique, via des accords de coopération dans les domaines économiques et militaires. En outre, des mercenaires employés par la société russe Wagner ont été déployés dans le pays pour veiller aux ressources convoitées par Moscou et assurer la protection du président Faustin-Archange Touadéra.

Qui plus est, la Russie a aussi investi le champ politique en parrainant des réunions avec les groupes rebelles centrafricains à Kharthoum, court-circuitant ainsi la médiation de l’Union africaine et les efforts de la Mission des Nations unies en République centrafricaine [MINUSCA]. Le tout étant assorti d’une réthorique anti-française… D’où la réaction de la France.

« La Centrafrique n’est pas un terrain de jeu. Ce n’est pas un terrain de compétition. Le seul sujet qui doit préoccuper ceux qui veulent s’occuper de Centrafrique, c’est […] la sécurité de ce pays et son développement, et non pas utiliser potentiellement les difficultés de ce peuple et de ce pays pour s’implanter dans un continent où il y aurait des ambitions voilées », avait ainsi lancé Jean-Yves Le Drian, le minsitre français des Affaires étrangères, lors d’un déplacement à Bangui, en novembre 2018.

Ces tensions au sujet de la Centrafrique ont failli compromettre la prolongation du mandat de la MINUSCA, en décembre dernier, la Russie ayant été à deux doigts de mettre son veto à une résolution présentée par la France, au motif que ce texte ne soulignait pas assez son « rôle positif » en Centrafrique.

Finalement, la Russie et la Chine ont choisi de s’abstenir, la résolution 2448 défendue par la France réaffirmant la nécessité de « mieux coordonner tous les efforts et initiatives menées sous la direction de l’Union africaine à l’appui de l’Initiative africaine pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine ».

Par ailleurs, ce texte sous-entend également que les unités des FACa formées par les Russes doivent obligatoirement être certifiées par la mission de l’Union européenne [EUTM RCA] avant de pouvoir bénéficier d’un appui de la part de la MINUSCA en vue de leur redéploiement sur le territoire.

Ce qui explique, sans doute, la décision que vient de prendre le Kremlin. En effet, après donc s’être abstenue sur la prolongation du mandat de la mission des Nations unies unies, la Russie va renforcer les effectifs de cette dernière.

« Le ministère russe des Affaires étrangères informera le secrétariat de l’ONU de la volonté de la Russie d’envoyer jusqu’à 30 militaires des Forces armées russes à la Mission multidimensionnelle intégrée pour la stabilisation en République centrafricaine », précise un effet un décret publié par le Kremlin, le 15 avril. Et de préciser qu’il s’agira d’officiers de liaison, d’observateurs militaires et d’officiers d’état-major.

« En étant un membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies, la Fédération de Russie est responsable du maintien de la paix et de la sécurité sur la planète. Ces dernières années, des militaires des Forces armées russes, ainsi que d’autres membres de la communauté internationale, ont participé aux missions pour prévenir ou éliminer des conflits internes et ethniques sur le territoire des anciennes républiques soviétiques et dans les pays étrangers. […] Les militaires russes ont réussi à faire leurs preuves en tant que soldats de la paix expérimentés et hautement qualifiés, capables d’accomplir leurs tâches de manière de qualité », fait valoir le ministère russe de la Défense, via son site Internet.

Pour rappel, la MINUSCA compte actuellement 11.165 soldats, auxquels s’ajoutent 163 observateurs militaires et 304 officiers d’état-major. Le commandement est assuré par le général sénégalais Balla Keïta, lequel a pour adjoint le général portugais Marco Serronha. L’état-major de la Force est commandé par le général français Rémi Seigle.

Cela étant, l’annonce que vient de faire Moscou donnera un vernis un peu plus officiel à la présence militaire russe en Centrafrique… où la France prendra la tête de l’EUTM RCA en juillet prochain.

L’un des enjeux principaux pour la Centrafrique est pour le moment le respect de l’accord de Khartoum, signé le 6 février dernier par le gouvernement centrafricain et 14 groupes armés, sous l’égide de l’Union africaine et des Nations unies.

Le passé enseigne que, en la matière, il convient d’être prudent : depuis 2013, 7 accords de ce type furent signés avant d’être dénoncés. D’ailleurs, celui de Karthoum a déjà failli connaître le même sort, la formation du nouveau gouvernement centrafricain ayant donné lieu à des tensions avec les groupes signataires, ces derniers s’étant estimés pas suffisamment représentés.

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