Après le Burkina Faso et le Tchad, le Mali remanie l’état-major de ses forces armées

Après l’attaque du camp militaire de Dioura [près de soldats 30 tués par un groupe jihadiste, ndlr], le président Ibrahim Boubacar Keïta avait prévenu la hiérarchie des Forces armées maliennes. « Aucune négligence ne saurait plus être tolérée », avait-il lancé, la semaine passée.

Effectivement, le massacre a priori commis par des chasseurs traditionnels Dozos contre la communauté Peule à Ogossagou, dans la zone de Bankass [centre], près du Burkina Faso, a contraint le gouvernement malien à réagir fermement.

Ainsi, au lendemain de cette attaque particulièrement meutrière [134 civils ont été tués, ndlr], le Premier ministre malien, Soumeylou Boubeye Maïga, a annoncé, sans donner de détails, que le président Keïta venait de décider la « nomination de nouveaux chefs militaires » lors d’un Conseil des ministres extraordinaires.

Mais d’après la presse malienne, le général Abdoulaye Coulibaly a succédé au général Bemba Moussa Keïta à la tête de l’état-major des armées. Dans le même temps, les généraux Kéba Sangaré Daouda Démbélé ont été nommés respectivement à la tête des forces terrestres et aériennes. Enfin, le colonel-major Boukary Kodio a hérité du poste de directeur de la Sécurité militaire.

Deux jours plus tôt, le président tchadien, Idriss Deby Itno, avait pris une mesure similaire, après une attaque jihadiste ayant fait 23 morts dans les rangs de l’armée tchadienne.

En trois mois, la majeure partie des interlocuteurs de la force françaises Barkhane ont été remplacés. En effet, outre le Tchad et le Mali, le Burkina Faso, qui connaît également de grandes difficultés face à la mouvance jihadiste, a vu sa haute hiérarchie militaire renouvelée en janvier dernier, avec la nomination [et la promotion] du général Moïse Minoungou, en remplacement du général Oumarou Sadou, qui n’aura tenu qu’un an à tête des forces armées burkinabè.

Par ailleurs, les autorités maliennes ont également annoncé la dissolution de la milice « Dan Nan Ambassagou », soupçonnée d’être à l’origine du massacre d’Ogossagou. Cette formation dite d’auto-défense avait vu le jour en décembre 2016 afin de protéger la communauté Dogon contre les attaques du « Front de libération du Macina », un groupe jihadiste dirigée par Amadou Koufa.

Seulement, en 2018, cette milice a été soupçonnée par les Nations unies d’avoir commis environ 60 attaques contre la communauté Peule, lesquelles ont fait plus de 500 tués. Mais elle a toujours nié une quelconque implication dans ces exactions. Et c’est aussi le cas pour celles d’Ogossagou. « C’était peut-être des chasseurs, mais pas ceux de Dan Nan Ambassagou », a en effet affirmé Mamadou Goudienkilé, le président de la coordination du mouvement Dan Nan Ambassagou, dont les propos ont été rapportés par RFI.

Sollicité par le même média, le sociologue Diouara invite à la prudence. À Ogossagou, « il y a beaucoup de confusion parce que la tenue utilisée, le type d’arme utilisé et le mode opératoire renvoient à des analyses différentes », a-t-il expliqué.

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