Pour Moscou, les récents vols de bombardiers américains en Europe créent des « tensions supplémentaires »

Depuis 2007, des bombardiers stratégiques russes Tu-160 « blackjack » et Tu-95 « Bear », à capacité nucléaire, effectuent régulièrement de long vols au cours desquels ils longent l’espace aérien de pays européens. Comme leur transpondeur est éteint et au regard de la menace potentielle qu’ils représentent, les forces aériennes des États concernés font décoller des avions de chasse en alerte afin d’aller les identifier et les accompagner. L’Europe n’est pas la seule concernée : l’Alaska l’est également.

Depuis la semaine dernière, l’US Air Force, qui envoie généralement des avions de renseignement près des frontières russes, joue aussi ce jeu-là, après avoir déployé à Fairford [Angleterre] six bombardiers B-52H Stratofortress de son 2nd Bomb Wing, habituellement basé en Floride.

En effet, plusieurs de ces appareils, qui n’ont pas tous une capacité nucléaire, ont effectué des missions dans la région de la Baltique. Et, le 20 mars, l’un d’eux a été intercepté par deux chasseurs russes Su-27 « Flanker », au motif que qu’il volait en direction des frontières russes. D’après Moscou, le B-52H [n°1013, code « LA », indicatif AERO32], a fait demi-tour alors qu’il se trouvant dans l’espace aérien international.

L’ambassade des États-Unis en à Varsovie a par la suite précisé que des B-52H ont effectué, le même jour, un entraînement avec les contrôleurs aériens avancés des bataillons multinationaux de l’Otan déployés en Lituanie et en Pologne.

« En Lituanie, ils ont largué des munitions inertes et ont été intégrés à un entraînement à l’appui aérien rapproché mené par des avions lituaniens L-39 Albatros », a indiqué l’ambassade.

Deux jours plus tôt, selon un communiqué de l’US Air Force, quatre B-52H ont effectué des vols vers « plusieurs endroits d’Europe », dont en mer de Norvège, en mer Baltique [Estonie] et en Méditerranée [Grèce].

Cependant, à Moscou, ces vols de bombardiers stratégiques américains passent mal. « D’une manière générale, je me contenterais de dire que, bien entendu, de telles actions des États-Unis n’entraînent pas le renforcement d’un climat de sécurité et de stabilité dans la région qui jouxte directement les frontières de la Russie », a ainsi déclaré Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, Dmitry Peskov. « Au contraire, ils créent des tensions supplémentaires », a-t-il ajouté.

Quoi qu’il en soit, pour la porte-parole de l’Otan, Oana Lungescu, l’envoi de B-52H à Fairford n’est qu’un « déploiement de routine » qui « prouve que le parapluie nucléaire américain protège l’Europe et met en évidence les moyens exceptionnels que les États-Unis pourraient mettre à contribution de l’Europe en cas de crise. »

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