En quoi le porte-avions Charles de Gaulle est-il un navire « écolo »?

Quand on évoque le porte-avions Charles de Gaulle, on parle surtout de ses capacités militaires et des menaces auxquelles il peut être confronté. Plus rarement, voire jamais, des moyens mis en oeuvre à son bord pour préserver l’environnement. Or, ce point a justement été abordé lors de l’audition de l’amiral Jean-Philippe Rolland, le commandant la Force d’action navale [ALFAN] lors d’une récente audition à l’Assemblée nationale.

Au niveau civil, le transport maritime représente actuellement entre 2% et 3% des émissions totales des gaz à effet de serre (GES), auxquelles il faut ajouter celles de particules fines, d’oxydes d’azote [NOx] et d’oxydes de soufre [SOx]. Et, si rien n’est fait, cela risque de s’aggraver à l’avenir étant donné que le trafic maritime devrait croître de 50 à 250% d’ici à 2050.

Alors, on peut toujours revenir à « la splendeur de la marine à voile » et au « charme du temps des équipages », pour reprendre les mots du général de Gaulle… Mais, en attendant, comme l’a souligné l’amiral Rolland [et quitte à faire hurler les « écologistes » les plus endurcis], la chaufferie nucléaire du porte-avions fait que le « coût carbone pour la propulsion, pour la production d’eau, pour la production d’électricité, pour la production de vapeur et pour les catapultes, c’est… zéro. »

En revanche, ce gain est consommé par les avions de son groupe aérien embarqué [GAé], pour lesquels « nous n’avons pas encore trouvé la façon de nous passer de l’énergie fossile », a précisé ALFAN. Cela étant, sur ce point, l’US Navy a réalisé des expériences concluantes avec des biocarburants… lesquels s’avèrent toutefois coûteux.

Au-delà de la question de la propulsion, le porte-avions Charles de Gaulle dispose d’une unité de traitement des déchets. « C’est une installation qui est pratiquement aussi stratégique que les préparateurs mission pour le groupe aérien : le jour où elle ne marche pas, c’est le début des ennuis à bord… », a confié l’amiral Rolland.

Ainsi, a-t-il expliqué, tous les déchets organiques [reliefs des repas par exemple] sont « pulvérisés, mélangés à de l’eau de mer et rejetés à la mer quand on est à plus de douze miles marins des côtes, en application des règles internationales. » Et ce qui ne peut pas être traité à bord [papier, plastique, verre, emballages, etc…] est « compacté, emballé et stocké ».

Ces détritus sont ensuite récupérés par le pétrolier-ravitailleur qui, toutes les semaines, approvisionne le porte-avions en carburant pour les avions, en vivres, munitions et pièces de rechange. Puis ils sont débarqués et insérés dans une « chaîne de traitement des déchets ».

Reste la question des eaux usées, c’est à dire les « résidus des douches et des toilettes. » L’amiral Rolland a précisé qu’elles sont stockées « dans des caisses dès lors qu’on est près des côtes ». Mais, a-t-il poursuivi, « lorsque l’on s’éloigne à plus de 12 miles marins des côtes, distance convenue par la convention dite ‘Marpol’, on est autorisé à rejeter ces déchets, qui sont certes organiques, mais qui présentent évidemment des inconvénients s’ils sont lâchés près » du littoral.

« Ainsi, nous agissons de manière complètement conforme aux normes ‘Marpol’, sur le Charles de Gaulle, comme d’ailleurs sur les autres bâtiments de la force d’action navale », a conclu ALFAN.

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