Washington se dit « très optimiste » sur une participation française et britannique à une force « résiduelle » en Syrie

Après avoir annoncé le désengagement de ses troupes de Syrie, le président Trump a finalement décidé le maintien de 200 militaires américains pour « un certain temps » afin d’éviter que les Forces démocratiques syriennes [FDS], dont les milices kurdes constituent l’épine dorsale, soient la cible d’une offensive turque et de maintenir une pression contre l’État islamique [EI ou Daesh]. L’idée est ainsi de former une « force d’observateurs », qui serait déployée dans une « zone tampon ».

Cette décision vise surtout à convaincre les pays européens de suivre le mouvement. Deux jours après cette nouvelle annonce de la Maison Blanche, l’influent sénateur républicain Lindsey Graham, qui s’était opposé à un retrait total des troupes américaines de Syrie, a estimé ces 200 soldats allaient  » probablement attirer 1.000 Européens ». Et d’ajouter : « 80% de l’opération devrait être européenne et peut-être 20% pour nous », étant donné que l’Europe a été la plus touchée par les attentats de l’EI.

Recevant Barham Saleh, son homologue irakien, à l’Élysée, le président Macron s’est réjoui de la décision de M. Trump. « Je ne peux que me féliciter de ce choix. Il correspond à la nécessité de rester aux côtés […] des Forces démocratiques syriennes et de ceux qui, sur le terrain, ont œuvré » au combat contre l’organisation jihadiste, a-t-il déclaré, le 25 février. « Nous continuerons, dans le cadre de la coalition, à œuvrer dans la région », a-t-il ensuite assuré, sans donner plus de détails.

Visiblement, plusieurs éléments laissent à penser que la France s’impliquera dans cette « force d’observation », d’autant plus que, à l’instar du Royaume-Uni, ses forces spéciales sont présentes aux côtés des FDS.

Ainsi, le 10 mars, John Bolton, le conseiller à la sécurité nationale du président Trump, s’est dit « très optimiste » au sujet d’une participation française et britannique à une force « résiduelle » maintenue dans le nord-est de la Syrie.

« D’après mes conversations avec mes homologues britanniques et français, je suis très optimiste sur le fait qu’ils vont participer », a en effet déclaré M. Bolton à l’antenne de la chaîne de télévision ABC. « Rien n’a encore été formalisé mais l’état-major américain poursuit ses consultations », a-t-il expliqué.

Revenant sur les déclarations de M. Trump, qui, en décembre, avait justifié le retrait américain de Syrie par la victoire sur l’EI, M. Bolton a estimé que le chef de la Maison Blanche « est aussi clair qu’on peut l’être quand il parle de la défaite du califat territorial ».

« Il n’a jamais dit que l’élimination du califat territorial voulait dire la fin de l’EI en général », a affirmé le conseiller de M. Trump. « Nous savons que ce n’est pas le cas. […] La menace va perdurer, mais une des raisons pour lesquelles le président s’est engagé à maintenir une présence américaine en Irak et une petite partie d’une force d’observateurs en Syrie, c’est pour contrer la possibilité d’une réelle résurgence de l’EI », a-t-il continué.

Quoi qu’il en soit, les propos de M. Bolton sont à mettre en relation avec ceux tenus par Jean-Yves Le Drian, le ministre des Affaires étrangères, lors d’une audition au Sénat, le 4 mars, au sujet de la « situation des Chrétiens d’Orient et des minorités au Moyen-Orient. » Et le patron du Quai d’Orsay a été très clair : il faudra oeuvrer pour la « préservation des populations du nord-est syrien et des forces qui ont mené à nos côtés le combat contre Daesh. » Et c’est « notre objectif dans nos échanges avec les États-Unis’ en plus d’être un « axe des travaux du Small Group, qui réunit la France, les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Arabie saoudite, la Jordanie et l’Égypte », a-t-il dit.

« Dans le nord-est syrien, la poche jihadiste de Baghouz n’est pas encore complètement éradiquée. Les combats, menés par les forces kurdes et alliées – mais surtout kurdes -, seront terminés d’ici quelques jours. La partie tenue par les forces démocratiques [syriennes], avec le soutien de la coalition, comprend Raqqa, d’où sont partis les terroristes qui ont frappé la France. L’annonce du retrait des forces américaines au sol dans cette zone a été une surprise. Nous étudions néanmoins avec les États-Unis et avec d’autres pays les solutions pour assurer le maintien de la sécurité dans ce secteur. C’est bien le moins que l’on puisse faire à l’égard des forces démocratiques syriennes! », a insisté M. Le Drian.

« En Syrie, la solution ne peut être que d’ordre politique. Pour ce faire, nous activerons trois leviers : le levier territorial, celui de la reconstruction et celui de notre présence au Conseil de sécurité de l’ONU. À défaut, la solution sera militaire. C’est peut-être ce que pense Bachar el-Assad, qui joue la patience et le temps… », a ensuite ajouté le chef de la diplomatie française.

Photo : capture d’écran

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