Le Collège du renseignement en Europe est désormais sur les rails

Après le lancement de l’Initiative européenne d’intervention [IEI] qu’il avait appelée de ses voeux lors de son discours de la Sorbonne, en septembre 2017, afin de promouvoir une culture stratégique commune aux pays européens désireux d’y participer, le président Macron, a inauguré, ce 5 mars, à Paris, un « Collège du renseignement en Europe », dans lequel sont représentés 66 des 80 services européens, avec 30 directeurs, 9 coordinateurs nationaux et 13 représentants des institutions européennes.

À la Sorbonne, ayant fait le constat d’une « inflation de menaces » à l’égard de l’Europe, sur fond de remise en cause des alliances passées et même de la « grammaire » des relations internationales; M. Macron avait justifié la création d’une « Académie européenne du renseignement » en expliquant qu’il fallait « renforcer les liens » entre les pays européens dans ce domaine en favorisant les « actions de formation et d’échanges ».

Dix-huit mois plus tard, la situation ne s’est guère améliorée. « Notre continent est attaqué par des puissances qui n’hésitent plus à faire acte d’ingérence dans la vie démocratique de nos nations, à utiliser leurs positions sur le marché européen pour se livrer à une guerre de la donnée. Attaqué par des menaces de plus en plus hybrides, ciblé par des cyberattaques toujours plus violentes visant nos administrations et nos entreprises. Menacé par le terrorisme. Et la chute du califat territorial […] ne signifie clairement pas ni la fin de Daesh, ni la fin de cette menace », a fait valoir M. Macron.

Quoi qu’il en soit, la vocation de ce « collège » est de « sensibiliser les institutions européennes et nationales aux enjeux du renseignement. » À noter que les services britanniques, suisses et norvégiens ont été invités à y participer.

Les « Britanniques sont fondamentaux dans les dispositifs d’échange de renseignement en Europe. Le pays partage nos mêmes préoccupations en matière de contre-terrorisme. » Et leur proximité avec les services américains [le Royaume-Uni fait partie des « Five Eyes », ndlr] n’est pas a priori pas un problème.

Qui plus est, explique l’Élysée, ce « collège ne sera pas un lieu d’échange opérationnel, ni un collège de formation » et il « ne se substituera pas aux structures en place » et « ne sera pas une entité communautaire de l’Union européenne ». Et pour cause : le renseignement est exclusivement une prérogative nationale.

Ce Collège européen du renseignement fait penser au Club de Berne, un forum créé en 1971 afin de faciliter les échanges d’informations, d’expériences et de points de vue entre les différents responsable des services spécialisés du Vieux Continent.

À Paris, il a donc été question du « rôle du renseignement dans la prise de décision », du « continuum entre renseignement intérieur et extérieur » ou encore de la « position du renseignement dans l’Union européenne. » D’autres sessions doivent se tenir par la suite, à raison de quatre par an, dans différentes villes européennes.

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