Le Pakistan assure avoir refoulé un sous-marin indien de sa zone économique exclusive

Trois semaines après l’attentat qui, commis à Pulwama, dans l’État de Jammu-et-Cachemire, a fait 41 tués parmi des paramilitaires indiens [41 tués], l’Inde et le Pakistan sont toujours à couteaux tirés, New Delhi accusant Islamabad d’abriter, voire de soutenir, le Jaish-e-Mohammad [JeM], le groupe jihadiste ayant revendiqué cet acte terroriste.

La semaine passée, des Mirage 2000H de l’Indian Air Force [IAF] ont visé un camp d’entraînement de cette organisation terroriste situé au Pakistan. Ce qui a donné lieu à des représailles de la part d’Islamabad… et à plusieurs incidents aériens. Au cours de l’un d’eux, un MiG-21 « Bison » indien a été abattu en territoire pakistanais. Capturé, son pilote a finalement été remis à New Delhi, en « signe d’apaisement », non sans avoir préalablement enregistré une vidéo dans laquelle, probablement sous la contrainte, il a critiqué « l’hystérie guerrière » en Inde.

Puis, au lendemain de la libération de ce pilote, présentée comme un « geste de paix » par Islamabad, les unités indiennes et pakistanaises déployées de part et d’autre de la Ligne de contrôle [LoC], qui traverse le cachemire, ont échangé des tirs d’artillerie qui ont fait au moins 7 tués dans les deux camps.

Cela étant, le 5 mars, Islamabad a continué à vouloir montrer leur bonne foi en annonçant l’arrestation de 44 « extrémistes » en lien avec l’attentat de Pulwama, dont Abdul Rauf, qui serait un frère de Masood Azhar, le chef de Jaish-e-Mohammad. Seulement, dans le même temps, la marine pakistanaise a affirmé avoir « repoussé » un sous-marin indien qui approchait de sa zone maritime.

En effet, via un communiqué, la marine pakistanaise a expliqué avoir détecté le sous-marin indien dans sa zone économique exclusive, soit à 200 nautiques des côtes dont elle assure la surveillance et la protection.

Et à l’appui de ses affirmations, la marine pakistanaise a diffusé une vidéo en noir et blanc de mauvaise qualité, sur laquelle elle assure que l’on peut y distinguer un périscope. Et de suggérer que que le sous-marin en question serait l’INS Kalvari, un bâtiment de type Scorpène [de Naval Group, ndlr], mis en service au sein de l’Indian Navy. en décembre 2017.

Selon la date figurant sur cette vidéo, le sous-marin indien aurait été filmé le 4 mars, aux environs de 20H30. « Il aurait pu être facilement engagé et détruit s’il n’y avait pas eu la politique de maintien de la paix voulue par le Pakistan », a affirmé la marine pakistanaise.

« C’est le deuxième incident de ce type depuis novembre 2016, quand la marine pakistanaise avait détecté un sous-marin indien dans les eaux du Pakistan », a-t-elle ajouté.

À New Delhi, on a rejeté ces allégations et dénoncé la « désinformation » du Pakistan. « La marine indienne ignore cette propagande et reste déployée au besoin pour protéger les intérêts maritimes nationaux. Nos déploiements ne sont nullement découragés », a fait valoir un porte-parole. « Pourquoi un sous-marin dans les eaux pakistanaises aurait-il sorti son périscope? », a ironisé une source gouvernementale indienne, citée par l’AFP.

Selon le droit maritime international, la limite des eaux territoriales sont fixées à 12 nautiques des côtes, tandis que celle d’une zone économique exclusive s’étend jusqu’à 200 nautiques. Et, selon l’interprétation de la majorité des pays signataires, la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer indique que les État côtiers ont le droit de réglementer les activités économiques dans leur ZEE mais pas celles des navires militaires amenés à y transiter.

Le texte permet même aux bâtiments de guerre de traverser les eaux territoriales « de manière continue et rapide » [.pdf] à la condition d’avoir un comportement exempt de toute menace [droit de passage inoffensif, ndlr]. Ce qui signifie que les sous-marins doivent faire surface s’ils sont amenés à naviguer à moins de 12 nautiques des côtes d’un pays étranger.

Seulement, comme l’explique Nicolas Péné, doctorant en géographie à l’Université de Reims, dans le Bulletin de l’assocation des géographes français, « depuis 1999, la Pakistan Navy semble se concentrer sur une mission de déni d’accès des eaux de sa ZEE, principalement grâce à ses sous-marins. » Et d’ajouter : « Certes plus faible que l’Indian Navy, cette marine constitue une menace particulièrement surveillée sur les côtes du nord-ouest de l’Inde, au Gujarat, et bénéficie d’un allié de poids, la Chine qui lui vend de l’armement et lui a permis d’accéder à l’arme nucléaire par le passé. »

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