Pour contrer la menace de brouillage des signaux GPS, Mme Parly lance le programme OMEGA

Récemment, un rapport du Center for Advanced Defense [C4ADS], un centre de réflexion basé à Washington, a analysé pas moins de 9.883 cas d’usurpation GPS dans les environs de l’Ukraine, en Syrie, près des pays baltes et même en Russie, notamment à proximité des bâtiments gouvernementaux et des infrastructure sensibles [.pdf].

Ainsi, par exemples, des dizaines de navires naviguant vers le détroit de Kertch, par lequel on accède à la mer d’Azov depuis la mer Noire, ont signalé des problèmes de GPS, rendant leur système de navigation par satellite inutilisable. Pour le C4ADS, la conclusion coule de source : « La Russie continue à jouer un rôle de pionnier dans ce domaine, manifestant sa volonté non seulement de déployer ces capacités pour la protection de personnalités importantes et d’installations d’importance stratégique, mais également de tirer parti de ces techniques pour promouvoir ses activités aux frontières de la Syrie et de l’Europe », estime-t-il.

Ce rapport rejoint les affirmations de la Norvège et de la Finlande, selon lesquelles la Russie aurait brouillé les signaux GPS lors de l’exercice Trident Juncture 2018, mené par l’Otan en octobre dernier.

D’où la nécessité de se prémunir contre le brouillage ou l’usurpation des signaux de géolocalition satellitaire. À cette fin, la ministre des Armées, Florence Parly, a annoncé avoir décidé le lancement du programme OMEGA [Opération de Modernisation des Equipements GNSS des Armées], lequel visera à développer une capacité autonome de géolocalisation pour l’ensemble de systèmes d’armes [avions, navires, etc] en prenant en compte le système européen Galileo et la mise en service des satellites américains GPS III.

« Omega permettra de faire face aux futures menaces d’interférence et de brouillage de notre radionavigation par satellite à partir de 2023, en tirant parti des performances et de l’indépendance de Galileo », a ainsi expliqué Mme Parly, alors qu’elle visitait le site dédié aux activités « radar » de Thales, à Limours, ce 15 avril.

La ministre n’a pas précisé le montant de ce programme. Cependant, le quotidien Les Échos a évoqué un investissement de 272 millions d’euros. Une somme qui vient s’ajouter aux 492 millions d’euros devant financer un autre projet : celui relatif à la réalisation du segment sol du système Syracuse. Son lancement a également été annoncé par Mme Parly.

Pour rappel, autrefois appelé « COMSAT NG », le programme Syracuse 4 vise à remplacer les satellites Syracuse 3A et 3B par deux (voire trois) nouveaux engins devant être mis sur orbite géostationnaire par deux lanceurs Ariane 5 entre 2020 et 2022.

L’un de ces satellites, basé sur une plate-forme Spacebus Neo, sera fourni par Thales Alenia Space tandis que l’autre sera fourni par Airbus Defence & Space. Ils donneront aux forces françaises d’importantes capacités de communication en bande X et en bande ka militaire ( de l’ordre de 3 à 4Gb/s) tout en étant « résistants » à différentes sortes de menaces [cybernétique, brouillage et même explosion nucléaire en haute altitude].

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