La France et l’Inde ont signé un accord dans le domaine de la surveillance maritime par satellite

L’océan Indien est vital pour l’économie chinoise. D’où ses investissements dans cette partie du monde, dans le cadre de sa stratégie dite des « nouvelles routes de la soie » [OBOR, pour One Belt, One Road] et le déploiement de ses forces navales afin de sécuriser ses approvisionnements et, plus généralement, ses flux commerciaux.

Or, cette présence navale est perçu par New Delhi comme une menace, voire un défi à sa sécurité. En effet, l’Inde voit dans cette stratégie chinoise une tentative d’endiguement, voire d’encerclement. Et cela d’autant plus que la Chine a fait du Pakistan l’un de ses plus proches alliés.

Les relations indo-pakistanaises n’étant déjà pas les meilleures du monde, New Delhi et Islamabad ont également un différend territorial qui, appelé la « Sir Creek dispute », porte sur la limite de leurs zones économiques exclusives respectives au niveau du golfe d’Oman. Cette zone passe pour receler d’importantes ressources halieutiques ainsi que des réserves de pétrole et de gaz.

Outre la rivalité avec ses homologues pakistanaises et chinoises et la nécessité de protéger les voies commerciales, l’Indian Navy a évidemment la mission de surveiller la ZEE indienne ainsi que les approches maritimes du pays, notamment contre la menace terroriste.

En 2018, et afin de « casser » ce qui est vu comme un endiguement chinois, New Delhi a conclu un accord avec Paris afin de permettre aux navires de l’Indian Navy d’utiliser les bases navales françaises établies dans l’océan Indien, lequel revêt aussi un enjeu majeur pour la France et, plus largement, l’Union européenne [75% de ses exportations y transitent].

Et, le 6 mars, à l’occasion d’une visite à New Delhi de son président, Jean-Yves Le Gall, le Centre national d’études spatiales [CNES] a signé un autre accord de coopération afin de développer un système de surveillance maritime via l’imagerie spatiale avec l’Indian Space Research Organisation [ISRO].

Cet accord vise « à fournir un dispositif opérationnel de surveillance et de suivi du trafic maritime dans la région de l’Océan Indien, prévoit l’implantation en Inde, dès mai 2019, d’un centre de surveillance maritime, le partage de capacité permettant le traitement de données spatiales existantes et le développement en commun des algorithmes adaptés », explique le CNES.

Et cette dernier d’ajouter : « En ce qui concerne la phase suivante du programme, les études d’une infrastructure orbitale conjointe, dont l’exploitation sera partagée entre les deux pays, suivent leur cours. Le CNES travaille avec ses partenaires industriels et avec l’ISRO à l’élaboration de la solution technique la plus adaptée. »

« Nous avons avec l’Inde une relation qui s’intensifie et la surveillance maritime depuis l’espace constitue un sujet d’intérêt stratégique pour nos deux pays. C’est en nous appuyant sur l’intégration remarquable des équipes du CNES et de l’ISRO que nous avons pu faire preuve d’une très grande réactivité dans le déploiement de ce programme, lancé lors de la visite d’Etat en Inde du Président de la République, il y a tout juste un an », a fait valoir M. Le Gall.

Pour rappel, la Marine nationale française assure la surveillance maritime par satellite via le contrat Trimaran 2, attribué au consortium Airbus Defence & Space / Telespazio France en 2016, pour une durée de quatre ans. L’avenir sera sans doute aux nano-satellites de surveillance, développés par la start-up rennaise Unseenlabs.

Par ailleurs, M. Le Gall a profité de l’occasion pour évoquer, avec Sivan K, son homologue indien, les technologies relatives aux lanceurs réutilisables, les vols spatiaux habités [l’Inde a en effet des ambitions dans ce domaine] ainsi que les satellites climatiques franco-indiens [Megha-Tropiques et Saral-AltiKa, ndlr].

Photo : ESA

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