Selon l’Iran, les monarchies sunnites risquent un « soulèvement de leurs citoyens humiliés » à cause de leurs liens avec les États-Unis

Sur le plan des capacités militaires conventionnelles, l’Iran ne fait pas le poids par rapport à ses adversaires au Moyen-Orient. Certes, le pays a investi pour se doter d’une industrie de l’armement et il ne manque jamais de communiquer sur ses nouveaux équipements, dont certains suscitent parfois un certain scepticisme, comme l’avion « furtif » Qaher 313.

D’où le recours à la guerre « non-conventionnelle » [ou irrégulière, ndlr], comme le soulignent Marjorie Bordes et Olivier Hanne dans leur « Géopolitique du golfe Persique: Menaces réelles et menaces perçues« . Les liens régionaux de l’Iran avec « les minorités chiites, ses fournitures d’armes, de conseils et d’argent au Hamas palestinien, au Hezbollah libanais et à la dictature syrienne de Bachar al-Assad font de l’armée iranienne, et surtout des Pasdarans [Gardiens de la révolution, nldr], une puissante force opérationnelle de déstabilisation et de harcèlement. C’est par l’intimidation et la guerre asymétrique que le pays peut mieux employer ses forces à l’égard de ses voisins et jusqu’en Méditerranée », écrivent-ils.

Et d’ajouter : « La guerre non-conventionnelle [irregular Warfare] avec ses multiples dérivés et donc une nécessité stratégique ».

Les propos tenus le 3 mars par le secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale en Iran, l’amiral Ali Shamkhani, entrent dans le cadre de cette stratégie.

« Trump et même ses vassaux ridiculisent et humilient jour et nuit l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, en disant ‘vous n’êtes rien sans nous et ne tiendriez pas un seul jour sans le soutien des États-Unis' », a d’abord affirmé l’amiral Shamkhani, selon l’agence Irna. Or, a-t-il continué, « si les alliés des États-Unis dans la région poursuivent leur politique de dépendance aux ennemis de l’islam, ils seront confrontés au soulèvement de leurs citoyens humiliés. »

Ce qui peut être pris comme un avertissement lancé aux monarchies sunnites du golfe arabo-persiques, voires à l’Irak. En effet, quand le responsable iranien parle de « citoyens humiliés », on se doute qu’il pense aux minorités chiites établies dans ces pays.

Par exemple, s’agissant de l’Arabie Saoudite, la communauté chiite [20% de la population] est principalement implantée dans la région pétrolière du Hasa. Une déstabilisation de cette dernière aurait donc des conséquences économiques fâcheuse pour Riyad, qui n’hésita pas à exécuter le cheikh Nimr Baqer al-Nimr, qui y était la figure de proue d’un mouvement de contestation chiite.

Quant à Bahreïn, qui abrite le quartier général de la Ve Flotte de l’US Navy, les chiites y sont majoritaires. Et la monarchie sunnite en place accuse régulièrement l’Iran de chercher à la déstabiliser. D’ailleurs, par le passé, Téhéran, qui considère l’île comme sa « 14e province », y aurait tenu un rôle dans la tentative de coup d’État de 1981 et les manifestations anti-américaines de 1987.

Quoi qu’il en soit, les tensions entre l’Iran et ses rivaux du Golfe se sont encore accentuées ces dernières jours, après l’attentat qui a fait 27 tués parmi les Pasdaran dans le Sistan-Balouchistan, le 13 février. Si le groupe jihadiste qui en est à l’origine, le Jaïch al-Adl, est basé au Pakistan, les Gardiens de la révolution ont critiqué les « gouvernements perfides de l’Arabie saoudite et des Emirats arabes unis » en les accusant de soutenir les « complots » fomentés par « les Israéliens et les Américains » contre l’Iran.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]