Une étude sur les capacités aéronavales américaines estime que l’avenir est aux drones de combat embarqués

Initialement, la marine américaine voulait compléter ses capacités aéronavales en mettant au point un drone de combat [UCAV] furtif afin de pouvoir opérer dans les environnements peu permissifs, voire fortement contestés. D’où le programme UCLASS [Unmanned Carrier-Launched Airborne Surveillance and Strike] et le démonstrateur X-47B de Northrop Grumman, qui ouvrit la voie à l’utilisation de tels appareils depuis le pont d’un porte-avions.

Finalement, en 2016, le projet UCLASS fut abandonné au profit du programme CBAR [Carrier-Based Aerial-Refueling System], qui a depuis été confié à Boeing avec le MQ-25 Stingray, l’US Navy ayant considéré qu’il fallait augmenter le rayon d’action de ses avions de guerre électronique E/A-18G « Growler » ainsi que celui de ses chasseurs-bombardiers F-35C et F/A-18 Super Hornet.

En effet, au regard de la multiplication des menaces susceptible de le mettre en danger, un porte-avions devrait pouvoir rester à ne distance de 1.000 nautiques des côtes, ce qui rendrait nécessaire la capacité de ravitailler en vol les appareils de son groupe aérien embarqué, ces derniers n’ayant plus « l’allonge » suffisante pour mener des missions en territoire hostile.

Sur ce point, une étude du Center for Strategic and Budgetary Assessments [CSBA], un centre de réflexion basé à Washington, donne raison à l’US Navy. Mais pas totalement. Ainsi, ce rapport estime en effet que la mise au point d’un drone de combat reste pertinente dans la mesure où la vulnérabilité de l’E/A-18G « Growler » ne pourra qu’augmenter au cours des prochaines années, avec l’amélioration ds capteurs « passifs » et des défenses aériennes adverses. Aussi est-il suggéré d’intégrer la charge de guerre électronique de ces appareils à des drones de combat furtif.

Plus généralement, ce rapport du CSBA estime que, à l’avenir [du moins d’ici 2040], un groupe aérien embarqué devrait compter au moins une trentaine de drones, que ce soit pour les missions de frappe, de guerre électronique ou encore de logistique. En effet, explique-t-il, un UCAV peut emporter théoriquement une charge utile équivalente à celle d’un chasseur-bombardier classique tout en ayant un rayon d’action supérieur, c’est à dire supérieur ou égal à 1.000 nautiques.

Pour autant, il n’est pas question d’abandonner les avions avec équipage. Mais leur nombre serait réduit à seulement 10 F-35C, 10 F/A-XX [un successeur du F/A-18, qui pourrait être « dronisé » en fonction des besoins], 6 E2-D Hawkeye [pour le guet aérien] et 11 hélicoptères MH60 R/S. Le rôle de ces appareils serait surtout d’assurer la protection du porte-avions, les missions « offensives » devant surtout relever des drones de combat.

Le rapport préconise d’embarquer trois escadrons dotés chacun de 6 drones de combat à long rayon d’actions et pourvus de capacités offensives. Ils seraient complétés par une unité d’attaque électronique [V(U)AQ] de 6 appareils. Enfin, le MQ-25 Stingray trouverait sa place au sein de deux escadrons « logistiques » [Fleet Logistics Support Squadron].

Ces réflexions sont susceptibles d’intéresser la Marine nationale, à l’heure où cette dernière planche sur l’avenir de ses capacités aéronavales, dans le cadre de l’étude lancée sur son futur porte-avions et du programme SCAF [Système de combat aérien futur].

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