Otan : Le commandant suprême des forces alliées en Europe appelle à renforcer la défense de l’Ukraine

Élu dans la foulée de l’annexion de la Crimée par la Russie et alors que la guerre du Donbass venait de commencer, le président ukrainien, Petro Porochenko, sera-t-il encore en exercice d’ici quelques semaines, alors qu’il doit remettre son mandat en jeu le 31 mars prochains? Rien n’est moins sûr…

Actuellement, le comédien Volodymyr Zelensky, proche de l’oligarque Igor Kolomoïsky, le propriétaire de la chaîne de télévision 1+1, fait la course en tête dans les sondages. Une place qu’occupait il y a encore peu Ioulia Timochenko, l’ancienne égérie de la Révolution orange [en 2004]. Quant à M. Porochenko, la révélation d’une affaire de contrebande d’équipements militaires en provenance de Russie dans laquelle est impliqué l’un de ses proches, à savoir Oleg Gladkovski, le secrétaire adjoint du Conseil national de sécurité et de défense, n’est évidemment pas faite pour favoriser sa candidature.

Même si M. Porocheko n’est pas directement impliqué, cette affaire ne peut donner que des munitions à ses adversaires. Selon les journalistes d’investigation « Nachi Grochi », M. Gladkovski et son fils auraient organisé, dès 2015, un trafic de pièces détachées et de matériels militaires acquis illégalement en Russie afin de les revendre trois à quatre fois leur prix aux forces armées ukrainiennes.

Certes, même si M. Gladkovski a depuis été limogé et que son fils a lancé une procédure en justice contre les journalistes qui ont révélé ce [nouveau] scandale de corruption, l’image de Petro Porochenko s’en est trouvée dégradée. « Ces gens sont arrivés au pouvoir grâce au sang et ils gagnent de l’argent grâce au sang », a ainsi taclé M. Zelensky, qualifié de « Coluche ukrainien ». Quant à Mme Timochenko, elle a appelé les députés à destituer M. Porochenko pour « haute trahison, l’accusant de « collaboration avec l’ennemi. »

Cela étant, malgré les accords de Minsk 2, la Mission d’observation spéciale de l’OSCE [Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe] déployée en Ukraine fait état de violations quotidiennes du cessez-le-feu dans le Donbass, où les forces ukrainiennes sont aux prises avec des séparatistes pro-russes. Ces derniers bénéficieraient d’ailleurs d’un soutien de Moscou.

En outre, la situation en mer d’Azov, dont l’accès, via le détroit de Kertch, est contrôlé par la Russie n’a pas évolué d’un iota depuis l’arraisonnement, par les gardes-côtes russes [qui relèvent du FSB, ndlr] de trois navires militaires ukrainiens. Ce qui laisse craindre, à l’avenir, une opération militaire russe vers le port de Marioupol.

Dans ce contexte, le général américain Curtis Scaparrotti, commandant suprême des forces alliées en Europe [SACEUR], c’est à dire le chef militaire de l’Otan, a plaidé en faveur d’un renforcement de la défense ukrainienne « face aux activités agressives » de la Russie dans le Donbass et en mer d’Azov.

« Le conflit dans l’est de l’Ukraine reste brûlant, avec plusieurs violations du cessez-le-feu signalées chaque semaine », a ainsi relevé le général Scaparrotti, qui s’est exprimé devant le comité sénatorial des Forces armées, le 4 mars.

L’an passé, les États-Unis ont livré des missiles antichars Javelin aux forces ukrainiennes. Mais pour le SACEUR, « il y a d’autres systèmes, des fusils de précision, des munitions » qui pourraient être fournis à Kiev par Washington. « Il faudra peut-être aussi penser au détroit de Kerch et envisager peut-être aussi la défense navale à l’avenir », a-t-il ajouté.

Justement, en novembre, et alors que les tensions avec la Russie étaient à leur paroxysme, le président Porochenko avait demandé à l’Otan d’envoyer des navires en mer d’Azov afin d’assurer la sécurité de son pays.

Pour rappel, l’Ukraine ne fait pas partie de l’Otan. Cependant, le Parlement ukrainien a récemment adopté un projet de loi visant à inscrire dans la Constitution l’aspiration de Kiev à rejoindre l’Alliance atlantique et l’Union européenne. Ce qui fait que le successeur éventuel de M. Porochenko devra se conformer à cette « orientation stratégique ».

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