La Corée du Nord a remis en état le site de lancement fusées qu’elle avait démantelé en 2018

Les rapports du renseignement américain, de l’Agence internationale de l’énergie atomique [AIEA] et du groupe d’experts des Nations unies sur l’application des sanctions prises à l’égard de la Corée du Nord disent tous la même chose : Pyongyang continue de développer son arsenal nucléaire et ses missiles balistiques, malgré son engagement en faveur d’une dénucléarisation de la péninsule coréenne, lequel a contribué au réchauffement de ses relations avec Séoul et à un premier sommet avec les États-Unis, en juin 2018.

Certes, la Corée du Nord a annoncé le démantèlement de son site d’essais nucléaires de Puggye-ri lancé celui de Sohae, d’où furent lancées les fusées Unha et conçus des moteurs à combustion liquide, désormais passés de mode. Seulement, cela se serait fait sans la présence d’inspecteurs internationaux…

Aussi, le second sommet entre le maître de Pyongyang, Kim Jung-un, et le président américain, Donald Trump, était très attendu [après avoir été incertain]. Ayant eu lieu à Hanoï, la semaine passé, il s’est soldé par un échec. En effet, les Nord-Coréens ont exigé une levée « partielle » des sanctions économiques [qu’ils contournent allègrement] en échange du démantèlement « complet » de ses infrastructures nucléaires à Yongbyon. « Il n’y aura pas de meilleure offre », a même prévenu Ri Yong Ho, le chef de la diplomatie nord-coréenne.

Pour la partie américaine, un tel « deal » n’est pas acceptable car la Corée du Nord dispose d’autres sites à vocation nucléaire, notamment à Kangson, où les capacités d’enrichissement de l’uranium seraient deux fois plus importantes qu’à Yongbyon.

Aussi, la rencontre entre MM. Trump et Kim aura donc tourné court. Pour Washington, a expliqué un diplomate américain à l’AFP, lever les sanctions « nous aurait de facto placé dans la situation de subventionner le développement en cours des armes de destruction massive en Corée du Nord. » Et d’ajouter : « Les armes elles-mêmes doivent être sur la table ».

Seulement, pour Pyongyang, l’arsenal nucléaire est l’assurance-vie du régime ainsi que sa seule monnaie d’échange. Ce qui fait que l’issue du sommet de Hanoï était assez prévisible.

Quoi qu’il en soit, les dirigeants nord-coréens n’ont visiblement pas tardé à prendre acte de cet échec diplomatique. En effet, d’après des images satellitaires publiées le 6 mars par le Center for Strategic and International Studies [CSIS] et 38 North, des travaux auraient lancés afin de remettre la base de Sohae en état, alors que, en septembre, Kim Jung-un avait assuré à son homologue sud-coréen, Moon Jae-in, que la fermeture de ce site serait « permanente »…

Cela étant, il n’est pas possible de savoir quand les travaux pour réhabiliter la base de Sohae ont commencé, soit un peu avant ou après le sommet de Hanoï. Mais une chose est certaine, à en croire l’examen des dernières photos satellites par le CSIS et 38 North : ils sont désormais terminés. Ce qui signifie que le démantèlement de ce site n’avait rien d’irreversible…

Cela « démontre que la Corée du Nord peut rapidement, et sans trop hésiter, rendre réversibles toutes les actions prises pour démanteler son programme d’armes de destruction massive », estiment en effet les experts du CSIS. « Il s’agit d’un défi pour l’objectif américain d’une dénucléarisation définitive, irréversible et vérifiable », ajoutent-ils.

Toujours selon le CSIS, « les actions de la Corée du Nord sont un affront à la stratégie diplomatique du président et manifestent le dépit nord-coréen après le refus de Trump de lever les sanctions économiques lors des entretiens de Hanoï. »

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