Le Rafale sera évalué par la force aérienne suisse en mai prochain

Faute de pouvoir remplacer ses avions F-5 Tiger II par 22 Gripen E/F, comme cela avait été prévu en 2014, la force aérienne suisse est dans l’obligation de moderniser ses F/A-18 Hornet pour leur donner le potentiel nécessaire pour « tenir » jusqu’à leur retrait du service, conformément aux orientations du plan « Air 2030 ».

Seulement, l’opération ne se passe pas exactement comme attendu. En effet, le 2 avril, l’état-major suisse a prévenu que la disponibilité des F/A-18 allait être réduite, RUAG, l’industriel chargé de leur modernisation, s’étant rendu compte que « certaines pièces de rechange ne sont pas adaptées à la structure des avions. »

« Le retard encore indéfini ainsi provoqué dans l’assainissement de cette structure a aussi des conséquences sur le reste de la flotte dans la mesure où cela bloque, chez RUAG, les capacités dévolues aux travaux de maintenance qui surviennent régulièrement », a expliqué Armasuisse, l’office fédéral de l’armement.

Résultat : la force aérienne suisse ne dispose actuellement que de 10 F/A-18 disponibles, alors qu’il lui en faudrait au moins 12 pour assurer ses missions. « . Il faut s’attendre encore à d’autres situations de réduction de la disponibilité des avions de combat jusqu’en 2024, année prévue pour la fin du programme » de modernisation, a encore averti Armasuisse.

Dans le même temps, le processus d’acquisition de nouveaux avions de combat a été lancé. Cinq candidats sont en lice, dont le F-35 de Lockheed-Martin, le F/A-18 Super Hornet de Boeing, le Rafale de Dassault Aviation, l’Eurofighter Typhoon et le JAS-39 Gripen E/F, ces trois derniers ayant déjà été évalués, en 2008, par Armasuisse. Mais les résultats obtenus précédemment étant « périmés », il faudra donc qu’ils renouvellent cet exercice.

Le 8 avril, Berne a précisé le calendrier de ces évaluations, lequelles dureront 15 jours pour chaque candidat. Le premier qui ouvrira le bal, et cela dès cette semaine, sera l’Eurofighter Typhoon. Puis viendra le tour du F/A-18 Super Hornet [22 avril/ 5 mai] et celui du Rafale, entre le 13 et le 26 mai. Le F-35 est attendu à Payerne au début du mois de juin, puis le Gripen E/F lui succèdera.

L’ordre de passage ne trahit pas une quelconque préférence : il a été établi par ordre alphabétique.

« Les essais incluent huit missions comportant des tâches spécifiques. Chaque mission est effectuée avec un ou deux avions de combat. L’objectif des missions est de vérifier les capacités des avions ainsi que les données des offres reçues. Un vol aura lieu de nuit, mais se terminera dans tous les cas avant minuit. Un vol d’introduction aura lieu avant les essais en vol et au sol pour permettre aux pilotes étrangers de se familiariser avec l’espace aérien suisse », a précisé Armasuisse.

Pour rappel, en 2008, le Rafale avait obtenue la moyenne de 6,71 lors des évaluations menées dans l’appel d’offre lancé pour remplacer les F-5 Tiger II. Et l’Eurofighter s’était classé second (6,2). Malgré tout, ce fut le Gripen E/F qui fut choisi par Berne.

Par ailleurs, s’agissant du futur système de défense sol-air de longue portée (DSA) suisse, qui fait également l’objet d’un appel d’offres, tout se jouera entre le Patriot PAC-3, présenté par l’américain Raytheon, et le SAMP/T du consortium Eurosam [Thales et MBDA]. Le système « David’s Sling » [Fronde de David] israélien n’a finalement pas été proposé.

« De mai à juillet 2019, plusieurs équipes du DDPS [*] évalueront l’efficacité des différents systèmes, leur maintenance et la formation requise. De mi-août à fin septembre 2019, les capteurs des systèmes de défense sol-air seront testés en Suisse afin de vérifier la performance indiquée du radar de façon ponctuelle, par des mesures au sol et sur cibles en vol. Aucun essai de tir ne sera effectué », ont précisé les autorités suisses.

Selon les spécifications exigées par Berne, le système retenu devra couvrir une surface de 15 000 km2 au moins et être en mesure d’atteindre une altitude d’engagement de plus de 12 000 m et une portée supérieure à 50 km. La capacité de défense contre les missiles balistiques n’est pas requise.

[*] Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports

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