Le mystère entourant l’attaque de l’ambassade nord-coréenne à Madrid commence à se dissiper

Le 22 février dernier, soit quelques jours avant une rencontre qui se voulait décisive entre le président Trump et Kim Jong-un, le chef du régime nord-coréen, au moins dix hommes armés réussirent à pénétrer à l’intérieur de l’ambassade de Corée du Nord à Madrid pour y séquestrer le personnel et faire main basse sur du matériel informatique. Curieusement, aucune protestion officielle ne fut émise par Pyongyang.

Trois semaines plus tard, la presse espagnole avança que la CIA était très probablement liée à cette affaire parce que deux membres du commando étaient connus pour avoir des liens avec le service de renseignement américain. Ce que contesta le Washington Post, estimant que la centrale de Langley n’aurait jamais entrepris une action susceptible de compromettre les discussions diplomatiques entre Washington et Pyongyang. Et de pointer un groupe d’activistes, connu sous le nom de « Cheollima » [ou « Free Joseon »].

Finalement, le quotidien américain était a priori le plus proche de la vérité si l’on en croit les informations révélées, ce 26 mars, par la justice espagnole. Ainsi, le juge d’instruction José de la Mata a indiqué que le chef du commando était un certain Adrian Hong Chang, un ressortissant mexicain résident aux États-Unis.

Quelques jours avant de passer à l’action, ce dernier aurait fait des emplettes à Madrid afin de procurer des étuis de pistolet, des couteaux de combat, des lunettes de protection, cinq lampes de poche tactiques et six répliques d’armes de poing HK. Deux de ses complices, identifiés comme étant Ram Lee [un sud-coréen] et Sam Ryu [de nationalité américaine] ont complété ces achats dans une quincaillerie en faisant l’acquisition de paires de cisailles, de rubans adhésifs et d’une échelle télescopique.

Le 22 février, les 10 hommes se sont rendus à l’ambassade de Corée du Nord. Pour y pénétrer, Adrian Hong Chang a demandé à voir le chargé d’affaires qu’il avait précédemment approché en se faisant passer pour un homme d’affaires. Profitant d’un moment d’inattention du personnel, il a fait entrer ses complices. Ces derniers ont « commencé à frapper violemment » les employés, avant de les immobiliser avec des menottes et des serre-câbles, a expliqué le juge espagnol.

Puis trois hommes du commando ont emmené le chargé d’affaires nord-coréen au sous-sol pour le persuader de faire défection. L’alerte ayant pu être donnée par une employée de l’ambassade, des policiers locaux se sont présentés à la porte de l’emprise diplomatique… Mais c’est Hong Chang qui leur a répondu, avec, au revers de son costume, une épinglette représentant Kim Jong-un. S’étant présenté comme un responsable de l’ambassade, la police n’a pas insisté, sans pour autant lever sa surveillance des environs.

Par la suite, emportant avec eux 2 clés USB, 2 ordinateurs, 2 disques durs (un contenant les images des caméras de sécurité) et un téléphone portable, les assaillants ont pris la fuite avec des véhicules l’ambassade. Sauf Hong Chang, qui a quitté les lieux à bord d’une voiture Uber qu’il avait réservé sous le nom de « Oswaldo Trump ».

Toujours selon le juge de la Mata, les membres du commando se sont divisés en quatre groupes et se sont ensuite rendus à Lisbonne, d’où ils ont embarqué à bord d’un avion faisant la liaison avec Newark [New Jersey]. D’où les soupçons de collusion avec la CIA… En réalité, c’est vers le FBI que Hong Chang se serait tourné, afin de « lui remettre des informations relatives à l’incident dans l’ambassade ainsi que du matériel audiovisuel obtenu », explique la justice espagnole.

Cela étant, le mystère n’est pas encore totalement dissipé car il reste trouver une répondre à la question essentielle : pourquoi?

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