Mer d’Azov : Le Sénat russe adresse une sévère mise en garde à Kiev au sujet du détroit de Kertch

Bordée par l’Ukraine et la Russie, la mer d’Azov est séparée de la mer Noire par le détroit de Kertch, situé entre la Crimée et la péninsule [russe] de Taman. En décembre 2003, Kiev et Moscou trouvèrent un terrain d’entente pour y garantir la liberté de navigation.

Ainis, la mer d’Azov ce vit accorder le statut « d’eaux intérieures de l’Ukraine et de la Russie » tandis que le passage du détroit de Kertch ne devait pas être soumis à de quelconques contraintes, y compris pour les navires militaires.

L’annexion de la Crimée par Moscou, en mars 2014, a changé la donne, en particulier pour ce qui concerne le détroit de Kertch. En effet, la Russie en contrôle désormais les deux rives. Théoriquement, et comme la convention établie en 2003 est caduque, il existe un « droit de passage inoffensif », comme pour les eaux territoriales d’un pays. Mais en pratique, l’État qui en a totalement le contrôle peut faire ce qu’il veut.

Par ailleurs, la Russie a contruit un pont reliant les deux rives du détroit. Mais avec une petite subtilité : l’ouvrage d’art est trop bas pour laisser passer les navires de plus de 33 mètres de haut. « 140 bateaux ont été mis hors jeu », a confié, en octobre dernier, Alexandre Oleïnik, le directeur du port de Marioupol, au quotidien Le Monde. Et, à cela, il vient s’ajouter le zèle de la garde-côtière russe, qui multiplie les contrôles à la fois longs et coûteux pour les armateurs.

D’où le problème pour Kiev : les ports situés sur le littoral de la mer d’Azov étant cruciaux pour les exportations ukrainiennes de céréales et d’acier, toute entrave à la navigation commerciale ne peut avoir que des conséquences néfastes sur l’économie.

En novembre 2018, trois navire ukrainiens ont été arraisonnés par les garde-côtes russes dans les environs du détroit de Kertch, au motif qu’ils n’auraient pas respecté les procédures désormais en vigueur. Cet incident, qui a donné lieu à un regain des tensions entre Kiev et Moscou, a motivé en partie la décision de l’Otan de renforcer sa présence navale en mer Noire afin de dissuader « une Russie très agressive ».

D’où l’avertissement lancé le 10 avril par le Conseil de la Fédération de Russie [le Sénat russe]. « Le passage de navires ukrainiens dans le détroit de Kertch n’est pas une question d’équilibre des forces ni de la présence de l’Otan dans la région de la mer Noire. Il s’agit exclusivement d’un problème de respect par l’Ukraine de procédures établies qu’elle connaît bien pour les avoir suivies avec succès jusqu’en novembre 2018 », indique le texte.

« Les tentatives de l’Ukraine pour contourner ces procédures font peser le risque d’une conflit militaire entre l’Ukraine et la Russie. L’Otan pourrait être impliquée », ont prévenu les sénateurs russes.

En outre, le Sénat russe a également dénoncé la présence croissante de de l’Otan en mer Noire, après avoir souligné qu’il en allait de même dans la région de la Baltique.

« Le soutien de l’Otan à la Géorgie lors des événements tragiques d’août 2008 et maintenant à l’Ukraine, en particulier lorsque des navires de guerre ukrainiens ont illégalement franchi le détroit de Kertch incite les dirigeants de ces deux pays, certains de leur impunité, à se lancer dans plus d’aventures », est-il avancé dans ce communiqué.

S’agissant de la Géorgie [qui souhaite intégrer l’Otan], le texte fait référence à la guerre qui opposa Moscou à Tbilissi au sujet de l’Ossétie du Sud, une région séparatiste géorgienne. La Russie a reconnu l’indépendance de cette dernière ainsi que celle de l’Abkhazie [autre région sécessioniste géorgienne] et y a renforcé sa présence militaire. Seulement, la situation de ces deux territoires n’est pas reconnue par la communauté internationale.

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