Grand débat national : La Défense arrive en tête des domaines où l’État devrait faire des économies

Pour répondre au mouvement des « gilets jaunes », le gouvernement a ouvert un « grand débat national » et invité le plus grand nombre à s’y exprimer autour de quatre grands thèmes : « Fiscalité et dépenses publiques », « Organisation de l’État et des services publics », « Démocratie et citoyenneté » et « Transition écologique ».

Selon les chiffres du gouvernement, ce grand débat a suscité 1,9 million de contributions en ligne, 27.000 courrier et courriels, 16.000 cahiers citoyens [c’est à dire les cahiers de doléances proposés par les communes] et plus de 10.000 réunions locales. Mais, d’après LCI, il y aurait eu en réalité 506.333 contributeurs uniques, certains ayant cru bon d’émettre plusieurs contributions.

Cependant, ce « grand débat national » n’a pas valeur de sondage. Pour la simple et bonne raison que ceux qui ont remis une contribution ne sont pas représentatifs de la population. Ainsi, rappelle le quotidien Les Échos, une étude du CEVIPOF réalisée sur plus de 200 débats dans le pays a recensé « près de deux tiers de diplômés de l’enseignement supérieur, une majorité de retraités et trois quarts de propriétaires. »

Quoi qu’il en soit, les questions de défense n’ont quasiment pas été abordées dans ces contributions. « Quasiment » car la synthèse du thème « Fiscalité et dépenses publiques », qui vient d’être mise en ligne, en fait cependant état… Pour dire que, au chapitre relatif aux « domaines de dépenses de l’Etat et des collectivités territoriales dans lesquels il fau[drai]t faire des économies », la Défense arrive en tête, avec 28% de réponses, suivie par la politique du logement [22%]. À croire que les débats et les événements de ces dernières années ont été oubliés par certains. Ou qu’ils n’entendent pas l’écho du fracas du monde.

Mais ce résultat ne « colle » pas avec ceux d’un sondage diffusé par la Délégation à l’information et à la communication de la défense [DICoD] à l’occasion du dernier 14-Juillet. « 81 % des Français considèrent que le budget de la Défense doit être maintenu ou augmenté », indiquait cette étude, réalisée en mars 2018. Mieux : « Une part importante des Français considère que nos soldats ne sont pas suffisamment équipés en matériels ou en armements pour mener à bien les opérations qui leur sont confiées [48 %] », avait-elle déterminé.

Certaines « figures » du mouvement des « gilets jaunes » ont estimé que ce grand débat national ne servirait à rien et que les propositions qu’il allait susciter ne seraient pas suivies d’effet. L’avenir le dira… Mais ils auront sans doute raison sur un point : il n’est a priori pas question, pour le gouvernement, de baisser le budget du ministère des Armées.

En effet, Sébastien Lecornu, l’un des ministres coordinateurs du grand débat national, l’a assuré ce 9 avril, sur les ondes de France Inter.

« J’assume un point de désaccord […] Spontanément, les Français nous disent : ‘là où vous pourriez faire des économies, c’est dans la défense.’ Ce sont dans les dépenses militaires, les dépenses de protection, les dépenses de souveraineté. J’y suis très opposé. […] On voit bien que ce monde est très dangereux. Il y a parfois des réponses spontanées de nos concitoyens qu’il faut respecter et entendre mais je ne pense pas que la France resterait la France si elle commence à se désarmer ou à baisser la garde sur les questions de sécurité », a fait valoir le ministre chargé des Collectivités territoriales.

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