La Force du G5 Sahel a eu un « premier contact » avec les jihadistes

Lancée en juillet 2017 avec l’objectif qu’elle soit déclarée pleinement opérationnelle 8 mois plus tard, la Force conjointe du G5 Sahel [FC-G5S] a du mal à se mettre en place. Devant compter, à terme, 5.000 soldats répartis selon trois fuseaux [Est, Centre, Ouest], elle tarde à recevoir la totalité de l’argent promis lors de deux conférences organisées pour obtenir les 423 millions d’euros nécessaires à sa création et les 90 à 110 millions annuels pour couvrir ses coûts de fonctionnement.

Qui plus est, cette FC-G5S a reçu des coups avant même de pouvoir en donner, son quartier général établi à Sévaré ayant été la cible d’un attentat revendiqué par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM] en juin 2018. À la suite de cette attaque jihadiste, son commandant, le général malien Didier Dacko, a été remplacé par le général mauritanien Hanena Ould Sidi.

Cela étant, et malgré ces difficultés, la force du G5 Sahel a repris, en janvier, ses opérations, lesquelles avaient été suspendues après l’attaque de Sévaré. Et, jusqu’il y a encore peu, aucune d’entre-elles n’avait donné lieu à des combats avec les groupes jihadistes présents dans la région. Ce n’est donc plus le cas maintenant.

En effet, dans un entretien donné à RFI, le général Ould Sidi a précisé que la force du G5 Sahel a mené cinq opérations depuis janvier. « Une fois, nous avons été en contact avec des terroristes qui ont été surpris. Ils ont pu s’échapper pour certains, nous en avons pris un avec son arme et sa moto », a-t-il indiqué, sans donner plus de détails.

« Entre les opérations planifiées, nous menons des actions ponctuelles de contrôle de zones, de patrouilles, afin de garder un contact permanent avec les populations. Pour les rassurer, leur faire passer un message, leur dire que nous sommes là pour les protéger, les aider », a ensuite expliqué le général mauritanien, à l’issue d’une réunion ministérielle organisée par la France avec les membres du Conseil de sécurité des Nations unies.

Pour le chef de la force du G5 Sahel, ces opérations doivent permettre de « gagner les coeurs et les esprits » en donnant confiance aux populations. Confiance qui « constitue l’enjeu réel de la lutte contre les terroristes », a-t-il dit. Et d’ajouter : « Quand nous aurons atteint cet objectif, je considère que nous aurons gagné la guerre. »

Quant aux moyens, le général Ould Sidi a déploré que les « équipements majeurs manquent encore » et qu’ils « tardent à se mettre en place. » Mais il s’est gardé de préciser la nature des équipements qui font actuellement défaut.

La semaine passée, le général François Lecointre, le chef d’état-major des armées [CEMA], a confié à l’AFP qu’on avait été « trop impatients » à l’égard de cette force du G5 Sahel. « On a poussé sans doute à ce que symboliquement [elle] s’engage dans des opérations alors qu’elle n’y était pas complètement prête », a-t-il dit. Et cela, même si « cet objet politique a permis d’attirer un succès d’estime de l’ensemble des Européens » et de « faire en sorte que les dons soient promis. »

« Il est toujours difficile de construire une armée, une force opérationnelle », a ensuite souligné le général Lecointre. D’autant plus qu’il « s’agit de mettre sur pied une force qui va agir sur l’ensemble des fuseaux entre les frontières de chacun des pays du G5 Sahel. C’est politiquement compliqué. Nous avons enfin réussi à caler un cadre juridique », a-t-il continué.

Qui plus est, « il faut que les forces mises à disposition du G5 Sahel montent en niveau, sachant que ces forces sont soustraites aux armées nationales, très engagées sur leurs territoires respectifs. C’est un effort considérable », a encore fait remarquer le CEMA français.

« Aujourd’hui la force conjointe reprend son rythme normal de montée en puissance. Mais il ne faut pas en attendre ce qu’elle ne peut pas faire. Elle a une action très précise : éviter la fuite d’un côté à l’autre d’une frontière de bandes ennemies. Pas d’agir à l’intérieur du Mali ou du Niger », a conclu le général Lecointre.

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