Les États-Unis envisagent d’assimiler les Gardiens de la révolution iraniens à des « terroristes »

Selon les conclusions d’une étude réalisée récemment par le Pentagone, une part non négligeable des pertes subies par les forces américaines lors de l’opération Iraqi Freedom [2003-2011] serait due non pas aux jihadistes commandés par Abou Moussab al-Zarkaoui, le fondateur de ce qui deviendra plus tard l’État islamique [EI ou Daesh], mais aux milices chiites irakiennes financées, armées et entraînées par l’Iran.

« Au cours de l’opération Iraqi Freedom, le DoD [département de la Défense, ndlr] estime qu’au moins 603 morts […] résultaient d’activites soutenus par l’Iran », a déclaré, le 5 avril, le commandant Sean Robertson, un porte-parole du Pentagone. Ce qui représente environ 17% des pertes américaines.

Ce soutien à ces milices chiites irakiennes, essentiellement fourni par l’unité al-Qods, la formation du corps iranien des Gardiens de la révolution [IRCG] chargée des opérations extérieures, s’est traduit par la fourniture d’engins explosifs improvisés [IED] perfectionnés, de munitions et d’armes légères.

Cette information tombe à point nommé puisque, selon le Wall Street Journal, qui cite des responsables américains, Washington entend qualifier le corps des Gardiens de la révolution d’organisation « terroriste ». Ce qui, précise le quotidien économique, « augmenterait considérablement la pression sur cette force paramilitaire. » Une décision pourrait être annoncée d’ici quelques jours.

Cela étant, plusieurs entités et personnalités affiliées à l’IRCG font déjà l’objet de sanctions américaines. En outre, en 2007, le département du Trésor avait accusé la force al-Qods d’être « le principal bras armé [de l’Iran] pour mener sa politique de soutien aux groupes terroristes et insurgés. »

Mais jusqu’à présent, jamais il n’avait été question, pour Washington, d’aller plus loin que les sanctions économiques décidées contre les Gardiens de la révolution et les mesures prises à l’encontre du Hezbollah libanais en 2018.

Quoi qu’il en soit, la décision que s’apprêterait à prendre l’administration Trump exposerait ainsi chaque ressortissant ou entreprise américaine ayant des liens économiques avec l’IRCG à des sanctions.

Pour autant, le Pentagone serait plutôt réservé étant donné que cette mesure pourrait avoir des répercussions sur les troupes américaines déployées au Moyen-Orient, notamment en Irak. En effet, l’Iran a déjà prévenu, par le passé, qu’il réagirait de « manière dévastatrice » si les États-Unis désignait l’IRCG comme une entité terroriste. Et le chef de cette organisation paramilitaire, le général Mohammad al-Jafari, avait même averti, en 2017, que, si cela devait être le cas, alors ses troupes [125.000 hommes, ndlr] considéreraient les forces américaines de la même façon que l’EI.

Reste que ce durcissement de la position américaine à l’égard de l’IRCG n’est pas surprenant. En octobre 2018, John Bolton, le conseiller à la sécurité nationale du président Trump, avait annoncé la couleur à l’occasion de la présentation de la nouvelle stratégie anti-terroriste des États-Unis.

« Les États-Unis sont confrontés à des menaces terroristes de la part de l’Iran, qui reste le principal État sponsor du terrorisme, en réalité le banquier du terrorisme mondial depuis 1979 », avait avancé M. Bolton. « Des groupes terroristes soutenus par l’Iran, tels que le Hezbollah libanais, le Hamas et le Jihad islamique continuent de représenter une menace pour les États-Unis et leurs intérêts », avait-il insisté.

Quelques semaines plus tôt, la diplomatie américaine n’avait oas dit autre chose dans son rapport annuel intitulé « Country Reports on Terrorism 2017 ». Dans ce document, elle soulignait également que l’Iran restait « peu disposé à traduire en justice les membres de haut rang d’al-Qaïda résidant » sur son territoire et avait « refusé d’identifier publiquement les membres sous sa garde. » Et d’ajouter que des ‘facilitateurs’ de l’organisation terroriste n’avaient nullement été inquiétés par les autorités iraniennes, ce qui leur permit de « transférer des fonds et des combattants en Asie du Sud et en Syrie. »

L’attitude de l’Iran à l’égard d’al-Qaïda a en effet toujours été ambigüe. Selon des documents retrouvés dans le repaire pakistanais d’Oussama ben Laden, Téhéran aurait eté prêt à fournir aux membres du réseau terroriste « ce dont ils avaient besoin » à la condition de « frapper l’Arabie saoudite et les États du Golfe. »

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