L’ONU enquête sur des actes de torture qu’auraient commis des militaires ou des mercenaires russes en Centrafrique

Depuis qu’elle a obtenu un dérogation pour livrer des armes aux Forces armées centrafricaines, la Russie ne cesse de renforcer son influence en Centrafrique, via notamment la présence « d’instructeurs militaires civils », c’est à dire des employés présumés de Wagner, une société militaire privée [SMP] dans laquelle Evguéni Prigojine, un homme d’affaires proche du Kremlin, aurait des intérêts.

La présence de cette SMP en Centrafrique, notamment dans des régions où été accordées des concessions minière à la société Lobaye Invest, qui appartient àM. Prigojine, a été d’ailleurs été récemment dénoncée par Jean-Yves Le Drian, le ministre français des Affaires érangères.

Mais un rapport des Nations unies va certainement apporter de l’eau au moulin du patron du Quai d’Orsay. Ainsi, selon ce document, dont l’existence a été évoquée par l’AFP, ce 12 février, des militaires ou des mercenaires russes auraient commis des actes de torture sur Mahamat Nour Mamadou, un civil arrêté sur le marché de Bambari car soupçonné d’appartenir à l’un des groupes armées issus de l’ex-coalition rebelle de la Séléka.

Ce civil, qui prétendait être un commerçant, a ensuite été détenu à la base occupée par ces ressortissants russes. Et ces derniers l’y ont torturé pendant cinq jours.

« Ils m’ont emmené à la mairie où les Faca et les Russes étaient installés. Les Russes m’ont questionné, ils m’ont demandé si j’étais un Séléka, si j’avais des armes », a raconté Mahamat Nour Mamadou à l’AFP. « Après […] ils m’ont attaché les mains et m’ont couvert la tête avec un blouson, et ils m’ont boxé. Ensuite ils m’ont attaché pendant la nuit. Ils m’ont torturé de 8h à 17h, ils m’ont frappé avec des chaines, des matraques en fer, ils m’ont fait des entailles dans le pied avec un couteau, et aussi sur les bras et l’épaule », a-t-il continué.

« Ils ont pris un grand couteau et m’ont coupé le doigt, en plusieurs fois, ils m’ont entaillé d’autres doigts aussi, puis ils m’ont étranglé avec une chaine. Ils m’accusaient d’être un Seleka », a encore ajouté Mahamat Nour Mamadou

Les photographies publiées dans le rapport des Nations unies confirment les blessures reçues par ce civil, qui a eu la vie sauve grâce à une intervention des Forces de sécurité intérieure.

D’après l’ONU, qui a indiqué avoir ouvert une enquête sur ce cas de torture, il y aurait au moins 28 ressortissants russes [militaires ou mercenaires] présents à Bambari, dont un seul francophone. S’ils ont des rapports fréquents avec les FACa, ils se tiendraient à l’écart des gendarmes centrafricains et des Casques bleus de la MINUSCA.

Pour rappel, c’est aussi dans la région de Bambari que trois journalistes russes enquêtant sur la SMP Wagner ont été retrouvés assassinés, en juillet 2018. Les circonstances de leur mort n’ont toujours pas été formellement élucidées.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]