Un hélicoptère Chinook canadien de l’ONU a assuré une évacuation médicale au profit de la force Barkhane

Le 10 mars dernier, dans le secteur d’Akabar [Mali], près de la frontière nigérienne, plusieurs militaires français ont été blessés [dont deux gravement] quand leur détachement a été la cible d’une attaque « complexe », avec l’explosion d’un véhicule piégé [VBIED] à 30 mètres de sa position suivie par un assaut impliquant au moins une quinzaine de jihadistes à moto. Une patrouille de Mirage 2000 a a alors effectué une démonstration de force, ce qui a mis les terroristes en fuite.

La communication de l’État-major des armées [EMA] n’a pas donné de détails au sujet de l’évacuation médicale [MEDEVAC] des blessés, si ce n’est que les deux plus sérieusement touchés ont été rapatriés le jour même vers la métropole pour être admis dans un hôpital d’instruction des armées [HIA] de la région parisienne.

Les précisions ont été données un peu plus de deux semaines plus tard, lors d’un entretien donné à la Presse canadienne par le colonel Travis Morehen, le commandant de l’opération « Presence – Mali », dont du contingent canadien de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unie au Mali [MINUSMA].

Pour rappel, depuis juillet 2018, le Canada a déployé, à Gao [Mali] 8 hélicoptères, dont 3 CH-47F Chinook [transport] et 5 CH-146 Griffon [attaque, escorte].

« Les hélicoptères CH-47F Chinook sont disponibles pour mener des évacuations médicales. Ils peuvent également conduire d’autres missions pour soutenir la MINUSMA », comme le transport de troupes, de matériel, de fret et de nourriture ou encore l’aide au déploiement rapide des forces de l’ONU, précise le ministère canadien de la Défense.

Or, le 10 mars, l’un de ces CH-47F Chinook a été sollicité non pas par la MINUSMA mais par la force Barkhane. « Les Canadiens ont appris l’existence de l’attaque [d’Akabar] quand un officier français du camp de l’opération Barkhane à Gao les a informés, ajoutant qu’une évacuation médicale d’urgence pourrait être nécessaire », a raconté le colonel Morehen.

C’est ainsi que trois hélicoptères canadiens [1 CH-47F et 2 CH-146] sont arrivés les lieux de l’attaque deux heures après avoir décollé de Gao, soit une fois les combats terminés. Et cela, « avec l’approbation du commandant de la mission de l’ONU », a souligné le colonel Morehen.

Le CH-47F Chinook, configuré comme un « hôpital volant » et avec les militaires français blessés son bord, a regagné Gao d’une traite. Mais pendant une partie du vol, il a été privé d’escorte, les deux CH-146 ayant dû se poser pour faire le plein. « Cela augmente le risque. Mais nous avons considéré le besoin de renvoyer les blessés dans des centres médicaux le plus rapidement possible », a justifié le l’officier canadien.

Cela étant, la force Barkhane dispose de ses propres moyens pour assurer des missions MEDEVAC, dont un avion CASA CN-235 « Nurse » basé au Mali et 4 équipes spécialisées prêtes à embarquer à bord d’un hélicoptère pour ce type de mission.

Cependant, et comme l’a rappelé le colonel Morehen, la force Barkhane et la MINUSMA ont un accord de coopération pour de telles circonstances. En juillet 2018, un exercice MEDEVAC mené conjointement par les militaires français, des Casques bleus néerlandais et un CH-47F Chinook canadien avait permis de « tester la préparation des équipes médicales ainsi que les procédures d’alerte, basées sur la transmission de messages standardisés obligatoires pour toute évacuation », avait expliqué, à l’époque, le ministère des Armées.

À Gao, « les Français possèdent également un hôpital plus performant que celui de l’ONU », a expliqué l’officier canadien. C’est d’ailleurs pour cette raison que les Casques bleus blessés y sont souvent soignés. « Alors nos pilotes vont là-bas et s’assurent que nos procédures de vol sont correctes et nous avons également un arrangement technique avec eux pour le soutien médical », a-t-il dit.

La semaine passé, les Nations unies ont demandé au Canada de prolonger jusqu’au 15 septembre la mission de ses hélicoptères engagés au titre de la MINUSMA. Notamment parce que le détachement roumain, qui devait assurer la relève au 31 juillet prochain, ne sera pas prêt, son déploiement au Mali étant désormais prévu en octobre.

Photo : Archive (c) Ministère des Armées

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