En 2018, la Marine nationale a saisi plus de 100 tonnes de poissons pêchés illégalement dans les eaux françaises

Pour souligner l’importance de lancer dans les meilleurs délais le programme BATSIMAR [Bâtiments de surveillance et d’intervention maritime] afin d’éviter des ruptures temporaires de capacité dans le domaine des patrouilleurs, en particulier dans les départements et territoires d’outre-Mer, les chefs d’état-major de la Marine nationale [CEMM] qui se sont succédé ces dernières années avançait que si l’on ne prenait pas soin de notre Zone économique exclusive [ZEE], elle allait être pillée.

Tel est le cas notamment de l’Amérique latine, comme l’a récemment souligné un rapport publié par le site Dialogos America, édité par le commandement militaire américain pour cette région [US Southern Command – US SOUTHCOM].

« L’appétit insatiable de la Chine pour le poisson fait que ses navires tirent parti des difficultés des pays d’Amérique latine pour protéger leurs eaux territoriales. L’Argentine, le Pérou, la Colombie, l’Équateur, l’Uruguay, le Chili et le Mexique font partie des pays qui subissent directement les effets des navires chinois dans leur ZEE », a affirmé ce rapport.

« [Les navires chinois] sont toujours dans les eaux internationales et pêchent près des frontières maritimes des pays d’Amérique latine. […] Nous avons […] détecté des transbordements dans la zone proche de la frontière péruvienne. Des navires de pêche frigorifiques peuvent se trouver dans les eaux internationales pour transférer leurs captures, leur carburant et leurs fournitures. Bien que le transbordement puisse être légal, dans de nombreux cas, il pourrait également servir à blanchir les profits de la pêche illégale », a affirmé Juan Carlos Sueiro, de l’organisation internationale Oceana, cité par ce rapport.

Aussi, la police des pêches est aussi une des missions essentielles de la Marine nationale, dans la mesure où il s’agit de protéger le gagne-pain des pêcheurs français et de veiller à ce que les différentes espèces de poissons et de coquillages soient préservées. Et la tâche est immense étant donné que la ZEE française s’étend sur 11,2 millions de km2.

En 2018, affirme l’État-major des armées [EMA], « les moyens aériens et maritimes des armées déployés au sein des forces de souveraineté ont consacré à ces opérations près de 500 heures de vol et 1.100 jours de mer, débouchant sur la réalisation de plus de 300 actions de contrôle et la saisie de 106 tonnes de pêche illicite. »

Cette activité liée à la police des pêches a été plus ou moins intense selon les régions [et les moyens disponibles…]. Ainsi, les Forces armées en Guyane [FAG], qui disposent désormais de deux Patrouilleurs Antilles Guyane [PAG] ainsi que d’une embarcation remonte-filets [la Caouanne], ont saisi 40 tonnes de poissons illégalement pêchés. De leur côté, les Forces armées de la Zone Sud Océan Indien [FAZSOI] ont fait mieux, en confisquant 66 tonnes de poissons.

L’activité des Forces armées en Polynésie française a aussi été « très importante », avance l’EMA. Mais elles ont essentiellement relevé des « infractions mineures, comme le défaut de présentation de certificat de navigation et de document administratif, dont l’ampleur n’était pas de nature à justifier la saisie ou le déroutement des navires. » Et d’ajouter : « Aucun navire n’a été constaté en action de pêche dans la ZEE française en 2018. »

Dans cette région, la surveillance s’exerce notamment sur une « analyse des données électroniques centralisées au centre maritime commun de Polynésie française et sur l’emploi de l’imagerie satellite pour un emploi plus ciblé des aéronefs et des bâtiments des forces armées », explique l’EMA. Ainsi, des vols de surveillance effectués de manière inopinée par les Falcon 200 Gardian et la présence régulière (mais « non prédictible ») des bâtiments de la Marine nationale font les pêcheurs étrangers ne cherchent [plus] à naviguer dans la ZEE française.

Les Forces armées en Nouvelle-Calédonie ont pu se « reposer » sur leurs résultats obtenus les années passées. Ainsi, elles ont davantage mené des missions de contrôle des pêches dans le cadre de la coopération régionale de gestion de la pêche, la Commission des pêches pour le Pacifique occidental et central [WCPFC]. Le patrouilleur « La Moqueuse » a ainsi constaté quatre suspicions d’infractions.

Enfin, la police des pêches n’a pas été la priorité des Forces armées aux Antilles, lesquelles ont plutôt concentré leurs actions sur la lutte contre les trafics de drogue. Cependant, elles ont surtout surveillé les zones d’interdiction de pêche contaminées par le chlordécone [un insecticide organochloré toxique, ndlr], ainsi que les pêches saisonnières, très réglementées. Et elles n’ont ainsi relevé qu’une seule infraction. L’arrivée prochaine du PAG « La Combattante » permettra sans doute d’intensifier les missions de police des pêches, ce navire devant épauler le Bâtiment de soutien et d’assistance outre-Mer  » Dumont d’Urville » ainsi que les frégates de surveillance « Ventôse » et « Germinal ».

L’EMA rappelle par ailleurs que la police des pêches suppose plusieurs activités, dont « l’observation des activités de pêches, l’interrogation de navires, la vérification des journaux de bord, l’examen des captures, des installations de stockage ou de traitement, la vérification des engins de pêche, l’appréhension des navires, matériels et produits de la pêche » ainsi que « la rédaction de procès-verbaux d’infraction voire déroutement. »

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