Les premiers avions F-35B pourraient être retirés du service beaucoup plus tôt que prévu

Tous les ans, le bureau des tests opérationnels et d’évaluation du Pentagone [DOT&E] publie un rapport sur les différents projets d’armement en cours. Et il n’est pas dans ses habitudes de mettre la poussière sous le tapis, ce qui met la pression sur les industriels

Ainsi, l’an passé, par exemple, le nouveau porte-avions USS Gerald Ford a concentré les critiques du DOT&E, ce dernier pointant la « fiabilité médiocre ou inconnue des catapultes électromagnétiques EMALS [Electromagnetic Aircraft Launch System], des dispositifs d’arrêt, des ascenseurs pour munitions et des radars nouvellement conçus. »

Mais le programme F-35 n’est généralement pas épargné. Ces dernières années, le DOT&E a souligné plusieurs problèmes importants, dont les retards dans le développement des logiciels indispensables au bon fonctionnement de cet avions [ALIS pour Autonomic Logistics information System], des échecs dans la fusion des données collectées par différents capteurs, des soucis au niveau des commandes de vol, la vulnérabilité à la foudre, le risque de cyberattaque, etc…

Et, à chaque fois, l’équipe du Pentagone chargée du programme F-35 et Lockheed-Martin relativisent ses problèmes en assurant travailler dur pour les régler au plus vite. Quoi qu’il en soit, le F-35 a franchi plusieurs étapes importances ces derniers temps, notamment avec ses premières frappes en opération, effectuées par l’US Marine Corps en Afghanistan, l’automne dernier. Mais, il n’empêche que cet appareil connaît encore quelques soucis de maturité, susceptibles d’avoir un impact sur sa disponibilité.

Et c’est justement sur ce point que le rapport 2018 du DOT&E [.pdf], qui vient d’être rendu public, insiste. « Il n’y a pas eu de tendance à l’amélioration de la disponibilité des avions de la flotte », assure-t-il.

Ainsi, l’objectif d’une disponibilité de 80% est loin d’avoir été atteint, ce qui signifie moins d’avions en état de vol pour l’entraînement et donc des lacunes pour la préparation opérationnelle des pilotes.

En cause? Le logiciel ALIS, qui « ne fonctionne pas encore comme prévu », car certaines lacunes dans les données et les fonctions « ont un effet significatif sur la disponibilité des aéronefs. » Et selon le DOT&E, le personnel de maintenance et les pilotes « doivent traiter tous les jours des problèmes omniprésents liés à l’intégrité et à la complétude des données. »

En outre, les vulnérabilités détectées au cours des années précédentes « n’ont toujours pas été corrigées », ce qui pose évidemment un souci à une époque où l’on ne parle que ce cybersécurité…

Et le rapport parle également d’une précision « inacceptable » au sujet des systèmes d’armes utilisés pour les missions d’attaque au sol. Pourtant, une vidéo montrant un F-35 larguer simultanément, et avec succès, cinq bombes [Paveway IV?] a été opportunément diffusée sur les réseaux sociaux, à la mi-janvier [soit avant la sortie officielle du rapport du DOT&E].

Mais le problème le plus préoccupant soulevé par le bureau du Pentagone est sans nul doute celui de la longévité des F-35B [dits STOVL pour décollage court/atterrissage vertical]. Du moins pour les premiers exemplaires livrés à l’US Marine Corps.

Ainsi, assure le DOT&E, d’après des tests de durabilité la durée de vie de ces avions ne serait que de 2.100 heures de vol, au lieu des 8.000 heures prévues. « Les F-35B pourraient commencer à atteindre leur limite de durée de vie en 2026 », en fontion de leur utilisation, est-il indiqué dans le rapport.

La publication du rapport DOT&E est survenu au lendemain d’une déclaration faite par Patrick Shanahan, le chef du Pentagone « par interim » et ancien cadre de Boeing. Ce dernier a ainsi estimé que le F-35 avait encore « beaucoup d’opportunités pour plus de performances », avant de dire vouloir que « les contribuables en aient pour leur argent. »

Le mois dernier, le site Politico a rapporté que M. Shanahan avait vivement critiqué Lockheed-Martin en affirmant que l’industriel « ne savait pas comment gérer un programme », contrairement à son ancien employeur.

Par ailleurs, l’intention du Pentagone de commander 12 avions F-15X auprès de Boeing en 2020 [pour 1,2 milliard de dollars] agite les milieux de la défense outre-Atlantique, étant donné qu’il a été avancé que l’US Air Force n’y serait pas favorable. Cela étant, cette commande ne se ferait pas aux dépens du programme F-35.

« Je ne recule pas d’un pouce sur le F-35A », a en effet récemment affirmé le général David Goldfein, le chef d’état-major de l’US Air Force.

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