Un accord entre les États-Unis et le mouvement taleb afghan se dessine

Cette année, cela fera 18 ans, en octobre prochain, que l’Afghanistan vit au rythme des attentats et autres attaques menées par le mouvement taleb afghan, chassé de Kaboul à la faveur d’une intervention militaire américaine, décidée au lendemain des événements du 11 septembre 2001. À moins que, d’ici-là, un accord de paix ait été trouvé…

En effet, une délégation américaine a rencontré, durant 6 jours, au Qatar, des représentants taliban emmenés par le mollah Abdul Ghani Baradar, un ancien lieutenant du mollah Omar, arrêté en 2010 au Pakistan avant d’être libéré en octobre dernier. Et, visiblement, les discussions ont avancé si l’on en croit les déclarations faites le 26 janvier par les deux parties.

Ainsi, le réprésentant spécial américain pour l’Afghanistan, Zalmay Khalilzad, a parlé de réunions de « plus productives que par le passé » et de « progrès significatifs sur des questions centrales ».

De leur coté, les taliban ont publié une déclaration dans laquelle ils ont précisé que les négocations « tournaient autour du retrait des troupes étrangères d’Afghanistan ». Une condition sine qua non pour qu’ils acceptent de discuter avec les autorités de Kaboul. Mais l’un de leurs cadres, sollicité par l’AFP, a lui aussi assuré que les deux parties étaient « tombés d’accord sur des points majeurs. » Et d’ajouter : « Nous avançons et nous avons déjà fait beaucoup de progrès. »

À noter que pendant se tenaient ces discussions à Doha, les taliban ont revendiqué un attentat particulièrement meurtrier commis contre l’un des principaux centres d’entraînement des services de renseignement afghans [National Directorate of Security, NDS], dans la province du Wardak [entre 65 et 100 tués selon les sources, ndlr].

Cela étant, dans un entretien donné au New York Times, ce 28 janvier, M. Khalilzad a assuré que les Taliban « se sont engagés, à notre grande satisfaction, de faire le nécessaire pour empêcher que l’Afghanistan devienne une plate-forme pour des groupes terroristes internationaux ou pour des terroristes agissant seuls. »

Or, pour rappel, s’il est un adversaire déclaré de la branche afghano-pakistanaise de l’État islamique [EI-K], le mouvement taleb afghan entretient de bonnes relations avec al-Qaïda, dont le numéro un, Ayman al-Zawahiri, a fait allégeance à son chef, le mollah Haibatullah Akhundzada.

Les États-Unis, qui envisagent de réduire de moitié leur engagemnt militaire en Afghanistan, seraient prêts à retirer leurs troupes en échange d’un cessez-le-feu et d’un engagement des taliban à discuter directement avec le gouvernement afghan. Or, pour le mouvement taleb, il ne pourrait y avoir de discussions avec Kaboul tant qu’une date précise d’un retrait américain n’aura pas été convenue.

Aussi, l’émissaire américain se veut prudent. « Nous avons un projet d’accord-cadre qui doit être étoffé avant de devenir un accord », a-t-il dit au New York Times.

En outre, le gouvernement afghan ayant été tenu à l’écart des discussions, il n’est pas acquis qu’il soit favorable enclin à entériner ce projet d’accord-cadre évoqué par M. Khalilzad. « Il y a une discussion, mais cette discussion doit être partagée », a ainsi fait valoir, la semaine passée, Ashraf Ghani, le président afghan, lors du Forum de Davos.

« J’appelle les talibans […] à montrer leur volonté afghane, à accepter l’exigence de paix des Afghans et à entamer des pourparlers sérieux avec le gouvernement afghan », affirmé M. Ghani, ce 28 janvier, lors d’un discours télévisé. « Nous voulons la paix, nous la voulons vite, mais nous la voulons avec un plan », a-t-il continué. « N’oublions pas que les victimes de cette guerre sont des Afghans et que le processus de paix doit aussi être mené par les Afghans », a-t-il insisté.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]