La force Barkhane installe une base opérationnelle avancée tactique dans le centre du Mali

Pour le général Frédéric Blachon, le commandant de la Force Barkhane, la situation dans la région malienne du Liptako s’est nettement améliorée, après des mois d’opérations ayant principalement visé les jihadistes de l’État islamique au Grand Sahara [EIGS]. « Cela ne veut pas dire que l’adversaire a été totalement éradiqué. Mais il suffit d’aller voir à quoi ressemble un marché à Ménaka, voir les routes, voir le retour de réfugiés, interroger les autorités locales pour se rendre compte à quel point la vie y est plus confortable », a-t-il en effet affirmé, dans un entretien donné à l’AFP.

Aussi, le temps est venu pour la force Barkhane de passer à l’étape suivante et de se concentrer sur une autre région « stratégique » pour les groupes jihadistes, à savoir celle du Gourma, située à l’ouest de Gao et nord du Burkina Faso, pays actuellement confronté à une vague d’attaques terroristes et de tensions interethniques.

« Nous avons choisi de nous étendre dans le Gourma, une zone contigüe, qui, comme le Liptako, est une zone frontière. […] Ces zones frontalières sont les endroits les plus recherchés par les terroristes pour trouver refuge et mener leurs actions », a ainsi expliqué le général Blachon.

Pour cela, l’état-major de la force Barkhane a décidé d’installer une base opérationnelle avancée tactique [BOAT] à 5 km de la ville de Gossi, elle-même située à 150 km à l’ouest de Gao. Depuis janvier, les militaires français s’attachent à y réhabiliter une emprise qui avait autrefois accueilli la Mission des Nations unies au Mali [MINUSMA].

Ville de 45.000 habitants située sur l’axe Bamako-Gao, Gossi est un carrefour économique de premier plan au Mali… Et donc aussi un noeud de ravitaillement pour les groupes jihadistes, lesquels, grâce aux liens familiaux parmi la population, cultivent une certaine connivence, voire des complicités. D’où l’idée d’y implanter une base avancée permanente, à partir de laquelle les militaires français pourront toujours surveiller la situation dans le Liptako voisin.

En outre, cette base permettra aussi à la force Barkhane d’intervenir rapidement au Burkina Faso, si les autorités de ce pays en font la demande, comme cela a déjà été le cas en octobre dernier. « C’est un membre du G5 Sahel, il a une légitimité complète à demander l’appui de la France », a fait valoir le général Blachon.

« L’objectif, c’est de permettre à la population de circuler normalement tout en poursuivant notre lutte antiterroriste, et empêcher les groupes armés terroristes de se ravitailler », a résumé un lieutenant, interrogé par l’AFP.

La présence de Barkhane dans le Gourma a déjà eu un effet sur la sécurité, les coupeurs de route ayant plié bagage. « Les pilleurs se postaient à une vingtaine de km de la ville et rackettaient. Mais depuis quelques semaines, la population a plus de facilités à circuler, l’activité est relancée. Depuis que Barkhane est là, les FAMa [forces armées maliennes,ndlr] reprennent confiance et retournent sur le terrain », a expliqué l’officier français.

Pendant que les travaux de réhabilitation de la base de Gossi sont en cours [rétablissement de l’eau potable et de l’électricité, construction d’une plateforme pour les hélicoptères et de baraquements pour accueillir une centaine de soldats, etc], la force Barkhane mène des opérations civilo-militaires [CIMIC] dans les environs afin de faire plus facilement accepter sa présence par la population locale. « Depuis notre arrivée on a mis l’accent sur l’eau, l’éducation et l’emploi. Le désoeuvrement est un terrain fertile pour le banditisime », explique un sous-officier.

Photo : archive (c) EMA

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