La Direction générale de l’armement précise son projet de planeur hypersonique

Lors de ses voeux pour l’année 2019, la ministre des Armées, Florence Parly, a annoncé qu’un démonstrateur de planeur hypersonique, appelé V-MAX [pour Véhicule Manoeuvrant Expérimental], effectuerait un premier vol d’ici la fin 2021.

Étant donné que d’autres puissances, comme la Chine, la Russie et les États-Unis, développent de tels engins susceptibles de frapper une cible à très court préavis tout en étant très compliqués à intercepter en raison de leur hypervélocité, la ministre a estimé que la France ne pouvait plus attendre pour en faire de même, d’autant qu’elle dispose de « toutes les compétences » pour cela. Et de souligner que ce V-MAX permettra un « saut technologique pour bon nombre de nombre de nos capacités. »

En clair, il s’agit pour la France de ne pas se laisser distancer dans le domaine des armes hypersoniques, lesquelles pourraient modifier les équilibres stratégiques dans les années à venir étant donné qu’il y aurait une distinction entre les pays qui en sont dotés et les autres. Cela étant, l’hypervélocité sera l’une des caractéristiques de l’ASN4G, c’est à dire le futur missile de croisière à capacité nucléaire qui remplacera l’ASMP-A des Forces aérienne stratégiques [FAS] et de la Force aéronavale nucléaire [FANu].

Depuis l’annonce de Mme Parly, peu de détails ont été donné au sujet de ce V-MAX. Cependant, dans un entretien donné au quotidien Les Échos [édition du 1er mars], Joël Barre, le Délégué général pour l’armement [DGA] a évoqué ce projet en livrant plusieurs informations.

« Actuellement, l’armée française est capable de pénétrer les systèmes de défense ennemis avec des dispositifs conventionnels, mais elle n’a pas de capacité hypersonique », a commencé par rappeler M. Barre. Aussi, a-t-il poursuivi, « nous devons faire preuve d’anticipation et étudier cette technologie. »

Pour cela, la Direction générale de l’armement [DGA] a notifié un contrat à ArianeGroup, qui, a expliqué M. Barre, « s’appuiera sur les recherches de l’ONERA pour réaliser un prototype de planeur hypersonique à l’horizon de 2021. »

« Envoyé par une fusée-sonde, le planeur non propulsé doit ensuite rebondir sur les couches de l’atmosphère à une vitesse supérieure à Mach 5 », a continué le DGA, qui a parlé d’une maturité technologique à l’horizon 2030-2040.

Ce premier démonstrateur servira à évaluer les capacités de cette technologie et à voir comment il sera possible de se l’approprier. « Maîtriser la manoeuvrabilité à très grande vitesse dans des couches de la basse atmosphère exige d’inventer un nouveau système de guidage et de trouver de nouveaux matériaux résistant à la chaleur, ce qui pose d’immenses défis », a dit M. Barre.

Mais cela vaut aussi pour le futur missile ASN4G. En 2016, l’ONERA avait expliqué qu’il lui faudrait faire appel à un « très grand nombre de disciplines », comme l’aérodynamique, la propulsion, l’architecture du vecteur, son contrôle et son pilotage » pour développer un tel engin.

Photo : Vue d’artiste d’un planeur hypersonique (c) RAND

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