La situation étant « complexe et imprévisible », les militaires américains quittent temporairement la Libye

Malgré les appels du Conseil de sécurité des Nations unies et des ministres des Affaires étrangères des pays membres du G7, le maréchal Khalifa Haftar n’a nullement renoncé à son offensive qu’il a lancée en direction de Tripoli, la semaine passée.

Pour rappel, la Libye compte deux gouvernements. L’un, dit d’union nationale [GAN] et dirigée par Fayez Al-Sarraj, est installé à Tripoli, avec le soutien des Nations unies. L’autre, établi dans l’est du pays, à al-Baïda, est l’émanation de la Chambre des représentants, le Parlement élu en juin 2014. Ce dernier est soutenu par le maréchal Haftar, qui commande l’Armée nationale libyenne [ANL].

Ces dernières années, et alors que des milices relevant du GNA s’attachaient à chasser la branche libyenne de l’État islamique [EI] de la ville de Syrte avec un appui américain, l’ANL s’est efforcée de chasser les organisations jihadistes présentes dans l’est de la Libye, avec l’aide de l’Égypte, de la Russie et des Émirats arabes unies [et même celle, très discrète, de la France]. Puis, elle a lancé de nouvelles opérations dans le sud du pays. Et sa progression l’a ainsi conduite aux portes de Tripoli.

Ces dernières 48 heures, dans la région d’Al-Aziziya, située à une cinquantaine de kilomètres au sud de la capitale libyenne, une colonne de l’ANL aurait été visée par des chasseurs-bombardiers ayant a priori décollé de Misrata [où des forces loyales au GNA sont présentes, ndlr] et de l’aéroport de Mitiga, près de Tripoli.

Le porte-parole de l’ANL, le général Ahmad al-Mesmari, a alors promis une « riposte dure » et assuré que la « région de l’ouest serait désormais considérée comme un zone militaire » où il serait « interdit à tout avion militaire […] de la survoler sous peine d’être une cible légitime. »

Alors que des combats entre les Forces de protection de Tripoli, créées en décembre 2018 avec l’alliance de quatre milices, et l’ANL étaient signalés dans les régions de Wadi al-Rabii et Gasr Ben Ghechir, les troupes du maréchal Haftar ont indiqué avoir lancé leur premier raid aérien sur des objectifs situés dans la banlieue de la capitale libyenne. Selon les informations diffusées via les réseaux sociaux, ces frappes auraient été effectuées par des avions d’attaques Su-22 « Fitter ».

Puis, les forces loyales au GNA ont annoncé une contre-offensive ». Appelée « Volcan de la colère », cette dernière doit permettre, selon le colonel Mohamad Gnounou, leur porte-parole, de « nettoyer toutes les villes libyennes des agresseurs et des forces illégitimes. » Et d’ajouter : « Nous ne permettrons pas de militariser l’État ». En effet, le maréchal Haftar est accusé par ses détracteurs de vouloir mettre en place un régime militaire à Tripoli…

C’est donc dans ce contexte que l’US AFRICOM, le commandement militaire américain pour l’Afrique, a annoncé, le 7 avril, le retrait « temporaire » de son personnel jusqu’alors déployé en Libye.

En août 2016, le chef du GNA avait demandé à Washington de contribuer « au renforcement des capacités militaires » libyennes, via la « formation » et le « partage d’informations ». En outre, les forces américaines effectuent ponctuellement des frappes aériennes contre des organisations jihadistes implantées en Libye.

« En raison du regain des troubles en Libye, un contingent des forces américaines de soutien au Commandement des Etats-Unis pour l’Afrique a temporairement quitté le pays en raison de la situation sécuritaire sur le terrain », qui est « plus en plus complexe et imprévisible », a en effet annoncé, via un communiqué, l’US AFRICOM, dont le quartier général est installé en Allemagne.

« La mission du US Africa Command en Libye implique un soutien militaire aux missions diplomatiques, des activités de lutte contre le terrorisme, le renforcement des partenariats et l’amélioration de la sécurité dans la région », est-il souligné dans ce texte, qui ne précise pas le nombre de militaires américains concernés.

Selon une porte-parole de l’US AFRICOM, citée par le magazine en ligne Stripes, le GNA n’a « pas demandé un soutien militaire » aux États-Unis afin de l’aider à repousser l’offensive lancée par les troupes du maréchal Haftar.

« Le Commandement américain pour l’Afrique a mené des frappes aériennes en Libye contre des organisations terroristes, mais je répète qu’il ne nous a pas été demandé de fournir un soutien militaire à nos partenaires libyens pour le moment », a-t-elle insisté. « Cela dit, nous restons attachés à une Libye sûre et stable, qui bénéficie à la sécurité régionale », a-t-elle conclu.

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