Des Mirage 2000H indiens ont visé un camp terroriste au Pakistan

Depuis l’attentat qui, perpétré le 14 février dernier et revendiqué par l’organisation jihadiste Jaish-e-Mohammad [JeM], a fait une quarantaine de tués parmi les paramilitaires indiens à Pulwama, dans l’État de Jammu-et-Cachemire, New Delhi et Islamabad sont à couteaux tirés.

En effet, le gouvernement indien accuse son homologue pakistanais de soutenir les actions du JeM au Cachemire, région qui fait l’objet d’un différend territorial entre ces deux pays. Si cette organisation est interdite depuis 2002 au Pakistan, il n’en demeure pas moins qu’elle y jouit d’une certaine liberté de manoeuvre. D’ailleurs, son chef, Masood Azhar, n’est nullement inquiété. Mieux même : quand il s’était agi de le placer sur la liste noire des terroristes établies par les Nations unies en raison du soutien de Pékin à Islamabad…

Pressentant une action « musclée » de la part de New Delhi, où se préparent les prochaines élections législatives, prévues en mai, l’état-major pakistanais a lancé un avertissement la semaine passée. « Nous ne voulons pas entrer en guerre avec l’Inde mais si l’Inde se livre à la moindre agression, elle ne pourra pas nous surprendre », a-t-il assuré.

Quoi qu’il en soit, dans la nuit du 25 au 26 février, le porte-parole de l’armée pakistanaise, le général Asif Ghafoor, a indiqué, via Twitter, que la force aérienne indienne [IAF, Indian Air Force] avait « violé la Ligne de contrôle » [LoC, qui sépare le Cachemire indien et Pakistanais, ndlr]. « Les avions indiens ont fait leur intrusion du côté du secteur de Muzaffarabad », a-t-il précisé.

« Confrontés à la réponse opportune et efficace de l’armée de l’air pakistanaise, (ils) ont largué en hâte une charge explosive en s’enfuyant qui est tombée près de Balakot. Pas de victimes ni de dégâts », a ensuite ajouté le général Ghafoor, en joignant des photographies d’un impact sur une zone boisée.

Cependant, à New Delhi, où le comité de sécurité du gouvernement s’est réuni avec le Premier ministre, Narendra Modi, la ministre de la Défense, Nirmala Sitharaman, et celle des Affaires étrangères, Sushma Swaraj, on a donné une autre version des événements.

Ainsi, lors d’une conférence de presse, un haut responsable de la diplomatie indienne, Vijay Gokhale, a déclaré que l’IAF avait frappé « le plus grand camp d’entraînement du Jaish-e-Mohammed, à Balakot », en territoire pakistanais.

Deux localités portent le nom de Balakot au Pakistan : l’une située dans la province de Khyber Pakhtunkhwa (KPK), l’autre près de la LoC. A priori, ce serait la seconde qui a été visée par l’Indian Air Force.

« Dans cette opération, un très grand nombre de terroristes, de formateurs, de hauts commandants et de jihadistes entraînés aux attentats suicide de Jaish-e-Mohammed ont été éliminés », a ensuite poursuivi le responsable indien. « Au vu du danger immédiat, une frappe préventive est devenue absolument nécessaire », a-t-il continué, avant de précisé que le camp visé était établi dans une forêt, au sommet d’une colline, à l’écart des populations civiles.

« Le choix de la cible a été aussi conditionné par notre désir d’éviter les victimes civiles », a ainsi assuré M. Gokhale.

D’après la presse indienne, qui s’appuie sur les confidences faites par des sources au sein de l’Indian Air Force, ce raid aérien a mobilisé jusqu’à 12 Mirage 2000H, armés de bombes guidées de 1.000 kg. « Les opérations ont duré 20 minutes », avance l’agence de presse ANI.

Selon cette dernière, des F-16 pakistanais ont décollé en urgence pour intercepter les Mirage 2000H mais ils « ont fait demi-tour en raison de la taille de la formation indienne. » Et, pendant le raid, les « systèmes de défense aérienne ont été activés pour éventuellement faire face à des intrusions pakistanaises le long de la Ligne de contrôle » et les « radars aéroportés surveillaient de près les activités du Pakistan », ajoute-t-elle.

Depuis l’annonce de ce raid contre un camp du Jaish-e-Mohammed au Pakistan, le Mirage 2000H a les honneurs de la presse indienne, laquelle rappelle que l’appareil de Dassault Aviation s’était déjà illustré lors du conflit de Kargil [encore appelé « guerre des glaciers »], qui opposa l’Inde au Pakistan en 1999.

Le 17 juin de cette année-là, la destruction d’un grand dépôts d’approvisionnement de l’armée pakistanaise par des Mirage 2000H du 7e escadron de l’IAF fut considéré comme le tournant de ce conflit, qui fit un millier de tués en trois mois.

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