La Pologne intéressée par une participation au programme franco-allemand de char du futur

Comme l’Espagne avec le Système de combat aérien futur [SCAF], la Pologne s’intéresse de près à un autre programme d’armement franco-allemand, en l’occurrence celui visant à développer le MGCS [Main Ground Combat System], c’est à dire un char de combat appelé à remplacer les Leclerc et autres Leopard 2.

Ainsi, ce 30 janvier, sur les ondes de Polskie Radio, Pawel Soloch, le le chef du Bureau de sécurité nationale auprès de la présidence polonaise, a évoqué la visite que doit faire le président français, Emmanuel Macron, en Pologne au printemps prochain.

Or, cela fait maintenant plusieurs années que les relations entre Paris et Varsovie sont très fraîches, notamment depuis que l’actuel gouvernement polonais a décidé de revenir sur les décisions de son prédécesseur en annulant un appel d’offres remporté par Airbus Helicopters pour livrer 50 hélicoptères Caracal aux forces armées polonaises. Il s’agissait alors de préparer le terrain pour un appareil américain, en l’occurrence S-70i Black Hawk de Sikorsky [filiale de Lockheed-Martin, ndlr].

« Lors de la venue d’Emmanuel Macron en Pologne, des discussions pourraient avoir lieu sur des questions économiques et la coopération dans le domaine de l’industrie de l’armement », a indiqué M. Soloch. Toutefois, a-t-il ajouté, « il est difficile d’imaginer la construction de la sécurité européenne sans la présence américaine. » Et cela d’autant plus que Varsovie regarde souvent de l’autre-côté de l’Atlantique pour moderniser ses forces armées [avions F-16, hélicoptères, système de défense aérienne Patriot, lance-roquettes HIMARS, etc].

Cependant, a fait observer M. Soloch, la Pologne participe « à la coopération européenne dans le domaine de l’armement dans le cadre des Coopérations structurées permanentes [CSP ou PESCO] et du Fonds européen de défense. »

S’agissant des relations avec Paris, le responsable polonais a admis qu’il y a « des problèmes économiques, y compris pour ce qui concerne la coopération dans le domaine de l’industrie de l’armement ». Cela étant, « nous sommes curieux de savoir quelles possibilités la Pologne pourrait avoir de participer par exemple à la construction du char européen commun, développé pour le moment surtout par l’Allemagne et la France », a-t-il dit.

La visite de M. Macron [dont la date reste à préciser, ndlr] « montre que nous ne sommes pas du tout un pays isolé et qu’il est difficile d’ignorer la Pologne dans les questions clés, importantes pour la sécurité et le développement de notre continent », a encore fait valoir M. Soloch.

Dans un note publiée en juin 2014 [.pdf], la Fondation pour la recherche stratégique [FRS] notait que l’ambitieux programme de modernisation des forces armées polonaises, lancé en 2012 et doté de 30 milliards d’euros sur 10 ans, suivait deux objectifs. Le premier visait à se débarrasser des équipements hérités de la période soviétique afin d’améliorer l’interopérabilité avec les alliés de la Pologne tout en s’offrant un saut capacitaire face à la volonté russe de remettre en cause l’architecture européenne de sécurité.

Quant au second, il consistait à renforcer les capacités de l’industrie polonaise de l’armement en achevant sa consolidation, entamée en 1999, et en développant des compétences via une participation aux programmes d’armements nationaux et internationaux dès leur première phase.

D’où la création, il y a cinq ans, du groupe d’armement Polska Grupa Zbrojeniowa [PGZ], qui réunit un quinzaine d’entreprises contrôlées par l’État et « considérées comme les plus performantes’, souligne la FRS.

Dans ces conditions, on comprend mieux l’intérêt de Varsovie pour le programme franco-allemand de char de combat du futur, alors que son arme blindée cavalerie repose essentiellement sur des Leopard 2, complétés par des PT-91 Twardy et des T-72.

Cela étant, l’industrie polonaise a sans doute quelques arguments à faire valoir. Ainsi, en 2013, Obrum présenta un concept de char « furtif », appelé WWB Guépard [ex-PL-01] et développé en coopération avec le britannique BAE Systems, qui devait fournir sa technologie ADAPTIV, laquelle permet de réduire la signature infrarouge des véhicules blindés.

Un temps incertain, ce projet a semble-t-il été relancé à encore le site polonais d’informations militaires Defense24. « Les Guépard devraient pour équiper les brigades mécanisées, remplaçant principalement les chars T-72. Il est supposé qu’ils coopéreront, entre autres avec les chars Leopard 2 modernisées », précise-t-il.

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