EI : Un influent sénateur américain estime que les Européens pourraient déployer un millier de soldats en Syrie

« Je ne fais pas machine arrière », a assuré le président Trump, après l’annonce du maintien, « pour un certain temps », de 200 soldats américains [sur 2.000] dans le nord-est de la Syrie.

En réalité, cette décision vise essentiellement à convaincre les partenaires européens de la coalition anti-jihadiste, dirigée par les États-Unis, de prendre le relai des troupes américaines déployées aux côtés des Forces démocratiques syriennes [FDS, alliance arabo-kurde], lesquelles mènent actuellement une offensive contre les dernières positions tenues par Daesh [EI ou Daesh] près de Baghouz, localité située sur la rive orientale de l’Euphrate, dans la province syrienne de Deir ez-Zor.

Le maintien de forces terrestres dans le nord de la Syrie a deux objectifs : empêcher que les milices kurdes syriennes [YPG], qui constituent l’ossature des FDS, soient la cible d’une offensive de la Turquie, laquelle les assimile à des organisations terroristes, et éviter une résurgence de l’EI qui, sans pression anti-terroriste, pourrait mettre entre 6 et 12 mois pour conquérir de nouveaux territoires, selon un rapport de l’inspection générale du Pentagone.

Opposé à un retrait total des forces américaines de Syrie, comme l’avait initialement annoncé le président Trump, le très influent sénateur républicain Lindsey Graham, s’est félicité de la décision de la Maison Blanche, lors d’un passage sur le plateau de Fox News.

« C’est un très bon plan. Ces 200 soldats vont probablement attirer 1.000 Européens », a en effet estimé M. Graham. « Des milliers d’Européens ont été tués par des combattants de l’EI venus de Syrie en Europe », donc « maintenant, la tâche incombe à l’Europe. 80% de l’opération devrait être européenne et peut-être 20% pour nous », a-t-il ensuite expliqué, en exagérant le nombre de victimes européennes causées par les attaques terroristes de ces cinq dernières années.

Lors de la Conférence de Munich sur la sécurité, la semaine passée, le sénateur Graham ainsi que le chef du Pentagone par intérim, Patrick Shanahan, ont défendu l’idée de déployer une « force d’observateurs » dans une zone tampon située dans le nord-est de la Syrie… Mais visiblement sans succès, les Européens ayant rechigné à envoyer des troupes sans soutien américain. Mais l’annonce de la Maison Blanche pourrait faire bouger les lignes.

En tout cas, le chef d’état-major interarmées américain, le général Joseph Dunford, le pense. En effet, il s’est dit « convaincu » que les Européens pourraient contribuer à cette « forces d’observateurs » maintenant qu’il est acquis que les États-Unis maintiendront des effectifs en Syrie. « Les ressources sont ajustées parce que la menace a changé », a-t-il dit devant la presse, selon un compte-rendu de l’AFP.

Évidemment, quand M. Graham parle des « Européens », on suppose qu’il désigne les pays du Vieux Continent qui ont été les plus touchés par des actes de terrorisme planifiés ou inspirés par Daesh. Tel est le cas de la France, du Royaume-Uni, de la Belgique, de l’Espagne, de l’Allemagne et, dans une moindre mesure, de la Suède, de la Finlande et du Danemark. Pour rappel, et officieusement, les forces spéciales françaises et britanniques sont actuellement présentes dans le nord-est de la Syrie.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]