Le guide suprême iranien appelle Bagdad à exiger le départ des troupes américaines d’Irak

La décision de placer le Corps des gardiens de la révolution [IRCG] iranien sur la liste des organisations terroristes – une première pour une force paramilitaire d’un État – n’a pas encore été officiellement annoncée par Washington. Pour autant, l’Iran a pris les devants.

En effet, le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei a demandé à Adel Abdel Mahdi, le Premier ministre irakien alors en visite à Téhéran, d’exiger le retrait, dans les plus brefs délais, des forces américaines actuellement présentes en Irak au titre de la coalition anti-jihadiste.

« Vous devez prendre des mesures pour vous assurer que les Américains retirent leurs troupes d’Irak le plus tôt possible car partout où ils [les Américains] ont une présence durable, les forcer ensuite à partir devient problématique », a ainsi déclaré M. Khamenei, lors de sa recontre avec le chef de l’exécutif irakien, le 5 avril. « Les Américains, qui ne veulent pas des actuels gouvernement et Parlement en Irak […], complotent pour les éjecter de la scène politique », a-t-il encore fait valoir.

Quand il annonça sa décision de retirer les forces américaines de Syrie, en décembre dernier, le président Trump avait précisé qu’il entendait maintenir une présence militaire en Irak afin de « surveiller l’Iran » tout en veillant à éviter la résurgence de l’EI.

Ce qui poussa certaines factions armées chiites irakiennes, soutenues par Téhéran, à réclamer une loi imposant un caledrier de départ aux troupes américaines. Par ailleurs, ces dernières risquent d’être exposées à des actes de représailles si jamais l’intention de l’administration Trump de considérer les gardiens de la révolutions comme terroriste venait à être confirmée.

Le commandant de l’IRCG, le général Mohammad Ali Jafari, a en effet prévenu que les militaires américains « ne connaitraient plus la paix dont ils jouissent aujourd’hui au Moyen-Orient. »

En août dernier, l’agence Reuters rapporta que l’Iran avait fourni à une milice chiite irakienne [Kataëb Hezbollah, ndlr] des missiles balistiques Zalzal, Fateh-110 et Zolfaghar, d’une portée allant de 200 à 700 km. « Si l’Amérique nous attaque, nos amis attaqueront les intérêts américains et leurs alliés dans la région », avait expliqué, à l’époque, un haut responsable du Corps des gardiens de la révolution.

Par le passé, l’Iran a déjà mis en pratique de telles menaces. Durant l’opération Iraqi Freedom [2003-2011], et selon les conclusions d’une étude dévoilées la semaine passée, plus de 600 militaires américains furent en effet tués par des miliciens chiites armés et entrainés par Téhéran.

« Nous avons élaboré un projet de loi en urgence et dès que les Américains mettront les Gardiens sur leur liste, nous classerons les troupes américaines sur la liste des ‘groupes terroristes+ au même titre que Daesh », a, par ailleurs, indiqué Heshmatollah Falahatpisheh, le chef de la commission parlementaire iranienne des Affaires étrangères et de la sécurité nationale.

Cela étant, et malgré les pressions américaines, les relations entre Téhéran et Bagdad tendent à devenir de plus en plus étroites. Ainsi, les échanges économiques ont progressé de 50% depuis un an. Et ce n’est pas fini puisque l’Iran entant porter à 20 milliards de dollars le niveau de ses exportations vers l’Irak d’ici deux ans. Et, dans domaine militaire, les chefs d’état-major irakien, iranien et syrien ont récemment convenu, lors d’une réunion à Damas, de coordonner leurs actions contre les groupes armées, dont Daesh.

Photo : US ARMY

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